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Des travailleuses et travailleurs spécialisés de tout le Canada se sont réunis lors de la Conférence d’Unifor sur la négociation collective et les nouvelles technologies pour les métiers spécialisés afin de discuter de problèmes communs et de développer des stratégies pour améliorer et faire évoluer les métiers.
« À mesure que nous progressons, il est impératif que nous maintenions le travail des métiers spécialisés tel que nous le connaissons », a déclaré Dave Cassidy, président du Conseil des métiers spécialisés du syndicat national Unifor. « Il est absolument essentiel pour nous de fixer les normes et de veiller à ce que les groupes de métiers ne soient pas érodés ou amalgamés, car c’est à ce moment-là que la santé et la sécurité se dégradent. »
Plus de 200 délégués des métiers spécialisés ont participé à la conférence triennale, qui avait lieu à Toronto du 7 au 9 février 2023.
« Il est primordial que nos membres des métiers spécialisés se réunissent pour discuter des défis auxquels ils sont confrontés et de l’impact des nouvelles technologies sur leurs lieux de travail afin de pouvoir se préparer et répondre à ces préoccupations lors des négociations collectives », a déclaré John Breslin, directeur des métiers spécialisés d’Unifor.
La conférence a débuté par une allocution de la présidente nationale d’Unifor, Lana Payne, qui a fait état des récentes réalisations du syndicat, notamment la certification de métiers obligatoires supplémentaires en Colombie-Britannique, le programme Pathways to Shipbuilding qui permet d’offrir des emplois aux communautés sous-représentées au chantier naval Irving en Nouvelle-Écosse et le parrainage par Unifor d’un projet pour les femmes dans les métiers spécialisés avec le Collège Sheridan.
« Si nous voulons nous assurer que les métiers spécialisés ne soient pas menacés par pénurie de main-d’œuvre, il est nécessaire de veiller à ce que les métiers spécialisés soient accessibles à tous », a indiqué Mme Payne aux délégués de la conférence. « En d'autres mots, il faut que tous les gens s'y voient. Et ne vous méprenez pas, la pression pour dissoudre les métiers augmentera à mesure que les pénuries s’intensifieront. »
Flavio Volpe, président de l’Association des fabricants de pièces d’automobile, a évoqué devant les délégués son souhait qu’il y ait un fabricant d’automobiles appartenant à des intérêts canadiens alors que l’industrie se tourne vers les véhicules électriques.
« Nous disposons incontestablement des gens, de la technologie et des rêveurs nécessaires pour la concrétisation de ce projet au Canada », a déclaré M. Volpe.
La nécessité de soutenir la transition aux véhicules électriques a été développée par le président de Mobilité électrique Canada, Daniel Breton, qui a souligné les avantages en termes de création d'emplois, de croissance économique et d'environnement.
Un des points forts de la première journée a été le débat d’experts sur l'avenir des métiers spécialisés, avec le président du Conseil des métiers spécialisés du syndicat national Unifor, Dave Cassidy, rejoint par le modérateur d’Intersol, Frank Van Gool, la PDG de Métiers spécialisés Ontario, Melissa Young, et le doyen de la faculté des sciences appliquées et de la technologie du Collège Sheridan, Lindsay Engel.
Cette dernière a qualifié la pénurie systémique de travailleuses et travailleurs des métiers spécialisés de « problème pernicieux », où l’on se contente surtout de pointer du doigt plutôt que de prendre des mesures pour changer les choses. Elle a expliqué aux délégués que la situation de pénurie est amplifiée par une baisse des inscriptions aux programmes postsecondaires de métiers spécialisés.
« La question de l’emploi dans les métiers spécialisés est très problématique. Les industries ne cessent de m'appeler pour savoir pourquoi nous n'avons pas plus d'étudiantes et d'étudiants. Je leur demande s’ils prennent des apprentis », explique-t-elle. « Nous continuons à nous battre en termes de diversité et de représentation dans les métiers spécialisés. Dans la construction industrielle, les femmes sont presque inexistantes. Qui plus est, près de 50 % des femmes diplômées des métiers spécialisés se voient licenciées dans les quatre années qui suivent, de sorte qu’elles sont moins nombreuses à obtenir un diplôme et plus nombreuses à être licenciées. »
« Contrairement à ce que l’on croit, il ne s’agit pas simplement de faire entrer des élèves dans les salles de classe, mais aussi de leur offrir de bons emplois au bout du compte », a ajouté Dave Cassidy.
Sur une note optimiste, Mme Young a fait remarquer un changement d’attitude de la part des jeunes intéressés par les métiers spécialisés, affirmant aux délégués que « les métiers spécialisés ont fait des progrès considérables. Les gens apprécient de pouvoir exercer un métier spécialisé et le public apprécie également les gens de métier. »
La pénurie de travailleuses et de travailleurs dans les métiers spécialisés et les difficultés liées à la certification ont été explorées par les conférenciers invités Emily Arrowsmith, gestionnaire de projet du Forum canadien sur l’apprentissage, et Rod Bianchini, chef de la stratégie et de l’application de la conformité de l’Industry Training Authority de SkilledTradesBC.
