Lettre à Rod Phillips sur la nomination au poste de ministre Ministre des Soins de longue durée

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Le 23 juin 2021

ENVOYÉE PAR COURRIEL

 

L’honorable Rod Phillips, député

Ministre des Soins de longue durée

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Monsieur le Ministre,

 

J'aimerais profiter de cette occasion pour vous féliciter de votre nomination au poste de Ministre des Soins de longue durée. 

 

Unifor représente 30 000 travailleuses et travailleurs de la santé dans le système de soins de santé de l'Ontario, dont environ la moitié travaille dans le secteur des soins de longue durée, et nous comprenons l'incroyable urgence de mettre en œuvre des changements systémiques dans l'intérêt des résidents et du personnel.

 

Bien que nous apprécions les engagements pris par votre gouvernement en vue d'apporter des améliorations, pour la plupart, ils ne se sont pas traduits par un soulagement mesurable dans le secteur. Il n'y a pas eu d'amélioration visible des conditions de travail et, très franchement, lorsque les primes temporaires de pandémie prendront fin pour les préposés aux services de soutien à la personne en août, il pourrait y avoir un nouvel exode à mesure que l'économie se rouvrira et que des possibilités s'offriront à l'extérieur du secteur.

 

Je dois souligner que les travailleuses et travailleurs des SLD, toutes classifications confondues, sont traumatisés après avoir travaillé pendant ce qui ne peut être décrit que comme une crise humanitaire. Leurs histoires d'éclosions liées au « code rouge » sont tout simplement déchirantes. Ils ont été témoins de la mort de tant de résidents qu'ils aimaient tant, dans des conditions de travail insupportables, alors que leurs collègues tombaient malades de la COVID-19. Deux préposés aux services de soutien à la personne d'Unifor font partie des 24 travailleuses et travailleurs de la santé en Ontario qui sont morts de la COVID-19 contracté sur leur lieu de travail.

 

La réalité est que la pandémie a mis en lumière un système de soins de longue durée qui s'effritait. En décembre 2019, j'ai demandé au premier ministre Ford de passer un quart de travail avec moi dans une maison de soins infirmiers. C'était après qu'Unifor ait organisé une série de forums sur les SLD dans toute la province, en invitant tous les intervenants, y compris les travailleuses et travailleurs de première ligne, les familles, les employeurs, les éducateurs et les représentants du gouvernement. Un rapport compilé par la Coalition ontarienne de la santé, Caring in Crisis: Ontario’s LTC PSW shortage (Les soins en crise : la pénurie des préposés aux services de soutien à la personne dans les soins de longue durée en Ontario),  fait état de pénuries quotidiennes de personnel et de taux de roulement extrêmes, beaucoup quittant carrément le secteur. Les recommandations de ce rapport restent valables aujourd'hui.

Des mesures très concrètes peuvent être prises aujourd'hui. Ces mesures comprennent :

  1. Transparence : divulguer publiquement les heures de soins déclarées par tous les établissements de SLD avec vérification par le syndicat de chaque lieu de travail. Exiger la divulgation des heures supplémentaires, du recours aux agences et des ratios temps plein/temps partiel et occasionnel. Mettre en place une norme de 70 % de temps plein pour toutes les classifications.
  2. Rémunération : mettre en œuvre des ajustements salariaux permanents pour toutes les classifications de travailleuses et travailleurs des SLD. En dollars réels, ces travailleuses et travailleurs n'ont pas eu d'augmentation salariale supérieure à l'inflation depuis une décennie. Les modèles salariaux sont fixés par arbitrage et les arbitres n'ont pas été généreux. De nombreux travailleurs et travailleuses de SLD se sont vus refuser le maintien de l'équité salariale par méthode de comparaison par des employeurs à but lucratif, qui, à ce jour, combattent leur responsabilité devant les tribunaux. Ils sont aidés par le bureau du procureur général de l'Ontario. Les travailleuses et travailleurs de SLD du secteur à but non lucratif doivent être exemptés de la loi 124.
  3. Mettre en œuvre une campagne visant à inciter les milliers préposés aux services de soutien à la personne qualifiés qui ont quitté le secteur à y revenir. Un travail à temps plein avec des avantages sociaux ainsi que des ratios raisonnables entre le personnel et les résidents seront nécessaires pour y parvenir; si vous offrez ces conditions, ils viendront.
  4. Augmenter les heures à quatre heures de soins. Cette mesure devrait être mise en œuvre immédiatement, dans la mesure du possible.
  5. Rendre obligatoires dix jours de congé de maladie payés pour tous les travailleurs et travailleuses des établissements de SLD. Dans ce secteur plus que dans tout autre, venir au travail malade peut être mortel.

Je respecte le fait que vos intentions pour le secteur sont d'apporter des changements substantiels pour le bien des résidents et des travailleuses et travailleurs, mais le processus doit inclure les voix des travailleuses et travailleurs de première ligne et de leurs représentants. J'apprécierais une rencontre avec votre équipe dans les meilleurs délais.

Sincèrement,
 

Jerry Dias
Président national, Unifor