Déclaration d’Unifor à l’occasion de la Journée internationale de la fin de l’impunité pour les crimes commis contre les journalistes

Main Image
Image
Du verre brisé avec des caractères rouges indiquant "Brisez le cycle de l'impunité".
Partager

Le 2 novembre marque la journée de la fin de l’impunité des crimes commis contre les journalistes. Seul un crime sur 10 commis contre des journalistes fait l’objet d’une enquête dans le monde. Il s’agit d’une situation qui doit changer.

Entre 2012 et 2021, 224 cas d’impunité totale pour des journalistes assassinés ont été enregistrés et parmi ces cas, 185 ont vu les faits se dérouler dans 12 pays. Le Mexique, la Somalie, la Syrie, l’Inde et l’Afghanistan ont été les pires contrevenants.

En Afghanistan, bon nombre de journalistes craignent pour leur vie : en effet, les meurtres, la violence et le terrorisme menacent leur existence depuis que les Talibans ont pris le contrôle du pays en 2021. Unifor, en collaboration avec de nombreuses organisations, dont Journalistes pour les droits humains, a aidé huit familles à fuir l’Afghanistan et beaucoup d’entre elles sont au Canada ou en route pour notre pays, notamment le présentateur de télévision Siar Mateen et sa famille. La semaine dernière, M. Mateen a expliqué au Conseil des médias d’Unifor comment il avait assisté à l’assassinat de collègues pendant l’enregistrement de son émission et comment il s’est échappé de justesse du pays.

Les crimes contre les journalistes ne se limitent toutefois pas aux meurtres. Les enlèvements, les menaces, les humiliations publiques et le harcèlement sont des crimes bien trop courants dans le monde et le Canada n’est pas à l’abri.

Les journalistes canadiennes et canadiens sont souvent confrontés à la violence et aux menaces – y compris les menaces de mort, l’intimidation et le harcèlement en ligne et sur le terrain. L’essor d’Internet et des réseaux sociaux se traduit par un niveau de connectivité, d’accès et d’anonymat qui a rendu encore plus facile pour les membres du public de cibler les journalistes et les travailleuses et travailleurs des médias et de les soumettre à des messages haineux, des menaces et des abus.

Il est important de reconnaître que les journalistes qui sont des femmes, des femmes de couleur, des autochtones, des LGTBQ+ ou des groupes méritant l’équité, sont touchés de manière disproportionnée par la violence et le harcèlement.

L’effet est de réduire les journalistes au silence en les empêchant de demander des comptes aux puissants. Comme paralysés, les journalistes peuvent avoir trop peur de faire des reportages sur certains sujets, ou bien ne pas être affectés à certains événements, ou bien quitter carrément la profession.

Pour tout cela, l’impunité est monnaie courante. Ces crimes restent souvent impunis et le soutien aux journalistes fait défaut.

C’est pourquoi Unifor a créé un plan d’action pour lutter contre le harcèlement et l’abus dont sont victimes les journalistes et les travailleuses et travailleurs des médias. Nous nous concentrons sur une approche à deux volets : soutenir les journalistes qui ont été attaqués et harcelés et essayer de mettre fin aux  attaques elles-mêmes.

Notre plan comprend la sensibilisation du public, la sensibilisation interne, la création et la promotion de soutiens pour les journalistes et les travailleuses et travailleurs des médias, la formation des dirigeantes et dirigeants syndicaux et l’éducation. Il fait également appel à la négociation, à la santé et à la sécurité, aux stratégies policières, au lobbying en faveur d’une législation plus forte et à la responsabilisation des plateformes Internet quant au contenu qu’elles publient, et bien plus encore.

Notre site Web, Vous trouverez de l’aide ici, est un site unique où les journalistes et les travailleuses et travailleurs des médias peuvent se rendre pour obtenir des conseils et un soutien s’ils ont été la cible de harcèlement. Le site Web rassemble le soutien et les connaissances de tout le secteur, non seulement pour les membres syndiqués, mais pour tous les journalistes, y compris les pigistes qui peuvent se sentir les plus vulnérables.

Le meurtre est la censure ultime, mais tous les crimes contre les journalistes ont un effet paralysant par lequel la vérité et la justice viennent s’ajouter aux rangs des victimes. 

Nous devons mettre fin à l’impunité des crimes contre les journalistes – la démocratie et l’humanité sont en jeu.