La Conférence des travailleuses et travailleurs noirs, autochtones et de couleur célèbre 10 ans de victoires syndicales

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A large group shot of the BIWOC delegates in the conference room at the Unifor Family Education Centre
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Grandir ensemble.

Un arbre, de ses robustes racines à ses branches et à ses feuilles, est devenu le symbole de la Conférence des travailleuses et travailleurs noirs, autochtones et de couleur qui s’est déroulée du 15 au 17 septembre à Port Elgin, en Ontario, symbolisant le thème « Grandir ensemble », une décennie de victoires d’Unifor à travers l’objectif des communautés de travailleuses et travailleurs noirs, autochtones et de couleur, et la poursuite de ces victoires dans le futur.

A women speaking on a large screen on Zoom and a women stands in front at a podium.

« J’ai vu à quel point cette conférence est dynamique et passionnante, et c’est justement ce que nous voulons », a déclaré la présidente nationale d’Unifor, Lana Payne, en s’adressant aux déléguées et aux délégués via Zoom, alors qu’elle participait à des négociations sur l’industrie automobile à Toronto.

« Je suis très fière de voir tant de membres des travailleuses et travailleurs noirs, autochtones et de couleur occuper des postes de direction.

Mme Payne a fait savoir qu’Unifor soutiendrait à nouveau l’initiative nationale Tears to Hope (Larmes d’espoir) en octobre 2024 et ferait un don de 75 000 dollars pour aider à ouvrir un pavillon de ressourcement pour les familles de femmes et de filles autochtones disparues et assassinées et pour les personnes 2ELGBTQI+.

Elle a également décrit les moyens mis en œuvre par le syndicat pour élargir le nombre de ressources consacrées au travail sur l’équité, notamment la réécriture du cours relatif aux travailleuses et travailleurs noirs, autochtones et de couleur, l’élaboration de nouveaux documents de sensibilisation à la justice raciale et l’utilisation de la table de négociation comme lieu de promotion de l’équité.

Lana Payne a annoncé qu’Unifor allouerait 250 000 $ à un nouveau Fonds d’équité pour encourager et soutenir les syndicats locaux qui travaillent sur les questions d’équité.

Dereck Berry, représentant des travailleuses et travailleurs noirs, autochtones et de couleur au Conseil exécutif national d’Unifor, a qualifié la conférence d’historique.

Derek Barry speaking at a podium in front of a presentation screen

« Non seulement nous célébrons les 10 ans du syndicat national Unifor, mais c’est aussi un événement historique car nous allons nommer une personne d’origine autochtone au sein de notre bureau exécutif national, a-t-il lancé devant les déléguées et les délégués qui l’applaudissaient. Je tiens à souligner que nous avons en notre sein des personnes qui occupent des postes de direction. C’est de cela qu’il s'agit. »

Quelque 200 membres venus de partout au pays participaient à la conférence au Centre familial d’éducation d’Unifor. La soirée de vendredi a démarré par une reconnaissance des terres de la part de Jessie Rana, membre de la section locale 111 du comité des travailleuses et travailleurs noirs, autochtones et de couleur de la Colombie-Britannique, suivie d’une allocution de bienvenue de l’aînée Shirley John.

Les déléguées et délégués ont entendu un poète slam, tandis qu’au bout du couloir, enfants et parents écoutaient l’auteure autochtone Dorothy Ladd, lire des extraits de son livre,Memengwaa: The Monarch Butterfly (Le papillon monarque).

La deuxième journée de la conférence a débuté par une passionnante table ronde où les participantes et participants ont évoqué la manière dont ils se sont engagés dans le travail syndical, les obstacles auxquels ils ont été confrontés et qu’ils ont surmontés, ainsi que la manière dont Unifor peut renforcer et élargir son action en faveur des travailleuses et travailleurs noirs.

Selon Colin James, ancien président de la section locale 222 d’Unifor et premier président noir de la section, lorsque le comité des travailleuses et travailleurs autochtones de couleur a vu le jour, il avait eu du mal à rassembler 25 ou 30 personnes, si bien que certaines sections locales refusaient de reconnaître le comité lors d’une conférence.

« Nous avons fait beaucoup de chemin, a-t-il déclaré. « J'espère que cela va continuer à se développer. Il est essentiel que nous continuions dans cette voie. »

Navjeet Sidhu, directeur du Service des relations internationales et du Fonds de justice sociale d’Unifor, a confié s’être beaucoup interrogé et avoir ressenti de l’anxiété en grandissant, étant l’une des rares personnes brunes de sa ville, et avoir eu l’impression qu’il devait travailler plus dur pour prouver sa valeur aux Blancs.

« Le paradoxe, c’est d’être une 'minorité visible', mais de se sentir invisible sur le lieu de travail », a-t-il poursuivi.

