Les membres luttent contre la montée de la haine dans les communautés et sur les lieux de travail dans le cadre de la conférence de la Fierté.

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A group of people pose in a room that has wooden features in the architecture.
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Les membres d’Unifor ont cherché des solutions pour contrer la hausse brutale et déstabilisante des attaques contre les artistes drag et la communauté 2SLGBTQIA+, tout en établissant des liens, lors de la Conférence nationale sur la Fierté, qui se déroulait du 28 au 30 avril à Port Elgin, en Ontario.

Cyril Cinder an Ottawa-based drag king holding up a childrens story book

La Conférence de la Fierté célébrait la diversité du syndicat et réaffirmait l’engagement collectif à lutter pour les droits des 2SLGBTQIA+ dans les milieux de travail et ailleurs. Les déléguées et délégués ont pris part à des ateliers d’information, ont partagé leurs expériences vécues et se sont montrés solidaires des artistes drag qui subissent de plus en plus d’attaques en organisant une heure du conte avec un Drag King et un Drag Show.

« Les attaques contre les drags sont une pseudo-procuration des attaques contre les transgenres », a déclaré devant la foule Cyril Cinder, un Drag King d’Ottawa.

Vendredi soir, alors que les photos de l’événement étaient diffusées en ligne sur Instagram, de nombreux commentaires homophobes et transphobes sont apparus sur la page Instagram d’Unifor, véhiculant de l’information haineuse et trompeuse.

Les commentaires reflétaient exactement les expériences que Cinder avait racontées avec vulnérabilité aux déléguées et délégués : des mensonges sur les artistes drag diffusant des contenus sexuels aux jeunes, agissant comme des prédateurs, et d’autres exemples de désinformation de la part de ceux qui récoltent des millions de dollars sur la base de leurs attaques contre les personnes queer et transgenres.

Attendees sitting in a room, listen to a person speaking.

« Nous lisons les mêmes nouvelles et entendons parler des mêmes luttes et discriminations dans les milieux de travail. Beaucoup de vos milieux de travail et de vos communautés ne sont pas sûrs, a déclaré la présidente nationale d'Unifor, Lana Payne, aux déléguées et délégués. Si notre syndicat entend créer des environnements plus sécuritaires, c’est par cette conférence qu’il faut commencer.»

Selon Mme Payne, il faut aider les députées et députés à faire appliquer les lois et les politiques antidiscriminatoires que les communautés se sont déjà efforcées de mettre en place.

« Nous sommes un syndicat pour tous et avec tous, a-t-elle ajouté. Cela doit signifier quelque chose lorsqu’il s’agit d’équité en matière d’emploi, de sécurité en milieu de travail et d’environnements syndicaux sûrs. Où que nous regardions, la transphobie et l’homophobie se manifestent et notre réponse doit être de les neutraliser pour que l’amour l’emporte. »

Cinder, dont le père a été président d’une section locale des Travailleurs canadiens de l’automobile (TCA) et d’Unifor au Fairmont Château Laurier, a expliqué lors de la conférence que les attaques contre les drags sont parfois fondées sur une certaine confusion quant à ce qui se passe réellement à l’heure du conte drag.

Il nous a présenté des stratégies de contre-protestation, telles que la création de barrières visuelles et sonores comme, par exemple, l’utilisation de musique Disney protégée par des droits d’auteur, afin que les vidéos des manifestants soient rapidement retirées de plateformes comme YouTube. Il a également suggéré d’utiliser des pancartes pourcréer un mur entre les manifestants et l’entrée du bâtiment, de sorte que les enfants et les familles ne puissent pas voir la foule en colère.

« Il y a à peine quelques décennies, ce type de spectacle était illégal. Et nombreux sont celles et ceux qui, au Canada, souhaitent que cette pratique le soit encore, a-t-il ajouté. Mais nous sommes là, que vous vouliez nous voir ou non. Pourquoi voulez-vous aller dans les écoles et lire des livres en drag? C’est une simple question d’alphabétisation et de lutte contre l’intimidation. »

Le débat du samedi avait pour thème « Gagnons le combat ».

Fae Johnstone, who has long brown hair, a septum piercing and is wearing black nail polish, laughs while standing at a podium with Unifor rainbow flags in the background.

Fae Johnstone, directrice exécutive de Wisdom2Action et militante transgenre, a expliqué à ses collègues Paul Taylor, stagiaire des TCA il y a 20 ans et aujourd’hui co-chef de la direction de Evenings & Weekends Consulting, Jessica McCormick, présidente de la Fédération du travail de Terre-Neuve-et-Labrador, et Ky Rees, membre de la section locale 2002 d’Unifor et président du comité 2SLGBTQIA+ du Conseil régional de l’Atlantique d’Unifor, qu’aborder la lutte pour la justice sociale et l’égalité sous un seul angle n’est peut-être pas la meilleure façon de se mobiliser.

Paul Taylor

Paul Taylor est retourné au Centre familial d’éducation pour partager les enseignements de sa mère et de sa grand-mère, qui, avec le peu de ressources dont elles disposaient, créaient de quoi nourrir leur voisinage.

