Donnez aux travailleurs touchant le salaire minimum une chance de s’en tirer : tout le monde en bénéficiera

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Les emplois rémunérés au salaire minimum ne sont pas occupés que par les jeunes qui veulent gagner de l’argent de poche après l’école : ils constituent aussi un premier emploi sur le marché du travail pour les immigrants, les nouveaux diplômés et bien d’autres qui n’arrivent qu’à trouver un emploi à temps partiel et qui sont obligés d’en cumuler deux ou trois pour survivre.

Les derniers chiffres de Statistique Canada sur le marché de l'emploi révèlent que 70 pour cent des 44 000 nouveaux emplois créés en août sont des emplois à temps partiel le plus souvent occupés par des travailleuses et des travailleurs plus âgés. Et il y a fort à parier que ces emplois sont le plus souvent rémunérés au salaire minimum.

Au Canada, le salaire minimum varie entre 9 dollars en Alberta et 11 dollars au Nunavut, alors qu’il est établi à 10 dollars dans la plupart des provinces. La récente présentation d’Unifor à la Commission du salaire minimum de l’Ontario devrait figurer comme une lecture obligatoire pour tous les gouvernements.

Pensez-y :

  • En Ontario, le salaire minimum a été gelé pendant trois ans et demi à 10,25 dollars de l’heure, alors que les prix à la consommation ont augmenté de plus de 7 pour cent (indice d’ensemble des prix à la consommation mesuré par Statistique Canada pour l’Ontario). La baisse qui s’ensuivit sur les revenus réels des petits salariés est très injuste; elle a hypothéqué les finances des ménages et réduit les dépenses de consommation dans la province.
  • Par rapport au salaire moyen et à la productivité horaire moyenne, le salaire minimum en vigueur aujourd’hui en Ontario est considérablement plus bas qu’il ne l’était dans les années 1970.
  • Même en travaillant à temps plein pendant toute l’année, un travailleur célibataire et sans personne à charge, rémunéré au salaire minimum actuel, se retrouverait bien en dessous du seuil de faible revenu établi pour une personne seule (le seuil de faible revenu permet de mesurer la pauvreté relative).

Il est évident que le salaire minimum en vigueur en Ontario ne permet pas aux travailleuses et aux travailleurs de s’offrir et d’offrir à leurs personnes à charge un niveau de vie décent.

La proposition prise en compte par le gouvernement de l’Ontario pour hausser le salaire minimum à 14 dollars de l’heure n’enlèvera pas complètement le fardeau de pauvreté qui pèse sur les travailleurs à faible revenu. Mais il l’allégera un peu.

Unifor appuie cette proposition comme la première étape d’une plus vaste stratégie visant à assurer à tous les travailleurs un niveau de vie décent.

Nous sommes d’avis qu’il devrait être combiné, toutefois, à d’autres mesures comme des politiques s’adressant aux employeurs, des initiatives de formation et de placement et d’autres mesures politiques visant à augmenter les salaires jusqu’à ce que tous les travailleurs gagnent un « salaire suffisant ». Des études montrent qu’un salaire minimum vital se situe à environ 18 dollars de l’heure en Ontario, salaire qui permettrait à une famille de quatre, dont les deux parents travaillent, de payer les produits de première nécessité de leur famille.

Des économistes soutiennent qu'un salaire minimum plus élevé augmentera le chômage, mais quantité de données démontrent qu’il existe peu de rapport entre le salaire minimum et l’emploi.

Par ailleurs, un salaire minimum plus élevé pourrait vraiment avoir une incidence positive nette sur les emplois et la qualité de vie de tout le monde, car il augmenterait le pouvoir d’achat et les dépenses de consommation tout en aidant les familles à faible revenu à réduire leur niveau d’endettement.

Contrairement à la théorie de la percolation selon laquelle la richesse des plus nantis finit par atteindre les plus pauvres de la société, il a été démontré que l’augmentation du salaire minimum crée un effet de percolation inverse, c’est­à-dire vers le haut, qui profite à toute la collectivité de travailleuses et de travailleurs. En plus des avantages psychologiques et sociaux découlant de la fierté de subvenir à ses propres besoins, un revenu familial plus élevé conduit à une plus grande demande de produits et de services, à des entreprises financièrement viables et à une collectivité généralement plus dynamique.

Évidemment, le contraire est aussi vrai, quand les jeunes n’ont pas les moyens de quitter le sous­sol de leurs parents, que les familles dépendent des banques alimentaires pour nourrir leurs enfants ou que les parents sans conjoint se voient contraints de jongler avec plus d’un emploi à temps partiel pour se sortir de la pauvreté.

Le gouvernement de l’Ontario peut et devrait faire davantage pour ses petits salariés. D’autant plus qu’en leur donnant la chance de jouir d’un niveau de vie décent, on relève la barre pour tout le monde.