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Monsieur Bibic,
La menace des États-Unis d’imposer des tarifs douaniers sur les marchandises canadiennes cause beaucoup d’inquiétude, comme vous en conviendrez sûrement. Des tarifs injustifiés, de l’ampleur de ceux proposés par le président des États-Unis, vont bouleverser l’économie nord-américaine et nuire à la main-d’œuvre, aux entreprises et aux consommateurs des deux côtés de la frontière. La « guerre économique » menée contre le Canada, enhardie par une volonté déclarée (sérieusement ou non) d’annexer le Canada, pose une crise existentielle pour notre pays. Dans toute la société civile, les Canadiennes et Canadiens se dressent contre cette menace, comme ils doivent le faire. Alors qu'en tant que pays nous cherchons collectivement à composer avec cette crise et cette menace ouverte à notre souveraineté, le travail effectué par les Canadiennes et les Canadiens dans les secteurs des télécommunications, des médias et du journalisme est plus crucial que jamais.
Bell Canada et ses 20 000 employées et employés, représentés par Unifor, qui travaillent dans ses divisions des télécommunications et des médias, ne sont pas à l’abri de cette menace ou des conséquences d’une guerre commerciale. La possibilité réelle d’un ralentissement économique causé par l’imposition de tarifs douaniers nuira à l’ensemble de l’économie canadienne, et suscite des inquiétudes pour les sociétés, comme Bell, qui ont investi dans des actifs américains importants (par exemple, Ziply). En outre, les États-Unis se plaignent depuis de nombreuses années des politiques et des règlements canadiens en matière de télécommunications et de médias, qu’ils considèrent, à tort, comme des obstacles non tarifaires. Parmi ces politiques et règlements, mentionnons les règles sur la propriété étrangère en vigueur au Canada (conçues pour que les ressources de télécommunications stratégiques demeurent la propriété d’intérêts canadiens) et la taxe sur les services numériques (qui vise à rééquilibrer les modalités d’imposition des grands fournisseurs multinationaux de services numériques).
Les États-Unis se plaignent également au sujet des règles sur le contenu canadien et des mesures qui protègent le marché canadien de la télévision, lesquelles, de pair avec la langue française et le contenu québécois, sont essentielles pour préserver le contrôle canadien de notre paysage national de la radiodiffusion et des télécommunications. Nous nous attendons à ce que ces règles, tout comme d'autres politiques et règlements, soient injustement ciblées par les mesures de « réciprocité » annoncées par le président américain il y a quelques jours.
Ces tarifs douaniers et ces mesures commerciales dont nous menacent les États-Unis posent un réel danger pour le Canada, son industrie des communications et les travailleuses et travailleurs qui la bâtissent, fournissent les services et l’entretiennent. C’est pourquoi je demande à vous rencontrer, Monsieur, ainsi que tous les responsables de Bell Canada concernés, afin d’obtenir pour notre syndicat une évaluation complète de cette menace qui plane sur l’ensemble des activités de votre société et qui a une incidence sur nos membres.
Au cours de cette réunion, j’aimerais également vous demander de nous faire part des plans de Bell Canada pour atténuer cette menace économique et protéger les emplois au Canada, ainsi que de vos plans d’urgence pour lutter contre les menaces tarifaires. J’aimerais également connaître les possibilités envisagées par Bell Canada dans le but de développer ses activités, notamment par le biais du développement de l’infrastructure à large bande dans les régions rurales et isolées.
Il est important que notre syndicat comprenne ces plans et ait l’occasion de poser des questions, afin de nous assurer que les membres d’Unifor sont soutenus pendant cette période de crise.
Je vous remercie de votre attention et j’espère m’entretenir avec vous le plus tôt possible.
Cordialement,
Lana Payne,
Présidente nationale