Le Canada dissociera-t-il la croissance économique des émissions de carbone?

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Depuis l’avènement de la révolution industrielle il y a environ 250 ans, la croissance économique dépend de la croissance des émissions de combustible fossile. La croissance économique sans précédent historique qu’est le produit du développement industriel a considérablement amélioré la qualité de vie. Les gens ayant des revenus plus élevés vivent une vie plus longue, plus saine, plus sûre et plus heureuse. Cependant, comme nous l’avons appris au cours des 50 dernières années, l’accumulation de gaz à effet de serre (GES) dans l’atmosphère est la principale cause des changements climatiques incontrôlées, lesquels représentent une menace pour la civilisation elle-même.

Le défi consiste à « dissocier » la croissance économique des émissions de GES. Historiquement, pour qu’une économie augmente son revenu national, elle doit brûler encore plus de combustibles fossiles. La croissance du PIB et les émissions de GES doit être dissociée, et une combinaison de facteurs technologiques et stratégiques offre la possibilité (pour la première fois de l’histoire) d’accroître le PIB tout en diminuant les gaz à effet de serre.

Certaines sociétés ont déjà commencé cette dissociation (voir le tableau ci-dessous). Depuis 2005, les États-Unis ont réussi à augmenter leur PIB de 21 % tout en réduisant leurs émissions carboniques de 13 %. Différents facteurs technologiques et stratégiques semblent être en jeu ici, dont les normes sur les émissions des véhicules, une dépendance réduite à l’électricité alimentée au charbon, la révolution schisteuse, et l’explosion des énergies renouvelables comme le vent et le soleil. L’Union européenne a également diminué sa croissance fondée sur les émissions, augmentant son PIB de 16 % depuis 2005 et réduisant son empreinte carbonique de 11 %.

Au Canada, le plan de la taxe sur les émissions carboniques du gouvernement libéral sera lancé en 2019. Espérons qu’il permettra de dissocier la croissance du PIB des émissions de gaz à effet de serre. L’Accord de Paris sur les changements climatiques demande une réduction de 30 % des gaz à effet de serre d’ici 2030, par rapport aux niveaux de 2005. Assurément, le Canada fait une utilisation plus efficace du carbone, n’ayant augmenté ses émissions que de 3 % depuis 2005 tout en augmentant son PIB de 23 %. Toutefois, le lien entre les deux demeure. Il est à espérer que la croissance continue des énergies renouvelables et une politique climatique intelligente permettront de dissocier la croissance du PIB des émissions de GES.