Aucune excuse pour justifier des attaques à l’égard des journalistes

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Les bons journalistes posent des questions difficiles. Ils remettent en question ce que vous dites et vous avez intérêt à leur transmettre des faits exacts.

En réalité, des journalistes rigoureux m’obligent à mieux travailler et à mieux servir le public. Je sais que je dois être à la hauteur pour faire passer mon message. En me confrontant et en remettant en question d’autres choses aussi dans leurs reportages, les journalistes jouent un rôle inestimable. Leur travail est au cœur d’une démocratie en santé.

Or, tout le monde n'est pas d’accord avec ce fait.

Le photojournaliste du Toronto Sun, Stan Behal, s’est fait attaquer le 11 août en faisant son travail lorsqu’il prenait des photos et filmait une vidéo lors d’une manifestation contre la haine à l’extérieur de l’hôtel de ville à Toronto. Avec un œil fermé et l’autre regardant dans le viseur de son appareil, Stan Behal n'a pu voir l’attaque arriver. Cette agression était non provoquée et l’agresseur est encore en liberté.

Il n’est pas important que Stan Behal travaille pour le Sun, un journal que certains gauchistes aiment critiquer. Il n’est pas important que son agresseur assistât à une manifestation contre le fascisme, un point soulevé dans les médias sociaux par des gens de droite. Il n’est pas important que Stan Behal soit membre d’Unifor, et siège même à l’exécutif d’une de nos sections locales des médias.

Ce qui est important, c’est qu’il s’agit d’un journaliste qui faisait son travail. Et, c’est pour cette raison qu’il semble avoir été attaqué.

La vidéo de l’incident est difficile à regarder. Pour être honnête, c’est une scène qu’on s’attendrait de voir à une manifestation pour le président des États-Unis, Donald Trump, où poussés par le président lui-même, des partisans ont été reconnus pour avoir menacé des journalistes qui font tout simplement leur travail.

La liberté de la presse semble vraiment menacée aux États-Unis, en raison du président et de ses sympathisants. Sa qualification répétée de journalisme honnête en parlant de « fausses nouvelles », les attaques et les menaces à l’égard des journalistes mettent en péril la liberté de presse.

Maintenant, cette menace semble s’être déplacée au nord, avec l’attaque la fin de semaine dernière et la récente accusation de fausses nouvelles de Lisa MacLeod, ministre des Services à l’enfance et des Services sociaux et communautaires de l’Ontario, bien qu’elle se soit excusée par la suite.

Une personne qui s’identifie comme un progressiste ne devrait pas se retrouver du même côté d’un argument que Trump, qui a constamment qualifié les médias comme l’ « ennemi du peuple ».

Trump et ses sympathisants s’en prennent aux médias parce qu’ils ne veulent pas que la vérité sorte. Or, les progressistes devraient plutôt vouloir que la vérité soit connue. Il y a trop d’injustices dans notre société qui doivent être exposées, et cette vérité ne peut sortir que si la presse est libre et en mesure de faire son travail sans intimidation.

Il est bon de se souvenir aussi que les femmes en journalisme subissent souvent des abus dans leur travail, des abus physiques et sexuels en direct devant la caméra et des attaques sexistes et des menaces dans les médias sociaux.

De fait, une photographe pigiste à la manifestation a raconté sur Instagram par la suite comment elle a été confrontée par des manifestants la traitant de « honte » et de « fausses nouvelles », alors qu’un type tentait de lui arracher son appareil.

« Les médias ne sont pas l’ennemi, nous ne voulons pas vivre dans une société sans médias libres », a-t-elle écrit.

Ce comportement est inexcusable. Le fait est que les progressistes qui s’en prennent à la presse alimentent les gens de droite qui font la même chose. Nous en souffrons tous en conséquence.

La police est restée passive devant l’attaque perpétrée contre Stan Behal, inquiète qu’une arrestation immédiate provoque la foule. La police de Toronto a fait enquête et un homme de 29 ans a depuis été accusé.

Dans des comptes rendus vidéo sur l’agression, mis à part ceux qui semblent soutenir l’agresseur, d’autres peuvent être entendus en arrière-plan s’opposant contre l’attaque, ce qui me donne un peu d’espoir. Ce n’est qu’avec le soutien du public que nous pouvons espérer conserver une presse libre.