Appel à l’action pour sauver le secteur forestier de la Colombie-Britannique

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Wide view of a sawmill in the winter
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Après des années de déclin, il est temps d’unir nos efforts pour aider les travailleuses et travailleurs et les communautés.

Par Gavin McGarrigleScott Lunny et Kelly Johnson, dans The Tyee 

Gavin McGarrigle est directeur de la région de l’Ouest d’Unifor, Scott Lunny est directeur du district 3 (ouest du Canada) du Syndicat des Métallos, et Kelly Johnson est président national du syndicat des Public and Private Workers of Canada.


Les forêts de la Colombie-Britannique, emblème de beauté naturelle et de vitalité économique, soutiennent les communautés et les familles depuis des générations.

Cette puissance économique ne s’est pas développée par hasard : les bons emplois forestiers d’aujourd’hui sont le résultat de plusieurs décennies de syndicalisation, de grèves et de luttes syndicales. Dans le passé, le succès du secteur forestier de la Colombie-Britannique dépendait également du leadership législatif et politique du gouvernement, qui limitait les exportations de billes de bois, exigeait la fabrication et veillait à ce que les forêts de la Colombie-Britannique profitent aux travailleuses et travailleurs ainsi qu’aux communautés de la province.

Au cours des dernières années, le secteur a dû affronter une véritable tempête de difficultés, entraînant une baisse significative de l’emploi et de la contribution économique.

Alors que nous naviguons dans ces eaux agitées, il est impératif que les gouvernements fédéral et provincial prennent des mesures décisives pour protéger les bons emplois dans le secteur forestier et assurer un avenir durable à cette industrie essentielle.

Le déclin du secteur forestier de la Colombie-Britannique n’est pas qu’une simple statistique. Cette crise touche des personnes et des communautés bien réelles. Depuis 2001, l’industrie a connu une chute vertigineuse de l’emploi de l’ordre de 45 %, près de 35 000 travailleuses et travailleurs ayant ainsi perdu leur gagne-pain. L’année dernière seulement, le secteur forestier a enregistré une perte de 3 750 emplois.

Ces pertes d’emplois représentent un choc dévastateur pour les régions où la foresterie constitue le moteur de la communauté. Les impacts de ces pertes ne se limitent pas à une échelle individuelle : ils touchent la structure même de l’économie et de l’identité de notre province.

Les causes de cette crise sont diverses. Les catastrophes environnementales exacerbées par le changement climatique, comme les incendies de forêt et l’infestation du dendroctone du pin ponderosa, ont gravement affecté les ressources disponibles. Parallèlement, les différends commerciaux actuels et l’évolution du marché mondial ont accentué l’incertitude. Les incendies de forêt historiques de l’été dernier ont mis à rude épreuve un secteur déjà en difficulté, soulignant l’impérieux besoin d’établir une stratégie cohérente pour s’attaquer aux enjeux immédiats et à long terme.

La solution à cette crise nécessite une approche multidimensionnelle, axée sur la protection et la création d’emplois syndiqués, la gestion durable des forêts, l’autonomie accrue des communautés autochtones et l’innovation dans les produits à valeur ajoutée.

Nous reconnaissons que le gouvernement actuel a déployé certains efforts en la matière, et continuons d’offrir des conseils sur la crise dans le secteur forestier, notamment par le biais du Conseil de soutien aux travailleuses et travailleurs forestiers et de résilience des communautés de la province.

Nous avons insisté pour que les programmes soient conçus de manière à faciliter la transition des travailleuses et travailleurs qui quittent l’industrie, mais malheureusement, ils ne proposent présentement aucune voie vers une future industrie forestière offrant de bons emplois syndiqués et des pensions et des avantages appréciables.

Le financement public doit générer de la valeur pour les communautés, et non pour les actionnaires privés. Le financement des industries existantes et des nouvelles entreprises doit être assorti de conditions strictes en matière de création d’emplois, de couverture syndicale et de ratios d’apprentis, ainsi que d’objectifs stricts au chapitre de la participation équitable dans le cadre d’accords sur les retombées communautaires. Le gouvernement néo-démocrate a déjà exigé ce type d’accords pour les nouveaux projets à grande échelle, comme la ligne de métro Broadway, le nouveau pont Pattullo et la modernisation de la route transcanadienne. Nous recommandons que les nouvelles initiatives dans le secteur forestier fassent l’objet d’accords similaires.

Le gouvernement ne peut pas simplement espérer que le financement public génère des emplois et des communautés résilientes. Il doit sans équivoque planifier en conséquence.

En outre, l’industrie doit innover, explorer de nouveaux marchés et produits qui répondent à l’évolution des besoins de l’économie mondiale, et protéger les emplois syndiqués de qualité.

Les difficultés auxquelles est confronté le secteur forestier de la Colombie-Britannique sont certes titanesques, mais ils ne sont pas insurmontables.

Grâce à des mesures déterminantes et au leadership des gouvernements fédéral et provincial, nous pouvons protéger les emplois existants, créer de nouvelles possibilités et faire en sorte que le secteur forestier demeure un pilier de l’économie de la province. Pour ce faire, il faut s’engager à négocier et à établir des partenariats avec les syndicats, le gouvernement, les communautés autochtones et les acteurs de l’industrie afin d’élaborer des stratégies qui privilégient les travailleuses et travailleurs, la durabilité et l’innovation.

Ce mardi, les membres de trois syndicats représentant les travailleuses et travailleurs forestiers syndiqués en Colombie-Britannique, soit Unifor, le Syndicat des Métallos et Public and Private Workers of Canada, se réuniront à Victoria pour discuter des enjeux touchant l’industrie et travailler ensemble à l’élaboration d’un plan stratégique pour l’avenir de leur secteur.

Le sommet des travailleuses et travailleurs forestiers de la Colombie-Britannique sera une occasion unique pour eux de présenter un front uni au nom d’une industrie revitalisée.

Alors que nous contemplons l’avenir, n’oublions pas le rôle fondamental de la foresterie dans l’histoire et l’économie de la Colombie-Britannique. La voie à suivre doit honorer cet héritage par un engagement en faveur de pratiques durables, de partenariats autochtones, de l’innovation et du bien-être des travailleuses et travailleurs et des communautés qui ont bâti cette industrie. 

Le moment est venu d’agir. L’avenir du secteur forestier de la Colombie-Britannique et des communautés qu’il soutient ne peut pas attendre.