Le Conseil des médias d’Unifor s'unit pour résister aux menaces commerciales américaines et défendre le journalisme canadien

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A large group posing in a conference room
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Le Conseil des médias d’Unifor a célébré son 31e anniversaire à Victoria, en Colombie-Britannique, cette année à l’hôtel Empress, réunissant des déléguées et délégués venus de partout au pays afin de discuter des effets de la guerre commerciale américaine sur le secteur des médias, de la lutte contre la désinformation et de la couverture de sujets sensibles.

La présidente nationale d’Unifor, Lana Payne, a déclaré au conseil que « le chantage est réel » en ce qui concerne les tarifs douaniers et les tactiques d’extorsion du président américain Donald Trump.

« Il est maintenant douloureusement évident que l’objectif de l’administration Trump est de gravement affaiblir l’économie canadienne et de délocaliser la production et la fabrication aux États-Unis. Il ne s'arrêtera toutefois pas à cela », a déclaré Mme Payne dans son allocution.

« Il s’attaquera au secteur des médias. Il s’attaquera à nos télécommunications. Il ne manquera pas de s’attaquer aux produits laitiers et à tout le reste. »

Mme Payne a conclu par un message de solidarité à l’intention des travailleuses et travailleurs des médias.

« Nous sommes véritablement la démocratie dont le monde a besoin en ce moment », a-t-elle déclaré. 

« Nous devons avoir le courage de résister et de lutter pour le type de monde que nous savons bel et bien possible. »

Dans son allocution, la présidente du Conseil des médias d’Unifor, Julie Kotsis, a déclaré que le secteur des médias subissait des attaques à de nombreux niveaux, notamment par l’intelligence artificielle, « le financement, la réglementation et les monopoles des grandes entreprises américaines qui ont changé la donne ».

Mme Kotsis a exhorté le conseil à soutenir la campagne Protégeons les emplois au Canada d’Unifor, soulignant que « 92 % des revenus du numérique filent désormais tout droit vers des plateformes non canadiennes, ce qui met en péril la viabilité des médias canadiens ».

Elle a adressé un message de solidarité à toutes les personnes présentes dans la salle.

« Abonnez-vous à un service de nouvelles, abonnez-vous au câble, regardez vos nouvelles indépendantes, achetez un journal et protégez les médias canadiens, dans le but de protéger les emplois canadiens », a-t-elle déclaré.

La première journée du conseil s’est ouverte avec les percussionnistes autochtones Christine Sam et Bertha Dick.

Gavin McGarrigle, directeur de la région de l'Ouest d'Unifor, a informé les déléguées et délégués au sujet des dernières grèves et victoires, du rôle d’Unifor dans les changements politiques partout au Canada, et a salué l’essor des médias d’information créés par des travailleuses et travailleurs mis à pied, inspirés par des journalistes qui ont transformé les fermetures de Glacier Media en mars 2025 en une coopérative de journaux appartenant aux travailleuses et travailleurs des Tri-Cities

« J’ai soutenu la section locale 2000 lors de sa conférence de presse et du lancement de sa campagne de financement cet été », a-t-il déclaré. « Son histoire incarne ce qui se passe lorsque les journalistes et les communautés prennent leur avenir en main. »

M. McGarrigle a également critiqué le premier ministre de la Colombie-Britannique, David Eby, pour ne pas avoir exempté les journaux des frais de recyclage, une mesure que le gouvernement de l’Ontario a supprimée en 2022, mais que la Colombie-Britannique n’a pas encore mise en œuvre.

« Nous continuerons à faire pression jusqu’à ce que le gouvernement Eby exempte les journaux et prenne des mesures pour protéger les journalistes locaux », a-t-il déclaré.

L’intervenant principal, Tchadas Leo, journaliste et producteur de médias à CHEK News, a partagé son parcours professionnel non linéaire, qui a débuté à l’âge de 12 ans par du bénévolat au sein d’une chaîne de télévision communautaire, suivi d’emplois dans la restauration et la vente d’automobiles, avant de revenir au journalisme pendant la pandémie de Covid. 