A panel of four on stage sitting on couches. A screen inbehind red with a white Unifor logo.

« Sans compter les barrières que représente le fait d’avoir un nom à consonance différente et les notions préconçues sur ce que les gens pensent de vous lorsque vous vous présentez. Ma façon d’y faire face, qui n’est pas très saine, est de travailler beaucoup plus, de travailler deux fois plus dur pour aller deux fois moins loin. »

Interrogée sur la manière dont Unifor peut soutenir l’avenir des travailleuses et travailleurs noirs, autochtones et de couleur, la directrice de la région de l’Ontario du syndicat, Samia Hashi, a répondu qu’il importait de créer davantage d’espaces et de possibilités pour ces personnes.

« Il ne suffira pas de se faire élire à un poste, il faudra trouver des moyens très différents de naviguer dans les systèmes existants, a-t-elle précisé. Il est très difficile de les faire évoluer, mais nous devons faire preuve de créativité pour que les membres de nos communautés de travailleuses et travailleurs noirs, autochtones et de couleur, puissent bénéficier de ces possibilités. »

A women smiling at the camera infront of a Unifor screen.

Michelle Wilson a été élue présidente du comité autochtone au sein du bureau exécutif national. Son mandat est de deux ans.

« C’est pour moi un grand honneur, a-t-elle déclaré. Je suis très enthousiaste à l’idée d’entamer ce parcours. Il y a encore tant à faire. »

Toujours le samedi, en petits groupes régionaux, les membres se sont livrés à un remue-méninges sur les questions prioritaires, qui seront soumises à la direction d’Unifor.

Mable Elmore, principale invitée à la Conférence des travailleuses et travailleurs noirs, autochtones et de couleur et première membre de l’Assemblée législative d’origine philippine élue dans Vancouver-Kensington, a indiqué que la nouvelle législation de la Colombie-Britannique au printemps 2024 visait à démanteler le racisme systémique. Les syndicats peuvent également provoquer des changements du même ordre.

« Cela permet de faire le lien avec l’expérience de vos sections locales dans les relations entre vos règlements, vos statuts, vos dirigeantes et dirigeants élus et notre cadre législatif que le gouvernement adopte », a-t-elle ajouté.

« Notre processus de décolonisation consiste à avancer ensemble dans le respect des peuples autochtones, à collaborer au développement et à travailler avec les personnes, les communautés et les organisations racisées. Nous devons rétablir la confiance. »

Le samedi, lors d’une autre table ronde, des membres d’Unifor - dont l’esprit militant a permis de faire évoluer les choses et de soutenir le mouvement plus large en faveur de la justice sociale - ont donné leur avis sur la manière dont les victoires personnelles peuvent être mises à profit pour soutenir les possibilités offertes par les travailleuses et travailleurs noirs, autochtones et de couleur.

A panel of four on stage infront of a red Unifor screen

Jessie Rana était accompagnée de l’ancien vice-président de la section locale 3003, Roque Anonuevo, de la présidente du Conseil de la région de l’Ontario, Shinade Allder, et de Sharlene Henry, membre de la section locale 1285.

« Ce qui m’a fait comprendre que je faisais quelque chose de remarquable, c’est lorsque je me suis présentée à la présidence du Conseil régional de l’Ontario en décembre, assise dans la salle avec mon fils de 19 ans à mes côtés, et que j’ai vu mon nom sur la liste pour ensuite gagner, a expliqué Mme Allder.

« Puis, en me rendant à l’avant de la salle, j’ai réalisé que j’étais la première personne noire à présider le Conseil régional de l’Ontario, un poste qui, jusqu’à présent, était occupé essentiellement par des hommes blancs. La représentation est importante. J’ai comme objectif de faire la différence et de me concentrer sur notre communauté de travailleuses et travailleurs noirs, autochtones et de couleur, de déterminer ce que je peux faire pour eux et de ne pas considérer ce rôle comme acquis. »

Les panélistes ont exposé les efforts de sensibilisation déployés par leur communauté, notamment en donnant aux jeunes Noirs les moyens d’accéder à des postes de direction, en organisant des collectes de jouets et de manteaux d’hiver, en lançant des initiatives de sensibilisation au racisme, et bien d’autres choses encore.

Mme Henry a expliqué qu’après avoir suivi plusieurs cours de formation d’Unifor, elle a eu l’idée d’unir ses forces à celles d’une politicienne de la région pour créer un syndicat de locataires. Elles avaient compris que leur quartier était composé à moitié de locataires et à moitié de propriétaires, et que le phénomène d’embourgeoisement était omniprésent à Toronto.

