La société SaskTel nous appartient, alors pourquoi le gouvernement fait-il tant d’efforts pour lui nuire?

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A woman wearing a blue shirt stands in the centre of an office, with people in the background.
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Par Gavin McGarrigle, publié dans The Saskatoon StarPhoenix. Photo de Michael Bell /Regina Leader-Post

Pour SaskTel et les autres sociétés d’État de la Saskatchewan, on peut faire une analogie bien connue : celle de la poule aux œufs d’or.

À titre de contribuables de la Saskatchewan, nous sommes propriétaires de SaskTel. Elle nous sert tous en fournissant un excellent service public et entraîne une baisse des prix en faisant concurrence aux géants des télécommunications comme Rogers, Bell et Telus.

Et la cerise sur le gâteau, c’est que nous récupérons, en tant que propriétaires, un dividende provenant des bénéfices de SaskTel. Les dividendes sont à leur tour utilisés pour améliorer les services téléphoniques et Internet en milieu rural et pour financer les écoles, les hôpitaux et d’autres services essentiels.

Le fait d’être propriétaire de votre propre entreprise de télécommunications est une solution gagnant-gagnant-gagnant : elle favorise la concurrence et fait baisser les prix, fournit de bons emplois et constitue une source de revenus publics.

SaskTel est la poule aux œufs d’or. Mais la position du Parti saskatchewanais sur notre secteur public des communications impose une autre analogie : celle de la mort par mille coupures.

Il fut même un temps où le Parti  parlait de vendre notre poule aux œufs d’or.. Cependant, la réaction de l’ensemble de l’échiquier politique lui a fait oublier cette idée, du moins pour un moment.

Plutôt que de vendre notre précieuse société d’état, le gouvernement a un plan B : la privatisation de SaskTel de manière fragmentaire, par des moyens le plus souvent invisibles pour les électeurs et les clients.

À titre de syndicat représentant les travailleuses et travailleurs de SaskTel, laissez-nous vous expliquer ce en quoi consiste la privatisation en douce.

Si, par le passé, vous pouviez toujours faire appel à des employés de SaskTel pour tout ce dont vous aviez besoin, ce travail est désormais de plus en plus souvent effectué par des centres d’appels délocalisés ou des entrepreneurs hors province (près de 700 rien que pour le montage extérieur). Lorsque la plaque d’immatriculation de votre technicien est celle de l’Alberta et qu’il conduit une banale camionnette blanche, il n’est pas employé de SaskTel.

Depuis 2009, les divers types de sous-traitance ont réduit les effectifs internes de SaskTel d’au moins 30 % (1 000 bons emplois).

De nombreuses tâches autrefois effectuées par des techniciens qualifiés sont désormais réalisées par des entrepreneurs non qualifiés qui ne reçoivent qu’une formation de trois heures.

Pire encore, les travailleuses et travailleurs de SaskTel doivent régulièrement corriger les erreurs des entrepreneurs, engorgeant ainsi le système et coûtant à SaskTel des centaines, voire des milliers d’heures de travail.

Les soi-disant « revendeurs de services sans fil SaskTel »? Ce ne sont pas des employés de SaskTel (et cela se voit).

Les seules personnes qui bénéficient de la privatisation sont les PDG qui s’enrichissent grâce aux contrats privés. On les reconnaît sans doute davantage à leur rôle de donateurs du Parti saskatchewanais.

Bien évidemment, les victimes de la privatisation sont les travailleuses et travailleurs qui perdent leur emploi, les clients qui se retrouvent avec un service de qualité inférieure et les personnes qui dépendent des hôpitaux et des écoles partiellement financés par les recettes de l’État. Autrement dit, la plupart des gens.

Au terme de multiples privatisations fragmentaires, SaskTel ne sera plus une société d’État publique. Elle se transformera en une société écran composée de dizaines d’entrepreneurs, dont beaucoup sont basés hors de la province ou même à l'étranger. Elle ne sera plus un sérieux compétiteur pour Rogers, Bell ou Telus.

Les menaces à l’encontre de SaskTel ne datent pas d’hier. Elles sont toujours bien présentes avec un gouvernement du Parti saskatchewanais.

Nous nous sommes battus contre la privatisation et avons gagné à de nombreuses reprises par le passé. La vive résistance du public face à l’absurde tentative de nous faire payer les adresses courriel de SaskTel est la plus récente illustration de ce que nous sommes capables de faire quand nous ripostons.

La pression du public est la seule raison pour laquelle les sociétés d’État de la Saskatchewan existent encore aujourd’hui. Le moment est à nouveau venu de dire non à la privatisation et de les défendre.

Media Contact

Ian Boyko

Représentant national aux communications - Région de l'Ouest
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