Il a décrit son héritage métissé – Première Nation Homalco, péruvien et argentin – et la manière dont cet héritage a façonné son identité et sa façon de raconter. Le conduisant à créer les baladodiffusions « Our People, Our History » et « Indigenous Voices of Vancouver », qui lui ont valu finalement des récompenses nationales.

« Je n’ai jamais vu quelqu’un comme moi derrière un bureau, quelqu’un qui me ressemblait », a-t-il déclaré. 

« J’aimerais tellement voir quelqu’un qui me ressemble. Je me rends compte maintenant que j’ai toujours eu cela au fond de moi et que cela nourrit vraiment une grande partie de ce que je fais aujourd’hui. Je suis devenu le premier membre de la nation Homalco à présenter et à parler notre langue sur notre territoire. »

Il a souligné que la réconciliation dans les médias passe par la collaboration, et non par l’isolement.

« S’il n’y avait que les Autochtones pour raconter ces histoires, ce ne serait pas suffisant. Ce seraient 100 ou 1 000 histoires en plus qui nous feraient défaut... pourquoi ne pas faire ce travail ensemble? », a-t-il conclu.

Après la présentation de Leo, les déléguées et délégués ont visité le Parlement de la Colombie-Britannique.

La deuxième journée du conseil a débuté par une table ronde stimulante sur la manière de rendre compte avec empathie des questions liées aux crises sociales.

Le panel a examiné la manière dont les journalistes couvrent la crise du logement, des addictions et des surdoses, en particulier dans le quartier de l’avenue Pandora à Victoria, en Colombie-Britannique. Les journalistes Kori Sidaway de CHEK News à Victoria, Nancy Macdonald du bureau de Vancouver du Globe and Mail et Olivier Laurin de Black Press Media à Victoria et Courtenay, en Colombie-Britannique, ont partagé leurs expériences personnelles, les défis éthiques et les enseignements tirés en matière de traumatisme et de représentation lorsqu’ils couvrent des communautés en crise. 

Pour instaurer la confiance, il faut d’abord écouter, puis enregistrer, et montrer aux gens qu’on les voit et qu’on les utilise pas.

« On s’efforce d’aborder ses reportages avec une certaine empathie, mais aussi avec l’humilité de reconnaître que l’on ne comprend pas vraiment. En effet, on n’a pas été à leur place », a déclaré M. Sidaway. 

 « Nous sommes très conscients que notre journal télévisé de 17 h est diffusé pendant que les gens sont en train de souper. Nous n’avons pas besoin de montrer quelqu’un en train de se droguer. Ce que nous exposons, c’est la manière dont les individus en sont arrivés là. »

Les déléguées et délégués se sont répartis en petits groupes pour participer à deux ateliers : une boîte à outils sur la santé mentale pour les professionnelles et professionnels des médias et la création de son propre média.

Dans son rapport, Randy Kitt, directeur des médias d’Unifor, a mis en garde le groupe contre les menaces politiques qui pèsent sur la politique des médias.

« Les Américains ne veulent rien payer et veulent profiter gratuitement de tout ce que nous avons ici », a déclaré M. Kitt. 

« De nombreuses parties prenantes assistent à ces audiences [du Conseil de la radiodiffusion et des télécommunications canadiennes] et de nombreuses visions différentes pour l’avenir de la radiodiffusion canadienne coexistent. Mais Unifor est l’une des seules voix qui parle des travailleuses et travailleurs et de l’emploi. Il n’est pas certain que ces auditions donnent les résultats nécessaires pour garantir un paysage médiatique canadien en santé, ce qui inclut des nouvelles locales correctement financées. » 

M. Kitt a également mis l’accent sur l’IA.

« Ce n’est pas seulement un problème qui touche l[e secteur d]es médias, c’est un problème qui nous dépasse toutes et tous, mais ne vous y trompez pas, nous sommes en plein cœur de la tempête », a-t-il déclaré. 

