
Partager
La population canadienne se trouve devant une menace sans précédent pour sa souveraineté culturelle et politique. La récente menace du président américain Donald Trump d’imposer des tarifs douaniers de 100 % sur les films étrangers n’est que la plus récente provocation, et son administration a également soulevé des préoccupations concernant la taxe sur les services numériques et certaines nouvelles obligations découlant de la Loi sur la diffusion continue en ligne et de la Loi sur les nouvelles en ligne.
La guerre commerciale actuelle avec les États-Unis soulève d’importantes questions quant à l’indépendance culturelle, politique et économique du Canada. Les menaces de Donald Trump mettent en péril des dizaines de milliers d’emplois bien rémunérés dans le secteur des médias, ainsi que des milliards de dollars de production économique annuelle et de recettes fiscales pour le gouvernement. Mais la crise actuelle ne concerne pas que l’emploi et le produit intérieur brut.
L’accès à des nouvelles locales de qualité n’a jamais été aussi important, et nous apprenons à nos dépens que les nouvelles locales jouent un rôle essentiel dans une démocratie saine et dynamique. Le moment est venu de discuter du rôle du journalisme dans une démocratie saine, ainsi que de l’importance des nouvelles locales, du journalisme et de la création culturelle en général comme moyens d’explorer et de communiquer l’expérience canadienne.
Au-delà des impacts économiques du secteur des médias et du rôle essentiel qu’il joue dans une démocratie saine, la guerre commerciale actuelle menace également le patrimoine et l’histoire uniques du Canada en ce qui concerne les langues et les cultures anglo-canadiennes, franco-canadiennes, québécoises, autochtones et immigrantes. Un secteur des médias sain et prospère permet aux Canadiennes et Canadiens de rester informés, de partager leurs histoires, de s’exprimer dans toutes les langues, et de mieux comprendre le monde qui les entoure.
Pour être tout à fait clair, la population canadienne dispose du droit incontestable d’établir ses propres lois, règlements et politiques concernant le secteur canadien des médias. Unifor réitère que les droits linguistiques, la souveraineté culturelle et les choix démocratiques d’un peuple ne peuvent pas être soumis aux règles du commerce international.
Soutenir les productions cinématographiques et télévisuelles canadiennes de classe mondiale
Le secteur canadien de la production télévisuelle et cinématographique est véritablement de classe mondiale. Les producteurs étrangers, y compris les grands studios et diffuseurs en continu américains, ont depuis longtemps choisi de travailler au Canada non seulement pour l’excellente proposition de valeur offerte grâce au soutien et aux investissements stratégiques des gouvernements, mais aussi pour notre infrastructure de production, notamment notre main-d’œuvre expérimentée, professionnelle et hautement qualifiée dans le secteur des médias.
La récente menace du président Trump d’imposer des tarifs douaniers de 100 % sur les films étrangers entraînera des coûts inutiles pour les producteurs américains de télévision et de cinéma, des coûts qui seront probablement refilés aux consommateurs américains. De plus, la façon dont ces tarifs seraient appliqués demeure vague, tout comme leur légalité.
Les équipes et les professionnels de la création canadiens ont collaboré avec des partenaires internationaux pour produire des contenus acclamés comme Murdoch Mysteries, Schitt’s Creek, Allegiance, Murder In A Small Town, Law and Order Toronto: Criminal Intent et Wild Cards. Le Canada demeure un lieu fiable et stable pour les investissements dans les médias, et nous continuerons d’accueillir des productions du monde entier.
Nous avons plus que jamais besoin que tous les ordres de gouvernement collaborent étroitement pour faire en sorte que l’industrie canadienne de la production intérieure soit appuyée et financée de façon adéquate pour pouvoir continuer de prospérer malgré les circonstances actuelles difficiles. Pour ce faire, le gouvernement fédéral nouvellement élu doit respecter sa promesse électorale consistant à faire en sorte que CBC soit un diffuseur national financé adéquatement pour que la société puisse continuer de partager les histoires canadiennes et d’employer des milliers de techniciennes et techniciens, d’actrices et acteurs et autres membres de la production ici même au Canada.
Défendre les nouvelles locales
Les nouvelles locales obligent les autorités à rendre des comptes et renforcent la démocratie et le sentiment de communauté, et elles n’ont jamais été aussi importantes.
La création d’une programmation pertinente à l’échelle locale, y compris les nouvelles, a toujours été un pilier de la politique canadienne en matière de radiodiffusion. Les recettes et les auditoires attirés par la distribution de contenus étrangers (principalement américains) ont permis aux radiodiffuseurs canadiens de financer la programmation et les nouvelles locales. Ce modèle de soutien croisé a été le principal vecteur de financement des nouvelles locales pendant des décennies. Cependant, ce modèle a irrémédiablement été perturbé par les nouvelles technologies, les défaillances réglementaires, et le changement des habitudes de consommation qui en a découlé.
Jusqu’à récemment, les géants étrangers de la diffusion numérique en continu comme Netflix et Amazon bénéficiaient d’un « passe-droit » en matière de directives réglementaires et d’obligations de financement. Les diffuseurs numériques ont été autorisés à vendre leur produit directement auprès des consommateurs canadiens, contournant ainsi la réglementation, les obligations de financement et d’autres exigences auxquelles les diffuseurs canadiens se sont conformés pendant des décennies.
Ce déséquilibre réglementaire, c’est-à-dire l’inégalité des règles du jeu entre les radiodiffuseurs canadiens traditionnels et les géants étrangers de la diffusion numérique en continu, est en grande partie responsable de l’effondrement du modèle financier qui a soutenu la télédiffusion pendant des décennies. Ce modèle financier traditionnel a également favorisé la création d’émissions et de nouvelles locales.
La taxe sur les services numériques, la Loi sur la diffusion continue en ligne et la Loi sur les nouvelles en ligne constituent des avancées importantes puisqu’elles obligent les géants étrangers de la diffusion numérique en continu à payer leur juste part à l’écosystème médiatique canadien. Les nouvelles sources de revenus découlant de ces mesures permettront de créer un modèle de financement plus stable et plus durable en vue de la création d’émissions locales et surtout de nouvelles locales.
Unifor continuera de soutenir et de défendre ces importantes mesures, et nous rejetons toute tentative de l’administration Trump de porter atteinte à notre droit d’établir nos propres politiques en matière de médias.
Unifor est le plus grand syndicat du secteur privé au Canada, représentant plus de 320 000 travailleuses et travailleurs dans tous les grands secteurs de l’économie. Le syndicat représente 10 000 travailleuses et travailleurs des médias au Canada, lesquels occupent divers emplois, notamment comme journalistes, imprimeurs, représentants publicitaires, livreurs de journaux, monteurs vidéo, caméramans, techniciens, rédacteurs, producteurs, documentalistes, spécialistes de l’entretien, animateurs, membres d’équipe de tournage et de plateau, assistants de production, développeurs de sites Web, réviseurs et éditeurs.