Deuxième journée du Conseil régional de l’Ontario : La présidente nationale d’Unifor, Lana Payne, fait le serment de protéger les emplois canadiens à l’approche de la présidence Trump

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Lana Payne speaks at a mic
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La présidente nationale d’Unifor, Lana Payne, n’a pas ménagé ses propos à l’égard de Donald Trump, de l’incertitude et des retombées que sa présidence américaine pourrait avoir sur les travailleuses et les travailleurs de notre pays.

Dans son allocution au cours de la deuxième journée du Conseil régional de l’Ontario qui se tenait les 6 et 7 décembre 2024 à Toronto, Mme Payne a déclaré que le monde avait beaucoup changé depuis la dernière réunion des déléguées et délégués au Conseil canadien de Montréal, en septembre dernier.

« La semaine dernière, [Trump] a menacé d’imposer des tarifs douaniers de 25 % sur tout ce que nous produisons ici au Canada et que nous exportons au sud de la frontière. Dans le secteur de l’automobile, cela représente 90 % de ce que nous construisons », a-t-elle ajouté. 

« Je ne saurais trop insister sur les conséquences désastreuses que cela aurait sur nos travailleuses et travailleurs, sur les emplois et sur l’économie du Canada. D’une certaine manière, il ne s’agit même pas des tarifs ou de leur montant. La menace est tout aussi dangereuse et elle planera constamment tout au long des quatre années à venir. C’est la stratégie du chaos. »

Mme Payne a précisé s’être entretenue avec le Premier ministre Justin Trudeau il y a deux jours et lui avoir confié qu’il n’avait plus qu’une seule tâche à accomplir : rassembler la nation et protéger la main-d’œuvre, les emplois et l’économie canadienne. En bref, les travailleuses et les travailleurs doivent pouvoir compter sur une équipe canadienne unie, et non sur le théâtre politique qui se déroule actuellement à la Chambre des communes.

« Des politiciens comme Pierre Poilievre et les premiers ministres doivent réaliser que démontrer à Trump que nous sommes divisés en tant que nation ne nous permettra pas de gagner. Les travailleuses et les travailleurs en pâtiront », a précisé Mme Payne. 

« Se plier à sa première exigence n’est pas la démarche de négociation la plus intelligente... Rome est en train de brûler et ils jouent la carte de la politique. C’est honteux. »

Les grandes entreprises qui tentent de profiter de l’investiture de M. Trump pour faire reculer les droits des travailleuses et des travailleurs au Canada doivent savoir qu’elles le font « à leurs risques et périls », a-t-elle précisé.

« Tenez-vous-le pour dit, ce syndicat est prêt à mener cette bataille. Nous avons accru notre pouvoir en prévision d’un moment comme celui-ci », dit-elle. 

Lana Payne speaks at a mic in front of a Unifor sign

Mme Payne a souligné les victoires d’Unifor en matière de recrutement chez Amazon et Walmart au Canada, tout en prévenant Walmart, le géant de la grande distribution, que des plaintes pour pratiques déloyales de travail avaient été déposées par le syndicat en réaction à la décision de l’entreprise d’accorder une augmentation de salaire à tous ses employés, à l’exception de ceux et celles qui avaient adhéré à Unifor.

« Les travailleuses et travailleurs de Walmart en ont assez de vos tactiques de démantèlement des syndicats et, malgré tout ce dont vous les accablez, ils continuent de signer des cartes syndicales. »

« Unifor ne les abandonnera jamais. Parce que leur courage surpasse largement votre cupidité. »

Lana Payne a encouragé les déléguées et les délégués à continuer de prôner l’amitié, la gentillesse et la solidarité, mais aussi de poursuivre la lutte collective.