« Pour suivre le rythme des exigences de certification à long terme, on estime que 256 000 apprentis devront être recrutés au cours des cinq prochaines années », a précisé Mme Arrowsmith aux délégués.
Dans sa présentation, Rod Bianchini a souligné les principaux défis de la main-d’œuvre en citant « les pénuries de main-d’œuvre sont partout, le racisme et la discrimination persistent, les barrières créées par les normes professionnelles et les conditions préalables, les employeurs n’investissent pas dans le perfectionnement des compétences et le manque de sensibilisation aux possibilités de travail ».
Le deuxième jour, les délégués ont discuté des ramifications des changements technologiques dans leurs lieux de travail suite à la présentation de Kaylie Tiessen, représentante nationale d'Unifor pour la recherche intitulée « L’avenir du travail nous appartient : Faire face aux risques et saisir les possibilités des changements technologiques »t.
Membred'Unifor et député néo-démocrate de Niagara Falls, Fort Erie et Niagara-on-the-Lake Wayne Gates a parlé de son expérience en tant qu'ancien président de section locale d'Unifor lors de son allocution aux délégués.
« J’ai toujours su dans mon cœur que, pour jouir d’une bonne qualité de vie, il me fallait appartenir à un syndicat, a-t-il déclaré. « C’est un honneur pour moi d’être ici en tant que fier membre de ce syndicat. »
Il a ensuite demandé aux délégués de travailler pour faire élire un plus grand nombre de syndicalistes dans les conseils d’administration des gouvernements et des industries et dans les législatures provinciales et fédérales.
Le secrétaire-trésorier national d’Unifor, Len Poirier, a également souligné que des améliorations législatives étaient nécessaires. « La nécessité de développer et de travailler avec le Conseil des métiers spécialisés est essentielle si nous voulons pouvoir faire pression sur les différents paliers de gouvernement pour que des changements positifs soient apportés. »
Il a annoncé qu’Unifor National, en partenariat avec le Collège Sheridan et trois autres établissements d'enseignement collégial, soutient le Service national des métiers spécialisés d’Unifor dans sa demande de 3 millions de dollars auprès du gouvernement fédéral, afin de mettre en place un programme qui explore en profondeur les raisons pour lesquelles les femmes ne restent pas dans les métiers spécialisés, en aidant à changer la culture.
« Ce programme attirera différentes femmes vers des carrières dans les métiers spécialisés, notamment les femmes noires, autochtones et de couleur, les femmes et les personnes non-conformes au genre de la communauté 2ELGBTQIA+ et les femmes souffrant d’un handicap », a déclaré M. Poirier.
« Nous encourageons le Conseil des métiers spécialisés et chaque entité élue de notre syndicat à jouer un rôle actif pour construire le syndicat pour la prochaine génération. Cela signifie que nous tous ici présents devons déployer des efforts réfléchis pour nous assurer que notre syndicat est plus fort et que les perspectives économiques sont meilleures pour la prochaine génération. »
La conférence s’est conclue par une présentation spontanée et inspirante de Kendra Fisher, gardienne de but d’Équipe Canada et défenseure de la santé mentale, qui a partagé son parcours personnel vers le rétablissement.
« Il ne faut parfois qu'une seule personne. Vous n’avez pas à posséder les réponses, vous n’avez pas à savoir comment me soigner ou quoi me dire. Il vous suffit d’être là pour aider les gens à trouver un lendemain. Être présent les uns pour les autres, votre temps, votre présence sont bien plus précieux que toute information que vous pourriez ne pas avoir », a-t-elle affirmé aux membres des métiers spécialisés.
« Aujourd’hui, après la Covid, une personne sur deux dit avoir des problèmes de santé mentale. Il faut en discuter. Tout le monde a des difficultés, mais je vois ici des signes d’espoir parce que vous avez ici une organisation dont la mission est de veiller à ce que les gens soient soutenus dans ce qu’ils font. »
au cours de la conférence de trois jours, 19 résolutionsont été adoptées sur des enjeux importants, notamment la prise en charge du travail, le mentorat et la formation, les ratios d’embauche des apprentis, l’harmonisation de l’apprentissage et un programme d’apprentissage pancanadien.
Les résolutions seront maintenant utilisées pour établir des normes communes dans les négociations pour les membres des métiers spécialisés d’Unifor à travers le pays.
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Pour regarder la vidéo sur le travail du Conseil des métiers spécialisés et du Service des métiers spécialisés d'Unifor, cliquez ici.