Les temps changent

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Par : Ken Lewenza et Dave Coles
Le 4 juin 2013

Le 30 mai sera une date à retenir. Cette journée-là, des milliers de personnes étaient à l’écoute – certaines en personne, plusieurs en ligne – pour découvrir le nom tant attendu de notre nouveau syndicat. Le nom « Unifor » est apparu à l’écran en plein cœur d’un événement public spectaculaire à Toronto. Le nouveau nom était affiché à côté d’un nouveau logo audacieux – un bouclier arborant une lettre « U » stylisée représentant l’union de nos deux syndicats. On pouvait pratiquement entendre les 200 participants dans la salle retenir leur souffle, pour se livrer ensuite à une salve d’applaudissements au moment du dévoilement du nom. Le projet de renouvellement syndical le plus anticipé de l’histoire du syndicalisme au Canada portait enfin un nom et une identité. Unifor : le nouveau syndicat canadien.

Les jours suivant le lancement, plusieurs personnes nous ont demandé : pourquoi Unifor? Le nom leur plaît, mais sans trop le comprendre. D’autres disent que c’est un changement rafraîchissant, quelque chose de nouveau. Et certains estiment que nous avons raté la cible, ce qui est correct aussi.

Une chose est certaine, Unifor fait parler les gens. Pas seulement nos membres, mais le public en général. Et c’est une bonne nouvelle. Les principaux réseaux de télévision et de radio, ainsi que les grands quotidiens partout au Canada et dans le monde ont diffusé la nouvelle. Des sondages en ligne ont surgi un peu partout, demandant aux gens de voter sur le nom. Des médias alternatifs ont aussi largement couvert la nouvelle. Des experts en marketing ont tenté de disséquer le nom. Et les sites des médias sociaux ont affiché des conversations très animées (en fait, « Unifor » a été un sujet chaud sur Twitter partout au Canada).

Unifor est un nom unique qui attire l’attention. Une des raisons de son attrait, comme nous l’avons constaté depuis le lancement, c’est qu’il est difficile à ignorer. Et son ambiguïté est intentionnelle. Nous voulons qu’il ait un sens à la fois différent et personnel pour nos membres de plus en plus diversifiés.

Unifor sera un syndicat pour les travailleuses et travailleurs. Mais, ce sera aussi un syndicat pour les personnes sans emploi et les travailleurs autonomes, un syndicat pour les femmes et les jeunes travailleuses et travailleurs, un syndicat pour tous. Voilà justement sa force.

Pendant trop longtemps, l’image des syndicats leur était imposée, notamment par des opposants qui disposaient de ressources considérables. Les syndicats ont toujours mis de l’avant des idées nouvelles, progressistes, en vue de créer une meilleure société. Pourtant, notre image a été ternie, comme si nous nous battions constamment « contre » les décisions des autres. Unifor va exercer des pressions en faveur d’idées positives et progressistes, et ne se laissera pas coincer dans une image de lutte « contre » de mauvaises idées. Notre objectif est de contribuer à établir un programme progressiste.

En tant que syndicat national canadien, il est essentiel que notre nom soit bilingue. En français, le nom combine les termes « unis » et « fort ». Unifor reflète, dans les deux langues, les valeurs de base que notre syndicat défend : l’unité et la solidarité, la force et la détermination, et une perspective moderne tournée vers l’avenir.

Notre nouveau nom est dynamique et versatile. Ses applications possibles sont aussi diversifiées que nos membres. Il reflète le travail intense que notre syndicat compte déployer pour améliorer la vie de l’ensemble des Canadiennes et Canadiens. Unifor est un syndicat fort, fondé sur des principes et inclusif. De nouveaux moyens d’adhésion vont redéfinir les critères établissant qui peut être membre du syndicat, et modifier en profondeur le paysage du syndicalisme.

Un syndicat fort protège, défend ses membres et milite pour des lieux de travail plus sécuritaires, une plus grande sécurité d’emploi, et de meilleurs salaires et avantages sociaux. Ce message a été exprimé haut et fort par les membres et le public en général, jeune et moins jeune. Le logo du bouclier reflète ce sentiment de protection et de force.

Les couleurs – un rouge et un bleu en caractères gras – ont été choisies pour que Unifor se démarque et puisse être facilement reconnu. Le rouge vif exprime notre passion et notre engagement à l’endroit de nos membres. Nous serons facilement reconnaissables.

Cela dit, il est difficile de se départir du passé. Nos syndicats ont chacun une longue histoire, dont ils sont fiers, une histoire qui est définie autant par nos combats que nos succès. Nous allons garder ces souvenirs avec nous, dans notre esprit et notre cœur, alors que nous empruntons un nouveau chemin et relevons de nouveaux défis.

Nous ne serions pas honnêtes de dire que le changement ne nous fait pas peur. L’inconnu est toujours déstabilisant. Mais si nous n’évoluons pas, le mouvement va s’éteindre, et les travailleuses et travailleurs vont souffrir. Le Canada est en train de devenir une société plus inégale, plus inéquitable et moins inclusive. Si nous n’avions pas décidé d’évoluer, nous aurions trahi ceux qui nous ont précédés.

Les TCA ont choisi de changer en 1985 lorsqu’ils se sont séparés de leur principal syndicat établi aux États-Unis pour former, avec beaucoup d’audace, une nouvelle organisation. Changer, c’est aussi ce qui a uni les travailleuses et travailleurs canadiens des communications, de l’énergie et du papier en un tout nouveau syndicat puissant et diversifié en 1993. Ces changements ont été décidés pour améliorer les conditions de vie au Canada.

N’oublions jamais notre histoire, mais accueillons le changement. Il a bien servi notre syndicat dans le passé. Nous sommes convaincus qu’il nous servira bien à l’avenir, grâce à Unifor.

Ken Lewenza est le président national des Travailleurs canadiens de l’automobile (TCA) et Dave Coles est le président national du Syndicat canadien des communications, de l'énergie et du papier (SCEP).