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Célébrée le 18 décembre, la Journée internationale des migrants est l’occasion de reconnaître la contribution de ces personnes qui enrichissent nos collectivités et nous aident à jeter les bases de notre économie. C’est aussi l’occasion de reconnaître les obstacles systémiques auxquels ces personnes sont confrontées et de demander des mesures pour protéger leurs droits et leur dignité.
Les gouvernements ainsi que les dirigeantes et dirigeants politiques du Canada et du monde entier se servent de plus en plus des populations migrantes comme boucs émissaires pour justifier les difficultés économiques comme la crise de l’accessibilité financière et la pénurie de logements abordables. Cette stratégie qui consiste à rejeter le blâme sur d’autres fait abstraction de décennies de décisions politiques qui ont miné les services publics, contribué au démantèlement des mesures de contrôle des loyers et entraîné un sous-financement des logements et des infrastructures abordables.
Pendant ce temps, les entreprises font preuve d’une cupidité sans borne, tolérée par les dirigeantes et dirigeants politiques, et continuent d’alourdir le fardeau des travailleuses et travailleurs en fixant à des niveaux exorbitants les prix des produits alimentaires et de l’approvisionnement en énergie. En plus d’accentuer les problèmes d’accessibilité économique, ces échecs ont nourri le ressentiment et redirigé une frustration justifiée vers les populations migrantes vulnérables.
Lorsque nous parlons de migrants, nous entendons les personnes et les familles étrangères qui travaillent temporairement dans des secteurs comme l’agriculture, les soins, la construction; les étudiantes et étudiants étrangers qui subissent des conditions de travail précaires; les sans-papiers qui sont passés à travers les mailles du filet d’un système d’immigration détraqué; et les résidentes et résidents permanents qui apportent leur contribution à l’économie et à l’avenir du Canada. Chacun de ces groupes fait face à des difficultés tout à fait particulières, mais ils méritent tous des mesures de protection et des chances égales de s’épanouir.
Les politiques annoncées récemment au Canada ont réduit encore davantage le nombre de travailleuses et travailleurs migrants, d’étudiantes et d’étudiants étrangers ainsi que de résidentes et résidents permanents autorisés à entrer au pays.
Cette approche axée sur le court terme dévalorise les contributions de celles et ceux qui travaillent et étudient au Canada depuis un certain temps et qui ont enrichi notre société et notre économie. Les spécialistes préviennent que ces réductions des niveaux d’immigration permanente vont nuire à la croissance économique à long terme du Canada.
Pour un pays qui fait face à des pénuries de main-d’œuvre dans des secteurs essentiels, la réduction des taux d’immigration ne nuit pas seulement aux personnes nouvellement arrivées au pays, mais également à la prospérité de toute la population canadienne. Dans le monde entier, la montée du sentiment hostile aux migrantes et migrants a pavé la voie à des gouvernements d’extrême droite qui exploitent la peur et la division.
Ces gouvernements mettent de l’avant des politiques qui n’améliorent pas la vie des travailleuses et travailleurs et qui, au contraire, enrichissent les dirigeantes et dirigeants d’entreprise, tout en creusant des fossés encore plus profonds entre les différents groupes. Au Canada, le discours hiostile aux migrantes et migrants a enhardi les groupes haineux, ce qui a mené à des manifestations contre les immigrantes et immigrants et augmenté le nombre de crimes haineux visant les migrantes et migrants ainsi que les megroupes racialisés. Ces actions haineuses affaiblissent nos valeurs communes d’inclusivité et de justice.
Il est évident que le système d’immigration est défectueux.
Les programmes de travailleurs temporaires et l’exploitation des étudiants étrangers ont créé un marché du travail à deux vitesses dans lequel les employeurs qui versent de petits salaires peuvent exploiter les travailleuses et travailleurs vulnérables.
Ce système doit changer.
Nous avons besoin d’une stratégie d’immigration durable et fondée sur les droits de la personne qui accorde la priorité à la résidence permanente, à la réunification des familles, à l’égalité des droits et des mesures de protection en matière de travail, et qui offre un asile aux personnes qui fuient la persécution et la violence.
En cette Journée internationale des migrants, Unifor réaffirme sa solidarité avec les migrantes et migrants au Canada et dans le monde entier.
Nous demandons aux gouvernements d’adopter des politiques qui rehaussent la valeur des populations migrantes et qui les protègent, au lieu d’en faire des boucs émissaires. Ce n’est qu’en unissant les travailleuses et travailleurs – quel que soit leur statut – que nous arriverons à construire une société où chaque personne pourra s’épanouir dans la dignité, l’équité et le respect.
Les migrantes et migrants ne sont pas à blâmer pour les échecs des gouvernements ou la cupidité des entreprises.
Ils sont nos voisins, nos collègues et nos amis. Ils font partie intégrante du tissu social du Canada, et les luttes des populations migrantes sont indissociables de celles de l’ensemble des travailleuses et travailleurs.
Ensemble, continuons de lutter pour la justice et l’équité pour toutes et tous.