Lettre au ministre Champagne, re : Condamnation du coup d'État militaire et respect de la démocratie en Bolivie

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Le 25 novembre 2019

L’honorable François-Philippe Champagne

Ministre des Affaires étrangères

Ottawa (Ontario)
Canada  K1A 0A6

Monsieur le Ministre Champagne,

Unifor condamne fermement le coup militaire en Bolivie qui a récemment chassé le président élu démocratiquement Evo Morales. 

Nous sommes stupéfaits d’apprendre que le gouvernement fédéral canadien a choisi d’appuyer la chef par intérim Jeanine Áñez Chávez, une représentante d’un parti qui n’a reçu que 4 % des votes lors des dernières élections en octobre et dont le soutien provient surtout de l’armée et de la police boliviennes. Nous sommes inquiets : les remarques de Jeanine Chávez envers les peuples autochtones, surtout dans un pays où plus de la moitié de la population est autochtone, sont hostiles et discriminatoires.

En tant que premier président autochtone de la Bolivie, Evo Morales a apporté d’importants changements aux politiques sociales et économiques progressistes, qui ont engendré une forte croissance économique, permis de réduire grandement la pauvreté et d’améliorer le respect des droits de la personne. Cependant, nous avons pu constater comment les actions des États indépendants aux politiques socialistes provoquent souvent la colère des entreprises et des pays occidentaux comme les États-Unis, qui ont l’habitude, depuis longue date, d’intervenir auprès des gouvernements d’Amérique latine et d’Amérique du Sud et de détrôner lors de violents coups militaires des chefs élus démocratiquement.

Encore une fois aujourd’hui, des vagues de violence et des atrocités, ainsi que la mort de protestataires qui résistent à l’usurpation de leur processus démocratique, secouent la Bolivie. Alors que Jeanine Chávez a récemment fait des changements pour assurer la protection des services de sécurité contre des poursuites afin d’apaiser les protestations, la violence et la répression par l’État ne feront qu’augmenter. En ne condamnant pas ces gestes comme étant un coup d’État, des actions contraires aux principes fondamentaux de la démocratie, le Canada se rend complice de ces violations des droits de la personne.

Afin de comprendre cette situation qui évolue constamment, Unifor a envoyé son directeur du Service des relations internationales, Mohamad Alsadi, à Mexico pour rencontrer directement le président Morales. Cette rencontre a permis de réaffirmer notre soutien et notre solidarité envers le peuple de la Bolivie.  

Unifor demande au gouvernement fédéral de condamner publiquement le coup d’État et de réprouver le poste provisoire illégitime de Jeanine Chávez. Nous demandons le déplacement sûr et le retour d’Evo Morales dans son pays d’origine. Laissons les Boliviens exercer leur propre droit démocratique de choisir un gouvernement dans le cadre d’un nouveau tour de scrutin, des élections qu’Evo Morales avait d’ailleurs approuvées avant d’être contraint à l’exil. Nous vous encourageons également à discuter directement avec Evo Morales, comme nous l’avons fait, afin d’obtenir un compte rendu de première main de ce qui s’est passé en Bolivie et des secteurs dans lesquels le Canada peut offrir du soutien. Le Canada ne peut pas prétendre soutenir la démocratie tout en facilitant l’instauration d’une dictature militaire répressive. Nous avons confiance que votre gouvernement et vous ferez marche arrière et appuierez la population de la Bolivie.

Veuillez prendre connaissance des déclarations suivantes faites par d’autres organisations partageant la même opinion, en cliquant sur les liens ci-dessous:

https://www.ituc-csi.org/Cris-Bolivie-resolu-par-les-urnes

http://www.industriall-union.org/industriall-condemns-the-coup-in-bolivia

https://www.ueunion.org/statement/2019/ue-condemns-coup-in-bolivia

Veuillez agréer, monsieur le Ministre, l’expression de mes sincères salutations,

JERRY DIAS

PRÉSIDENT NATIONAL

JD\sd sepb343

cc: L’honorable premier ministre Justin Trudeau