L’automatisation des écluses de la voie maritime soulève des préoccupations en matière de sécurité publique

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Par Sheri Laekeman

La Voie maritime du Saint-Laurent est une porte d’accès vitale au reste du monde pour une grande partie de l’économie canadienne.

L’année dernière, plus de 37 millions de tonnes de fret et 10 000 embarcations de plaisance ont transité par les écluses du canal Welland et du fleuve Saint-Laurent. Il est donc évident que la Voie maritime est importante pour société canadienne.

La Voie maritime, sous sa forme moderne, n’existe que depuis 1959 (et a été modernisée plusieurs fois depuis), mais elle est empruntée depuis plus de 200 ans afin d’accéder aux marchés étrangers et de leur apporter tout ce que le Canada a à offrir.

La plupart des travaux de modernisation exécutés au fil des ans ont permis à la Voie maritime d’être plus efficace et d’accueillir des navires toujours plus gros et perfectionnés sur le plan technologique pour s’assurer qu’elle demeure un maillon vital entre une grande partie de l’économie canadienne et le reste de la planète.

Les plus récents travaux de modernisation soulèvent toutefois des préoccupations.

Ils visent à automatiser les 15 écluses de la Voie maritime en installant de l’équipement d’amarrage mains libres. Des générateurs de vide commandés à distance remplaceront les cordes et les câbles traditionnels pour amarrer les bateaux entrant dans les écluses.

Unifor n’est pas convaincu que ces travaux, approuvés par le gouvernement fédéral en avril, servent les intérêts supérieurs des collectivités avoisinantes ou encore de l’industrie du transport.

Des travaux de modernisation sont déjà en cours à l’écluse 3 du canal Welland et devraient être achevés d’ici la fin de la saison de navigation. Toutes les écluses de la Voie maritime devraient être rénovées d’ici 2018.

Comme aucun employé ne surveillera les écluses, les risques de défaillance mécanique et de catastrophe environnementale seront plus grands.

Les travailleurs postés aux écluses ne font pas qu’amarrer les bâtiments au moyen de cordes et de câbles. Ils exercent une surveillance étroite afin de prévenir des accidents et ils sont prêts et aptes à intervenir rapidement, au besoin.

Il n’est pas rare que les moteurs d’un navire calent aux basses vitesses habituellement requises pour entrer dans une écluse. Il s’agit de navires imposants qui pèsent à eux seuls plusieurs tonnes et qui transportent aussi des milliers de tonnes de fret. Lorsque leurs moteurs calent, leur élan continue de les faire avancer.

Après tout, ils ne sont pas munis de freins.

Toutefois, à l’heure actuelle, des professionnels qualifiés sont sur place pour arrimer les navires dont les moteurs calent au moyen de câbles et de cordes.

Laissés à eux-mêmes, ces navires risquent d’endommager gravement les écluses, ce qui pourrait entraver le trafic et causer des préjudices économiques importants aux collectivités canadiennes qui misent sur l’accès aux marchés qu’offre la Voie maritime.

Pire, un accident pourrait entraîner le déversement du contenu de ces navires et accroître le risque de dommages environnementaux considérables aux collectivités avoisinantes et aux cours d’eau en aval.

Les générateurs à vide commandés à distance ne peuvent pas se substituer à des travailleurs qualifiés qui savent ce qu’il faut faire lorsque les moteurs d’un navire calent et qui possèdent les compétences et l’équipement nécessaires pour maîtriser la situation.

L’automatisation a des bons côtés. Elle peut rendre la Voie maritime plus sécuritaire et plus efficace. Néanmoins, l’efficacité ne devrait jamais passer avant la sécurité. Ce n’est pas bon pour l’industrie du transport ni l’économie canadienne, qui ne pourraient pas prospérer si des accidents survenaient sur la Voie maritime.

Ce n’est pas non plus bon pour les populations installées le long de la Voie maritime, qui perdront des emplois de qualité et qui n’auront plus l’assurance que le transit de marchandises parfois dangereuses par les écluses ne se déroulera pas sans incident.

Voilà pourquoi Unifor demande de maintenir un niveau de dotation minimal à chaque écluse après le passage au système d’amarrage mains libres. La sécurité de la Voie maritime et des collectivités qui la bordent passe par la présence de personnel compétent et à l’affût à chaque écluse.

Sheri Laekeman est présidente de la section locale 4212 d’Unifor, représentant le personnel qui travaille le long du canal Welland.