« Ce qu’elles faisaient, c’était tout simplement de l’entraide mutuelle, bien avant qu’on ne l'appelle ainsi, a-t-il expliqué. C’est ce que la communauté représente et c’est de là que devraient provenir les idées en matière de politique. C’est travailler ensemble pour que nous puissions tous être heureux, se reposer, vivre dans la dignité, bien manger et nous amuser. »

Selon Mme McCormick, il est important de prendre conscience de son propre pouvoir et de celui des gouvernements et des campagnes.

Plus tard dans la journée de samedi, Fae Johnstone, une femme trans, a également pris la parole pour faire la lumière sur la réponse de la communauté 2SLGBTQIA+ au rapport de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées .

En mars dernier, elle et cinq autres femmes ont pris part à la campagne de Hershey’s Canada à l’occasion de la Journée internationale de la femme,  « HER for SHE », avec des barres chocolatées présentant les visages de cinq femmes qui s’efforcent de construire un avenir meilleur grâce à leur passion, leur militantisme et leur travail au sein de leur communauté.

“« En l’espace de 24 heures, Tucker Carlson, Matt Walsh, Ben Shapiro et Ben Knowles, tous des personnalités médiatiques conservatrices, se sont attaqués à moi et à Hershey, a-t-elle déclaré. Rebel News et d'autres plateformes canadiennes continuent de recueillir des fonds en s’appuyant sur cette transphobie. »

Face à cette polémique, le mouvement « #BoycottHersheys » s'est répandu dans le monde entier, a rappelé Mme Johnstone. Des agents de sécurité ont été chargés par Hershey's d’accompagner Mme Johnstone pendant plusieurs jours.

“« Dès que vous avez une cible dans le dos, elle est là pour rester, a-t-elle ajouté. Nous vivons encore dans un monde où je suis victime de harcèlement dans toutes les rues du centre-ville. Les gens ne vous détestent pas tous les jours, mais tous les jours, vous savez que la possibilité existe. »

La société méprise les femmes transgenres, selon Mme Johnstone. Au cours de la dernière décennie, jamais son inquiétude n’a été aussi vive qu’aujourd’hui quant à la situation de la communauté transgenre dans cinq ans.

« Les hétérosexuels voient l’égalité dans le mariage et pensent que nous nous en sortons bien, mais quand je regarde ma communauté, cela ne va pas du tout », dit-elle.

« L’inclusion dans nos écoles est mise à mal. Où sont nos ministres de l’éducation? Les gouvernements ne voient pas les microagressions dans nos milieux de travail. »

Elle précise que le gouvernement et les syndicats ont leur rôle à jouer dans la lutte contre l’homophobie et la transphobie.

« Si ce gouvernement soutenait les organisations queer et trans et s’attaquait à l’homophobie et à la transphobie, il y aurait moins d’enfants homosexuels renvoyés de l’école, affirme-t-elle. Si nous avions des syndicats qui faisaient pression pour que les soins de santé soient adaptés au genre dans chaque province, alors les choses se réaliseraient plus rapidement qu’en ce moment. Ne laissez pas les personnes transgenres seules. »

Kaleb Robertson, who has blonde hair and is wearing a white t-shirt, speaks, while a person behind them looks. In the background is a projection screen with Kaleb’s photo.

Les personnes présentes à la conférence ont également participé à un atelier sur la diversité des genres animé par les consultants Kaleb Robertson et Kain Nathaniel.

M. Robertson, un Drag King qui se fait appeler « Fluffy Soufflé », a déclaré que le but de cet exercice n’était pas de changer qui que ce soit, mais de montrer que les enfants transgenres et non binaires existent.

« Nous espérons qu’ils deviendront des adultes transgenres et qu’ils réussiront à survivre, a-t-il déclaré. Je suis qui je suis grâce à ces expériences de vie. »

En tant qu’animateur du The Fabulous Show avec Fay, Fluffy Robertson a été sélectionné pour plusieurs Prix Écrans canadiens, remportant en avril le Choix des enfants du Fonds Shaw-Rocket pour son travail en tant qu’artiste drag.

« C’était la première fois que j’avais le sentiment d’être apprécié pour ce que je suis. C’était la première fois que des gens me rendaient hommage », a déclaré M. Robertson.

Dans le même ordre d’idées, Kain Nathaniel a expliqué que, pendant vingt ans de leur vie, il n’existait aucune communauté.

« Trans signifie simplement : Que vous aviez déterminé, à ma naissance, que j’étais tel ou tel genre, mais une fois adulte, j’ai déclaré que vous vous étiez trompés," a-t-il précisé.

« Il s’agit simplement de représentation - et de donner aux gens l’occasion de raconter leur histoire. Nous ne voulons pas nous baser sur les traumatismes. Ma vie a été marquée par tant de joie et de transphobie. »

Ensemble, les déléguées et délégués ont formulé des recommandationspour que le syndicat améliore les conditions de travail des membres queers et trans, notamment par la suppression des termes sexistes dans les conventions collectives, l’élimination des uniformes de travail sexistes et l’accès à des toilettes non genrées, ainsi que des appels à l’action pour obtenir des changements politiques et sociaux. 

Après trois jours de discussions éclairées, les participantes et participants sont repartis en ayant développé à la fois des stratégies et des liens personnels forts. Ils sont retournés dans leurs localités et communautés pour continuer à mener la lutte pour l’égalité des droits.

Lana Payne with three pride conference delegates