« Elle m’a fait découvrir cette communauté où il nous est possible de nous renseigner sur ces lois et de nous battre pour faire de cet endroit un meilleur lieu de vie, a-t-elle déclaré. Je suis ici, en 2023, en pleine grève officielle des loyers - la première à Toronto depuis sept ans. Quelque 300 personnes participent à cette grève des loyers et nous nous battons pour des logements équitables et abordables. »

La chanteuse Jully Black, lauréate d’un prix Juno, a mobilisé les déléguées et les délégués grâce à son esprit, son humour et sa vulnérabilité émotionnelle. Elle a parlé de sa décision de changer les paroles du O Canada en « our home on native land » (notre maison sur la terre natale), ainsi que des réactions négatives dont elle a fait l’objet, qui ont mené à une conversation sur l’impact d’un effet de meute sur la santé mentale.

Two women sitting on stage infront a red Unifor screen

« Il n’y a qu’une seule façon de le chanter. Il n’y a pas de retour en arrière. En fait, je voulais chanter « Notre maison sur la terre autochtone ». On en arrive à un point où tout doit être revisité », a-t-elle ajouté.

« Ce que j’ai apprécié [dans le courrier haineux], c’est ce que cela a révélé au monde. Le racisme existe au Canada. Inutile de le nier. Il est vivant. La santé mentale est la santé. C’était formidable de représenter l’humanité des choses. Pour représenter cela, j’ai souffert aussi, et j’ai souffert d’entendre certaines insultes. »

Parlant avec tendresse de sa mère décédée, elle a confié avoir écrit la chanson « I travelled » (J’ai voyagé), en 2005, pour lui rendre hommage.

« Je traversais une période difficile. Je l’ai appelée et elle m’a parlé de son arrivée au Canada en 1968 et de sa prise de conscience... demeurer authentique et fidèle à qui l’on est... Il n’y a pas de honte à raconter nos histoires, nous devons le faire », avait-elle alors déclaré.

Les membres qui étaient des admirateurs de Mme Black se sont alignés devant les micros pour exprimer comment sa musique et son travail sur la santé mentale les ont positivement influencés.

« Pendant le confinement de la Covid, ma fille et moi avons suivi madame Black sur Instagram pour ses conseils de santé pleins de motivation, c’est là qu’elle a commencé à faire des mantras, a raconté Sharlene Henry. Ma fille avait alors dit ‘Je suis noire, je suis audacieuse, je suis belle.’ Et cela grâce à Jully. »

Patrick LeBlanc, représentant des travailleuses et travailleurs noirs, autochtones et de couleur de la section locale 2002 d’Unifor à Halifax, a offert à Mme Black un collier en forme de roue de médecine tissé à la main, qu’elle a gracieusement accepté

Mme Black a achevé son allocution en demandant à toutes les personnes présentes d’utiliser leur téléphone comme lampe de poche et les a invitées à se joindre à elle pour chanter une interprétation émouvante de la chanson « Lean on Me » de Bill Withers.

Five black people standing toghter one is holding up a cheque.

Ce soir-là, au cours d’un dîner officiel, Unifor a annoncé qu’il faisait don d’une somme conjointe de 15 000 dollars au nom du syndicat national, du Conseil régional de l’Ontario et du conseil régional de la C.-B. à la Jully Black Family Foundation, qui soutient l’avancement de l’éducation des femmes âgées de 17 à 35 ans en Ontario par l’octroi de bourses d’études.

Le dernier jour de l’événement, la représentante nationale d’Unifor pour les relations avec les autochtones, Gina Smoke, a encouragé les déléguées et délégués à soutenir les Appels à l’action sur la Colline du Parlement à Ottawa le 18 septembre - le lendemain de la conférence - pour la fouille des sites d’enfouissement de Winnipeg à la recherche de femmes et de filles autochtones disparues et assassinées et de personnes 2ELGBTQI+

« Je ne connais personne qui soit d’accord avec le fait de ne pas chercher, a-t-elle déclaré. S’il s’agissait de votre fille, de votre petite-fille ou de votre mère. »

Pour boucler la boucle du thème de cette année, trois cèdres blancs ont été placés sur la scène de la salle d’assemblée principale, chacun portant des étiquettes en papier sur lesquelles les membres avaient écrit des messages tels que « Équité pour tous », « respect » et « Unité entre nous ». L’arbre rappelle que le militantisme des membres d’Unifor grandit en même temps que ces derniers.

« C’était vraiment intéressant de voir ce que vous avez mis sur cet arbre », a souligné Mme Berry.

« Nous allons leur réserver un endroit spécifique, de sorte que chaque fois que vous viendrez à Port Elgin, vous vous souviendrez où vous étiez lors du 10e anniversaire. »

Voyez les photos de la Conférence des travailleuses et travailleurs noirs, autochtones et de couleur

a women speaking at a podium
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