La giga-usine de Windsor témoigne de l’avantage du Canada en matière de véhicules électriques

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Lana Payne
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Par Lana Payne, secrétaire-trésorière nationale d’Unifor

Lorsque les membres d’Unifor ont ratifié de nouvelles conventions collectives avec Ford, Fiat-Chrysler et General Motors à l’automne 2020, inaugurant une première vague de projets de montage de véhicules électriques à batterie à grande échelle, nous savions que quelque chose de grand allait se produire.

Les ventes de véhicules électriques étant appelées à monter en flèche, ces investissements ont donné un nouveau souffle aux usines d’Oakville, de Windsor et d’Ingersoll, garantissant des milliers d’emplois syndiqués de qualité. Alors que l’industrie automobile mondiale entamait sa transition vers l’électrification, le Canada, pour la première fois depuis longtemps, était aux commandes.

De toutes les régions du monde où des automobiles sont construites, seul le Canada possède tous les atouts nécessaires pour réussir. Nous avons la chance de disposer d’une réserve complète de minéraux essentiels, d’une abondance d’énergie propre, d’un réseau établi de fournisseurs de pièces, d’innovateurs renommés, et de la main‑d’œuvre sans doute la plus qualifiée et la plus talentueuse au monde.

Il était donc tout à fait logique que les gouvernements canadiens redoublent d’efforts pour remplir les mandats qu’ils ont négociés, investissent dans cette transition industrielle unique, et s’engagent à jouer un rôle de premier plan dans ce secteur en pleine expansion qu’est celui des véhicules électriques.

La semaine dernière, ces efforts ont porté leurs fruits, et ce, de façon exceptionnelle.

Stellantis et LG Energy ont choisi Windsor-Essex comme site pour leur toute première « giga-usine » nord-américaine de batteries. Cette coentreprise de 5 milliards de dollars représente le plus grand projet d’investissement dans le secteur de l’automobile de l’histoire du Canada et l’investissement le plus important depuis que Toyota a construit sa plus récente usine de montage à Woodstock il y a plus de 10 ans.

Les 2 500 nouveaux emplois prévus offriront des possibilités à une communauté reconnue depuis longtemps pour son expertise en matière de fabrication. Ils apporteront aussi un nouvel espoir à la génération de travailleuses et travailleurs qui ont vu l’industrie manufacturière régresser en raison des fermetures d’usines, de la délocalisation et des mises à pied massives.

L’inauguration de cette usine de 4,5 millions de pieds carrés contribuera grandement à éliminer cette stigmatisation et à montrer que le cœur industriel du Canada a un brillant avenir.

L’effet positif de cette annonce s’étend bien au-delà de Windsor-Essex également.

La capacité de 45 gigawattheures de l’usine pourrait produire suffisamment de batteries pour alimenter au moins 2 usines de montage d’automobiles fonctionnant à plein régime. Non seulement les perspectives d’avenir de l’usine de montage de nouveaux véhicules électriques et hybrides de Windsor s’en trouvent renforcées, mais il pourrait aussi s’agir d’un vote de confiance pour l’usine de montage de Stellantis à Brampton, une usine canadienne de montage d’automobiles vitale qui dispose désormais d’un approvisionnement local stable de batteries, advenant une transition vers la production de véhicules électriques.

En fait, l’usine générera 10 000 emplois indirects supplémentaires, au sein de la base d’approvisionnement en pièces détachées et ailleurs dans l’économie.

Plus remarquable encore, cette annonce n’a pas été la seule bonne nouvelle concernant les véhicules électriques. Elle a plutôt couronné un mois des plus extraordinaires d’investissements accélérés dans le secteur de l’automobile dans tout le centre du Canada.

Solus Advanced Materials a annoncé son intention de construire une nouvelle usine de fabrication de composants au Québec afin de fournir des pièces de batterie à Tesla.

General Motors, dans le cadre d’une coentreprise, a annoncé son intention de créer une usine de matériaux actifs de cathode à Bécancour, au Québec, pour alimenter ses usines de batteries Ultium aux États-Unis. Quelques jours plus tôt, l’entreprise BASF s’est engagée à construire sa propre usine de cathodes, non loin de l’usine de GM.

Cette semaine, Magna a révélé qu’elle construit une nouvelle usine de pièces de 50 millions de dollars à Chatham afin de fournir des boîtiers de batterie pour les nouvelles camionnettes électriques F-150 de Ford.

Au total, ces investissements supplémentaires injecteront des centaines de millions de dollars dans l’économie, en plus de créer des centaines, voire des milliers, de nouveaux emplois.

Je pense que ce n’est que le début, et c’est tout à fait inspirant.

Le secteur minier du Canada est appelé à croître au cours de la prochaine décennie, déterrant et transformant les minéraux essentiels nécessaires pour soutenir ce virage vers l’électrification.

Les rumeurs concernant de nouveaux produits électriques destinés aux usines de montage canadiennes continuent de circuler. Il en va de même pour le travail sur les sous-composants, les systèmes de moteurs de véhicules électriques, et le potentiel d’autres usines de batteries à grande échelle au Canada.

Il est difficile de dire si toutes ces perspectives d’investissements se concrétiseront au Canada. C’est pourquoi le Canada a encore besoin d’une politique industrielle cohérente pour recenser et défendre, comme Unifor le fera, chaque parcelle d’investissement dans la chaîne d’approvisionnement de véhicules électriques que nous pouvons obtenir.

La façon dont nous utilisons cette transition pour protéger les emplois des travailleuses et travailleurs de l’automobile et préserver les droits issus des négociations collectives est un autre élément clé, et une priorité absolue pour notre syndicat.

Il est impératif de veiller à ce que cette transition soutienne également les efforts visant à promouvoir une plus grande diversité et l’inclusion de la main-d’œuvre, ainsi que les efforts de réconciliation.

Malgré les défis de taille, il est clair que la transition du Canada vers la production de véhicules électriques n’est plus une chimère, mais une réalité en temps réel.

Ce qui a commencé comme une conversation à la table de négociation parmi les membres d’Unifor en 2020 a révolutionné une industrie et les espoirs du Canada pour un avenir plus durables.