« Nous avons le pouvoir. Nous sommes là les uns pour les autres. Et nous avons cet incroyable syndicat », a-t-elle affirmé. Rien n’est impossible lorsque nous le faisons ensemble. »

La deuxième journée du Conseil régional de l’Ontario s’est ouverte sur une table ronde consacrée aux moyens dont disposent les travailleuses et les travailleurs pour s’orienter dans une économie en transition grâce aux centres d’action financés par le gouvernement provincial et gérés par les membres et le personnel d’Unifor.

A man sitting holding a mic

Les centres d’action d’Unifor aident les membres du syndicat licenciés à accéder à différentes ressources, notamment la rédaction de curriculum vitae, la formation pour « le travail en hauteur », l’aide aux membres pour les entrevues d’embauche et d’autres formes de soutien par les pairs pour les aider à trouver leur prochain emploi.

« Les personnes confrontées à une malencontreuse perte d’emploi ont du mal à trouver du travail. Elles se retrouvent souvent dans des emplois mal rémunérés, sans avantages sociaux ni sécurité... Voilà quelques-uns des défis qui les attendent », a expliqué Linda Poho, membre de la section locale 195 d’Unifor et coordonnatrice du projet.

Derrek Kimmerly, qui travaille au Centre d’action Cascades d’Unifor qui vient en aide aux membres touchés par la fermeture de l’usine Cascades à Belleville et à Trenton, a indiqué que les membres n’ont pas à se sentir seuls dans le processus de transition vers l’emploi. 

« Profitez de l’occasion pour vous recycler afin de ne pas vous retrouver coincé dans un poste en sous-emploi, car lorsque vous démissionnez, vous perdez tout ce que vous avez acquis », ajoute-t-il. 

« Tirez parti des centres d’action, ne le faites pas tout seul. »

Angelo DiCaro speaks at a podium.

Dans son exposé, le directeur de la recherche d’Unifor, Angelo DiCaro, a rappelé que le taux de chômage actuel en Ontario, qui s’élève à 7,6 %, a atteint son niveau le plus élevé depuis 2014, sans compter les années de pandémie.

« Les gens ont de bonnes raisons d’être inquiets. La tendance va dans la mauvaise direction », a ajouté M. DiCaro.

Selon lui, les entreprises n’investissent pas suffisamment dans la formation des compétences en matière de productivité et dans la machinerie, et les investissements du secteur public et les retards dans les transitions industrielles promises sont autant d’éléments qui aggravent l’insécurité économique des travailleuses et des travailleurs. La lueur d’espoir, explique-t-il, c’est que les gouvernements sont en train de réaliser qu’investir davantage dans les stratégies industrielles pourrait être la voie à suivre.

« Nous avons des raisons d’être optimistes, dit-il. Depuis la pandémie, on observe un changement de stratégie et de mode de pensée en matière de développement économique au Canada, les gouvernements choisissant d’investir directement dans des secteurs stratégiques et ciblés de l’économie. Il faut poursuivre ce travail. »

Le Conseil a salué les travailleuses et travailleurs en grève, notamment à Clear Medical Imaging de Windsor, qui ont rejeté l’« offre finale » de l’entreprise à 96 %. La grève a débuté le 25 octobre 2024 et a pour objet les disparités salariales et le traitement inéquitable du personnel administratif et clinique.

Les membres à Best Theratronics , qui fabriquent des appareils médicaux pour le traitement du cancer à Kanata, ont entamé une grève en mai dernier après le refus de leur employeur d’accorder des augmentations autres que 0 % sur une convention proposée pour une durée de 2 ans. Ils sont montés sur le podium pour partager leur témoignage.

A man speaks at a mic

« Je suis conscient que je ne parviendrai jamais à guérir le cancer, mais je peux au moins contribuer », a déclaré le chef de grève de la section locale 1541 d’Unifor, Dale Roth. 

« Nous sommes en grève depuis 219 jours à cause d’un individu qui se fiche du droit du travail au Canada, qui fait fi de ses clients internationaux dont les équipements sont en panne et qui ne peuvent pas les faire réparer... Voilà le comportement d’un lâche cupide. »

M. Roth a indiqué qu’en 2020, pendant la période de la Covid-19, les employés de cet établissement étaient considérés comme des services essentiels.

