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Cette année, la Conférence des jeunes travailleuses et travailleurs d’Unifor, qui s’est déroulée du 8 au 10 novembre 2024 sur le thème « Des racines profondes, une forte croissance », a mis l’accent sur les obstacles à surmonter ainsi que les responsabilités et les espoirs des jeunes travailleuses et travailleurs qui conduiront le syndicat vers l’avenir. Nous avons profité de cet événement pour transmettre le message qu’avec le soutien du syndicat, la prochaine génération de travailleuses et de travailleurs peut se transformer en une force imparable.
« Non seulement vous représentez l’avenir de la main-d'œuvre, mais vous changez aussi le présent et de manière spectaculaire », a déclaré Tricia Wilson, directrice de l’Équité et de la Justice raciale d’Unifor.
« Cette conférence est conçue pour vous aider dans cette démarche. »
Une centaine de déléguées et de délégués de partout au pays se sont réunis à l’hôtel Hyatt Regency de Toronto pour en apprendre plus sur Unifor, son leadership, ses services, ses ressources et ses groupes d’équité ainsi que pour partager des témoignages sur les obstacles auxquels se heurtent les jeunes travailleuses et travailleurs, et pour apprendre comment se mobiliser pour améliorer l’avenir.
Dans son allocution à la Conférence des jeunes travailleuses et travailleurs, Lana Payne, présidente nationale d’Unifor, a confié que sa fille de 23 ans, diplômée en génie électrique, cherche du travail depuis des mois.
« La situation du marché de l’emploi est très difficile en ce moment pour les jeunes, a-t-elle affirmé. C’est ce qui se produit lorsque la Banque du Canada décide délibérément de ralentir l’économie. »
Elle a ajouté que les jeunes travailleuses et travailleurs font face à des stigmates, des stéréotypes et des obstacles, notamment dans un monde en proie à de nombreuses crises : les changements climatiques, la montée de l’extrême droite dans le monde entier, l’IA en milieu de travail, la guerre et certains des pires problèmes d’accessibilité financière de cette génération, qu'il s’agisse du logement ou de l’éducation. Mais ces jeunes ont également beaucoup à enseigner au syndicat.
« On sent une volonté de parler ouvertement de choses comme la santé mentale et le harcèlement, de mettre vos problèmes au premier plan. Votre incroyable énergie et vos nouvelles idées propulseront le syndicat vers une nouvelle ère », a expliqué Mme Payne.
« Rien n’est immuable. Il faut constamment évoluer et s’assurer d’être pertinent pour chaque travailleuse et chaque travailleur. »
Elle a également rappelé que le droit de grève est attaqué par les employeurs et les gouvernements conservateurs potentiels et qu’Unifor ne renoncera pas à protéger le droit des travailleuses et des travailleurs à la libre négociation collective et à la grève.
« Les travailleuses et les travailleurs sont très motivés et prêts à lutter, a-t-elle poursuivi. Notre combat pour arriver jusqu’ici a été trop dur. Nous ne reviendrons pas en arrière. »
Elle a encouragé les jeunes travailleuses et travailleurs à tendre la main aux autres, à participer aux comités d’entreprise pour s’assurer que leur voix est entendue et que des améliorations sont apportées au lieu de travail pour les nouveaux membres plus jeunes. Elle leur a également conseillé d’aller voter.
« La politique est importante. Les élections américaines sont là pour vous le rappeler. C’est important pour le type de monde que nous pouvons bâtir, a-t-elle déclaré.
C’est important pour le type d’économie que nous pouvons bâtir. C’est important pour les femmes dans des domaines tels que le choix en matière de reproduction. C’est important pour la sécurité dans votre milieu de travail. C’est important pour pratiquement tous les aspects de notre vie. »
Mme Payne a précisé qu’Unifor crée des espaces pour les jeunes travailleuses et travailleurs grâce aux structures du syndicat et aux efforts déployés pour s’assurer que les conventions collectives améliorent leurs conditions de travail, mais qu’il reste encore beaucoup à faire et que le syndicat souhaite connaître leurs idées.
« Notre rôle est de faire progresser les travailleuses et les travailleurs; il ne suffit pas de leur dire qu’ils sont les chefs de file de demain, il faut aussi s’assurer qu’ils ont l’espace nécessaire au sein de notre syndicat pour être les chefs de file d’aujourd’hui », a ajouté Mme Payne.
La conférence a commencé vendredi soir par un accueil autochtone de l’aîné Gilbert Sunday et de la danseuse de cerceaux Myranda Spence, suivi d’une allocution de Samia Hashi, directrice régionale de la région de l’Ontario d’Unifor, qui s’est engagée dans le syndicat alors qu’elle était jeune travailleuse.
« Cette conférence est vraiment pour vous, un espace à vous », a déclaré Mme Hashi.
