L’administration Trump a déjà imposé des tarifs douaniers au Canada. S’il y a une chose que nous avons apprise, c’est bien celle-ci

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Canadian and USA flags as two puzzle pieces
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Publié à l’origine dans le Toronto Star le 2 décembre 2024

Par Lana Payne, collaboratrice

Lana Payne est présidente nationale d’Unifor.

Le président élu des États-Unis, Donald Trump, a menacé le Canada de lui imposer des tarifs douaniers de 25 % sur tous les produits exportés aux États-Unis, l’une des premières mesures qu’il adoptera lorsqu’il prendra le pouvoir en janvier.

Cette mesure crée immédiatement une confrontation dont les enjeux sont forts élevés et qui ravagera les emplois au pays, les industries de la fabrication et des ressources qui dépendent du commerce, ainsi que le bien-être économique de la main-d’œuvre. 

Le Canada a déjà dû composer avec l’imposition de tarifs douaniers agressifs par le gouvernement Trump sur l’acier, l’aluminium et le bois d’œuvre, et des menaces connexes sur le secteur de l’automobile. L’approche n’est peut-être pas nouvelle, mais cette fois-ci, la menace d’imposer des tarifs douaniers sur tous les produits est plus grande qu’elle ne l’a jamais été, ce qui signifie que les enjeux pour les travailleuses et travailleurs canadiens et l’économie du pays sont également bien plus considérables.

Il est temps de reconnaître la menace bien réelle que représente l’administration d’extrême droite de Donald Trump.

Quelle que soit la raison invoquée, la véritable raison de cette plus récente menace tarifaire concerne l’emploi, nos emplois, les emplois canadiens, des emplois qu’il a l’intention de voler en détournant les investissements du Canada.

Son intention de combiner des tarifs douaniers importants et des réductions d’impôts augmentera effectivement le coût des produits au Canada. Même la menace de tarifs douaniers peut alarmer les entreprises et les inciter à investir aux États-Unis plutôt qu’au Canada. Cette situation a déjà créé une grande instabilité qui pourrait engendrer la perte d’investissements et des emplois qui en découlent.

Si l’imposition est maintenue, ces tarifs douaniers entraîneront immédiatement une hausse des prix, nuisant démesurément aux familles des travailleuses et travailleurs américains et canadiens.

Le premier mandat de Donald Trump a été marqué par quatre années de chaos économique et des attaques contre les droits des femmes, les droits de la personne et les droits des travailleuses et travailleurs.

Aujourd’hui, le pouvoir de Donald Trump est encore plus grand.

La plupart des produits que nous fabriquons au Canada sont vendus aux États-Unis. En fait, un tiers de notre activité économique provient des exportations vers nos voisins du Sud.

Tout ce qui se passe aux États-Unis a des conséquences pour notre pays. Nos économies sont interdépendantes.

Cette interconnectivité peut être une source de grande force économique, de coopération et d’intérêt mutuel. Elle peut également s’avérer une faiblesse catastrophique, conséquence d’un libre-échange inconditionnel associé à un leadership autoritaire.

Comme nous le savons, il est impossible d’éveiller la sensibilité de Donald Trump. Certains lobbyistes du monde des affaires au Canada sont allés jusqu’à suggérer d’affaiblir les droits des travailleuses et travailleurs et de sabrer dans des politiques économiques clés comme la gestion de l’offre et la taxe sur les services numériques en guise de sacrifices pour mettre un terme à la menace tarifaire. La capitulation n’est pas une solution. 

Aujourd’hui, le Canada a besoin d’un leadership responsable de la part de ses représentantes et représentants élus, du milieu des affaires et du mouvement syndical.

Les jeux politiques qui ont fait dérailler notre Parlement fédéral doivent cesser. Des millions de travailleuses et travailleurs au pays tremblent devant cette importante menace. La population canadienne exige mieux de la classe politique.

Nous avons besoin de stratégies industrielles canadiennes qui contribuent à la croissance des principaux secteurs économiques et à la création de bons emplois syndiqués.

Par conséquent, il faut maintenir et garantir les investissements dans les industries manufacturières, minières, forestières et énergétiques, notamment, qui sont tributaires du commerce.

Les travailleuses et travailleurs sont en première ligne de ce conflit avec l’administration Trump. Ce sont eux qui risquent de perdre le plus. Notre syndicat les soutiendra. Les gouvernements et les entreprises doivent faire de même.

La population canadienne doit s’unir pour défendre les emplois, soutenir les investissements et bâtir un pays résilient face aux menaces extérieures.

La mission est simple : protéger la population canadienne et les emplois. Allons de l’avant.