La réforme de l’économie des soins est la prochaine grande avancée pour les femmes au Canada

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Une assistante maternelle assise à une table avec plusieurs jeunes enfants jouant à des jeux.
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Par la Secrétaire-trésorière nationale Lana Payne et la Directrice de la service de la condition féminine Tracey Ramsey

La Journée internationale des femmes est l’occasion, chaque année, de faire le point sur nos victoires passées et de chercher des solutions aux défis auxquels les femmes sont actuellement confrontées.

Or, ces obstacles sont encore trop nombreux et doivent être surmontés.

Les deux dernières années ont mis à nu les multiples systèmes déficients qui existent dans notre pays et qui gagneraient à être réinventés dans une optique féministe. Pour espérer faire de la limonade avec les nombreux citrons qui se sont détachés de la pandémie, reconstruire notre économie et repenser le monde du travail, il convient avant tout de porter l’attention sur l’économie des soins, essentiellement assurée par les femmes.

L’économie des soins, qui comprend les soins de santé, la garde d’enfants, le soutien des personnes âgées et bien d’autres encore, est bien connue de nous tous et nous lui sommes tributaires. Nous avons tous pris conscience du caractère essentiel de ce travail pour le fonctionnement de notre société.  

Une stratégie modernisée et féministe est indispensable pour faire face aux défis que doivent relever les travailleuses et travailleurs du secteur des soins. Cela suppose davantage d’investissements dans les services de soins et de soutien dont les personnes et les familles ont besoin. Sur le plan des dépenses publiques consacrées aux services sociaux, le Canada se classe parmi les derniers des pays riches. En effet, le ratio des dépenses sociales du Canada par rapport au PIB est inférieur de 2 % au taux moyen de dépenses de 20 % de l’OCDE parmi tous les pays riches. 

Dans son rapport inédit sur le travail et les emplois de soin à autrui, l’Organisation internationale du travail dresse un état des lieux sur les activités de soin à autrui, qu’il s’agisse de travail rémunéré ou non rémunéré, et formule des recommandations et des mesures dans ce qu’elle appelle le « Cadriciel 5R pour un travail décent dans les activités de soin à autrui », qui exhorte les gouvernements à :

  • reconnaître, réduire et redistribuer activités de soin à autrui non rémunérées ;
  • rétribuer équitablement le personnel de soin à autrui, en favorisant la création d’emplois plus nombreux et décents pour ce personnel ; 
  • et garantir la représentation des travailleuses et travailleurs de ce secteur, le dialogue social et la négociation collective. 

Quelques signes prometteurs qui démontrent que certains gouvernements commencent à comprendre et à apprécier ces concepts.

Lors d’une annonce inattendue le 10 février 2022, le premier ministre progressiste-conservateur de la Nouvelle-Écosse, Tim Houston, a fait savoir que son gouvernement investirait 65 millions de dollars dans les instances de santé, les soins de longue durée et les soins à domicile, afin d’augmenter de près de 23 % les salaires des aides en soins continus (ASC).

Cette hausse a immédiatement pris effet, provoquant des larmes de joie chez les ASC. Bien rémunérer les travailleuses et les travailleurs leur apporte bien plus que de les appeler des « héros ».

Le plan du gouvernement fédéral visant à offrir des services de garde d’enfants à 10 $ par jour d’ici 2025 est une autre lueur d’espoir pour les femmes du Canada qui, depuis longtemps, sont déchirées entre débourser des sommes équivalentes à une hypothèque pour la garde de leurs enfants ou quitter leur emploi pour s’en occuper.

Il est prouvé que les programmes de garde d’enfants abordables, accessibles et de qualité s’autofinancent par la participation et la productivité de la main-d’œuvre. Les enfants prospèrent grâce au soutien d’éducateurs de la petite enfance bien formés et bien rémunérés. C’est une situation gagnant-gagnant-gagnant à laquelle toutes les provinces et tous les territoires du Canada ont adhéré.

Ah oui, à part l’Ontario.

Le premier ministre Doug Ford ne semble toujours pas saisir les avantages que représente ce programme de services de garde pour les familles ayant de jeunes enfants et pour l’économie en général. Avec l’augmentation dramatique des coûts de tout, de la nourriture au carburant, une bonne façon de soulager les Ontariennes et Ontariens accablés est de transférer directement dans leurs poches le financement de plus de 10 milliards de dollars du gouvernement fédéral.

Si le premier ministre Ford ne signe pas d’entente avant le 31 mars - soit dans 23 jours - la province perdra la première année complète de financement, soit 1,2 milliard de dollars.

Il est douloureux et doux-amer pour les Ontariennes et les Ontariens de voir la vie des femmes de tout le Canada changer grâce à l’accès à des services de garde d’enfants abordables. Mais nous ne baisserons pas les bras. Nous allons, nous aussi, célébrer.

Les femmes vont continuer à nous faire progresser au-delà de cette pandémie, et ce, grâce à des politiques féministes et audacieuses. 

Ensemble, nous pouvons le faire.

Parce qu’ensemble, les femmes sont imparables.