« Je me souviens de ma première participation à cette conférence en 2016. J’étais toute nouvelle au sein d’Unifor, et c’était à la fois excitant et même un peu terrifiant. »
Mme Hashi a expliqué que sa participation à la conférence des jeunes travailleuses et travailleurs lui avait ouvert de nombreuses portes, que ses idées avaient provoqué des « changements concrets » et que la nouvelle génération l’inspirait « parce qu’elle apportait de nouvelles perspectives et remettait en question ce que nous avions toujours fait. »
Laura Sullivan et Ryan Rodrigues, agents de liaison nationaux des comités de jeunes travailleuses et travailleurs, ont précisé que cette conférence nationale des jeunes travailleuses et travailleurs était la première depuis 2016.
« Cette conférence a été importante non seulement pour le syndicat, mais aussi pour les jeunes travailleuses et travailleurs, car elle leur permet d’échanger avec leurs pairs de tout le Canada », a ajouté M. Rodrigues.
« Le but de la conférence était d’engager, d’encourager, d’éduquer et de soutenir la prochaine génération de chefs de file d’Unifor - et elle a rempli sa mission. Pour la première fois de ma carrière, je me suis retrouvé dans une salle bondée de gens de mon âge, qui comprennent et vivent les luttes des jeunes travailleuses et travailleurs, et qui veulent agir pour faire changer les choses. »
Madison Illman, un pair aidant du Centre d’action de la section locale 127 d’Unifor à Chatham, en Ontario, a expliqué que les centres aident les travailleuses et travailleurs mis à pied à obtenir le soutien dont ils ont besoin pour retrouver un emploi. Ces centres offrent notamment des ateliers, des préparations de CV et des formations à l’entretien d’embauche.
« Les centres d’action sont extraordinaires, a-t-elle déclaré. Nous travaillons en étroite collaboration avec tous les prestataires de services d’emploi et de soutien communautaire. Nous soutenons tous nos membres, qu’ils soient en transition vers un emploi, en reconversion, à la retraite ou même à leur compte. »
Mme Wilson a invité les membres des comités régionaux des jeunes travailleuses et travailleurs à se rendre à l’avant de la salle en encourageant les déléguées et délégués à venir leur poser des questions, à créer des réseaux et à discuter d’idées.
« Qu’attendez-vous de votre syndicat, comment pouvons-nous vous aider à rendre le monde meilleur pour vous? » a-t-elle conclu.
Le deuxième jour de la conférence, les déléguées et délégués se sont répartis dans des ateliers distincts intitulés « Découvrez votre syndicat », animés par des responsables de discussion d’Unifor.
Pour les déléguées et délégués, ces ateliers avaient notamment comme objectif d’apprendre à connaître les avantages d’un syndicat ainsi que de découvrir comment maintenir l’élan et l’engagement parmi leurs pairs et apprendre le fonctionnement des griefs et des processus de négociation collective. Certains d’entre eux souhaitaient savoir comment susciter une plus grande solidarité avec les collègues de travail dont l'écart d'âge est important.
Johanna LeRoux, conférencière de Fil de vie, une association à but non lucratif de soutien aux victimes de tragédies sur le lieu de travail, a raconté l’histoire émouvante et tragique de son fils Michael Fisher, décédé en tombant du toit de la maison qu’il était en train de couvrir de bardeaux.
Au moment de la chute, Michael ne portait pas d’équipement de protection et a succombé à un traumatisme crânien le 25 janvier 2006, à l’âge de 22 ans. Il aurait eu 41 ans le 11 novembre de cette année.
« Ce qu'on nous a dit être un rare instant de distraction ou d’inattention de sa part lui a coûté la vie et a changé notre famille pour toujours », a-t-elle expliqué.
« J’étais déterminée à être autre chose qu’une survivante, à ne pas demeurer une victime et à faire en sorte que sa perte me définisse. Je me suis engagée à ce que la mort de Michael et la dévastation qu’elle a causée à notre famille servent à quelque chose. Je le rendrais fier de moi et j’utiliserais son legs pour éviter que d’autres personnes ne vivent la même tragédie que nous. »
Selon Mme LeRoux, 993 accidents du travail ont été recensés en 2022, les plus exposés étant les jeunes travailleuses et travailleurs.
Désormais, elle utilise sa peine pour faire passer le message : Il suffit d’une minute pour être en sécurité et les employeurs ont une part de responsabilité dans ce domaine.
« Ce n’est plus seulement une question de coût d’exploitation », a-t-elle précisé.
Les déléguées et les délégués ont assisté à des présentations animées par le Service des communications sur la sécurité des régimes de retraite, la santé et la sécurité, et le renforcement du syndicat par le biais des médias sociaux. Le dernier jour de la conférence, Toby Whitfield, avocat d’Unifor, a parlé du harcèlement en milieu de travail.
Dans son allocution finale, Mme Wilson a dit : « Vous écouter est une grande source d’inspiration. Ce que vous me dites, c’est que vos voix ne sont pas entendues. Je crois en vous. C’est pourquoi il était si important d’organiser cette conférence. »
En terminant, elle a lancé au groupe un message de solidarité et d’espoir.
« Le fait que chacune et chacun d’entre vous représente autant de milieux, d’expériences et de perspectives uniques me donne un formidable espoir quant à l’avenir que nous construisons ensemble », a-t-elle déclaré.
Consultez les photos de la Conférence des jeunes travailleuses et travailleurs