« Pourquoi ne sommes-nous plus essentiels? a-t-il conclu. Les membres de notre section locale, la 1541, accusent un retard d’environ 20 % par rapport au taux d’inflation... Nous sommes fatigués, mais pas assez pour démissionner. »

Le Conseil régional de l’Ontario a versé 5 000 dollars aux grévistes et environ 45 000 dollars à d’autres personnes et sections locales; le syndicat national, pour sa part, a fait un don de 50 000 dollars.

Le Conseil régional de l’Ontario a fait des dons supplémentaires de 5 000 dollars chacune à trois causes – I’ve got your Back 911, la Sarah Bulle Foundation et le Malawi Project, tout en invitant les membres à y contribuer. Ils ont également soutenu la collecte de jouets du syndicat et l’appel de fonds en faveur d’une association caritative pour les enfants.

Le Conseil a adopté les six recommandations de la directrice de la région de l’Ontario : soutenir les victimes de violence entre partenaires intimes en Ontario, défendre les soins de santé publique en Ontario, définir l’avenir du travail, répondre aux menaces américaines et défendre les emplois canadiens, se mobiliser pour un nouvel Ontario et Travailler ensemble pour un meilleur Ontario.

Seven people posing side stage at ORC.

Certaines positions ont fait l’objet d’élection au Conseil régional de l’Ontario, soit :  Jon Binns au Comité permanent de l’indemnisation des accidents du travail, Carrie Smith au Comité permanent du PAEF, Tony Sisti au poste de membre ordinaire du Conseil des travailleuses et travailleurs retraités, Saúl Santiago au Comité LGBT et Max Ramsey au Comité des jeunes travailleuses et travailleurs.

Le directeur du recrutement d’Unifor, Justin Gniposky, a fait le point sur les nouvelles unités de négociation qui ont adhéré au syndicat cette année, notamment F&P, Flex-N-Gate, Toromont Industries, St. Andrew's Terrace, Pelee Island Winery, Concorde Airport Services et Porter Airlines, et Goodwill, pour n’en nommer que quelques-unes.

Le syndicat a également célébré la grande victoire en matière de recrutement au centre de distribution Walmart de Mississauga, en Ontario, en septembre dernier, ainsi que celle des chauffeuses et chauffeurs de camion de Walmart à Surrey, en Colombie Britannique, en novembre.

Cette campagne a été menée par un groupe de travailleuses et de travailleurs dévoués, appelé « Team Red », a-t-il déclaré. 

« Ils n’ont pas fléchi, même face aux augmentations de salaire sans précédent accordées uniquement aux travailleuses et travailleurs non syndiqués de la chaîne d’approvisionnement de Walmart. Et si ces travailleuses et travailleurs se battent actuellement à la table des négociations avec la section locale 252, lesquelles débutent justement cette semaine, nous menons également des actions devant la Commission du travail. »

A man speaks at a podium in front of a Unifor sign

Selon M. Gniposky, les récentes augmentations de salaire accordées aux travailleuses et travailleurs non syndiqués se chiffrent à 5 ou 6 dollars l’heure, alors que le salaire du personnel syndiqué a été gelé; de toute évidence, il s’agit là d’une tactique d’intimidation visant à casser le syndicat.

« Ce n’est qu’une tentative isolée d’acheter de la loyauté en faisant fi des vraies préoccupations des travailleuses et des travailleurs, a-t-il déclaré. Ce que je suis fier d’annoncer ici, c’est que ces travailleuses et travailleurs ne se laisseront pas berner. »

Alors que le Conseil régional de l’Ontario s’achevait pour une nouvelle année, la présidente du Conseil, Shinade Allder, a remercié tous les délégués et toutes les déléguées pour leur participation et leur a souhaité de passer des fêtes réparatrices.