« Mais si nous sommes actifs au sein de notre syndicat, notre syndicat sera actif pour nous sur ce front. Je pense que l’IA aura sa place dans notre avenir à toutes et à tous, mais si nous parvenons à nos fins, elle ne remplacera pas les travailleuses et travailleurs. Elle aidera les travailleuses et travailleurs. Et lorsque nous parlons de garde-fous pour l’IA, cela doit signifier une surveillance humaine. »

Trevor Dixon, du Plan d’action Médias, a présenté sa récente campagne percutante Vérification des faits, qui vise à rappeler aux Canadiennes et Canadiens que les nouvelles provenant d’une source fiable sont des nouvelles qui ont été vérifiées, examinées et validées.

Rob Germain, chef de la direction de CHEK News, a raconté l’histoire édifiante de CanWest. Lorsqu’elle a annoncé la fermeture de la chaîne de télévision en 2009, la majorité des employées et employés qui ont investi pour la sauver étaient des membres d’Unifor, qui détiennent encore aujourd’hui près de 300 000 $ d’actions de CHEK. 

« Nous voici, plus de 16 ans plus tard. Toujours indépendants, toujours locaux et toujours détenus par les employées et employés », a-t-il déclaré.

M. Germain tire profit du travail acharné de Richard Konwick, alors président d’Unifor Media One, qui a mené la charge, « le ciment qui a aidé les employées et employés à rester soudés, et à ne jamais abandonner ».

« CHEK redéfinit les médias non pas par la technologie ou l’image de marque, mais par la propriété et la confiance », a ajouté M. Germain. « Lorsque les personnes qui recueillent les nouvelles sont propriétaires de la salle de rédaction, leur seule loyauté est destinée à leur communauté, et non aux actionnaires qui recherchent des profits trimestriels. »

L’économiste Jim Stanford a ouvert la dernière journée du conseil par un exposé sur les mensonges du président américain Donald Trump lorsqu’il s’agit de justifier ses tarifs douaniers punitifs à l’encontre du Canada.

« Trump se tire une balle dans l’un de ses pieds en rendant les intrants plus coûteux pour les entreprises américaines, et dans l’autre pied en nuisant à l’économie de son plus gros client », a-t-il déclaré.

« Le taux de chômage est passé de 5 % à 7 %... uniquement à cause de Donald Trump. »

M. Stanford a encouragé le gouvernement canadien à adopter une stratégie plus ferme consistant à serrer les coudes et a établi un lien entre l’économie et la liberté des médias.

« Les forces de droite aux États-Unis ont utilisé la désinformation pour arriver là où elles sont, a-t-il déclaré. Elles veulent faire la même chose au Canada. Défendre la viabilité, la responsabilité, le caractère canadien des médias et la sécurité des travailleuses et travailleurs des médias... c’est essentiel dans la lutte pour le Canada que nous voulons. »

Les déléguées et délégués ont écouté Gina Smoke, directrice des relations avec les Autochtones à Unifor, expliquer comment les journalistes peuvent faire preuve de respect et d’empathie lorsqu’ils traitent de sujets liés aux Autochtones. 

Jennifer Moreau, représentante nationale d’Unifor, a fait le point sur les campagnes et les actions de la Fédération internationale des journalistes.

La section locale 614-M d’Unifor au Québec a reçu cette année le Prix du recrutement du conseil pour la station de radio montréalaise CJAD-800, station qui dessert 90 % du marché anglophone. Cette dernière a, en effet, fait preuve de courage en incitant les travailleuses et travailleurs à signer des cartes syndicales malgré des décennies d’intimidation de la part de leurs patrons, de désinformation et d’injustice.

« Pendant des décennies, si quelqu’un murmurait le mot "syndicat", il était automatiquement licencié sur-le-champ par la direction », a déclaré Stéphane Giroux, président de la section locale 614-M, soulignant que les membres espèrent décrocher leur première convention collective avant Noël.

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Media Contact

Jenny Yuen

Représentante aux communications
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