Le 16 avril 2020
ENVOYÉE PAR COURRIEL
L’honorable Stephen McNeil, député
Premier ministre de la Nouvelle-Écosse
Monsieur le Premier ministre,
Nous avons tous lu les rapports horribles qui émanent des établissements de soins de santé de tout le pays à la suite de la propagation de la pandémie de la COVID-19. Nous sommes conscients des conditions de travail et de vie inconcevables dans nos établissements de soins de longue durée, où les patients et les résidents meurent seuls, tandis que le personnel de santé surchargé risque d'être exposé à la COVID-19 en raison de l'insuffisance des équipements de protection individuelle; où les travailleuses et travailleurs sous-payés doivent souvent exercer plusieurs emplois pour joindre les deux bouts, ce qui met en danger la santé de leurs résidents, de leurs patients et la leur. La pandémie finira un jour, mais si des mesures concrètes ne sont pas prises pour protéger tous les travailleurs et travailleuses de première ligne, les patients et les résidents, les défis extrêmes qu'ils ont dû relever subsisteront.
La pandémie de la COVID-19 a mis en évidence les problèmes systémiques auxquels les travailleuses et travailleurs de la santé sont confrontés depuis des années. Le secteur s'est appuyé sur du personnel à temps partiel et occasionnel, dont plusieurs lieux de travail sont en manque de personnel, ce qui signifie que les patients et les résidents ne reçoivent pas les soins dont ils ont besoin ou qu'ils méritent. De telles conditions de travail rendent la transmission de toute maladie, la COVID-19 ou autres, d'un établissement à l'autre, nettement plus probable. Les solutions dont nous avons besoin pour lutter contre la COVID-19 sont les mêmes que celles dont nous avons besoin pour prévenir de futurs foyers, épidémies ou pandémies.
Le 15 avril, le Premier ministre a annoncé qu'il travaillerait avec les gouvernements provinciaux pour régler la question de la rémunération des travailleuses et travailleurs essentiels, y compris ceux des établissements de soins de longue durée. Cette évolution est encourageante, mais tant que les problèmes systémiques de nos systèmes de santé et de soins de longue durée ne seront pas résolus, nous risquons de répéter les erreurs du passé.
Je vous écris pour vous demander de répondre immédiatement aux préoccupations des travailleuses et travailleurs de la santé de première ligne concernant les problèmes systémiques et liés à la COVID-19 dans nos établissements de soins de longue durée, nos hôpitaux, nos services sociaux, nos foyers de groupe, nos maisons de retraite et nos résidences-services.
Ces mesures devraient comprendre:
- Exiger des services sociaux, des foyers de groupe, des résidences-services, des hôpitaux, des soins à domicile et des établissements de soins de longue durée qu'ils haussent leur personnel pour aider à fournir des soins sécuritaires;
- Permettre aux travailleuses et travailleurs d'avoir accès aux avantages et aux congés de maladie payés;
- Compenser la perte de revenu si une travailleuse ou un travailleur est limité à un seul établissement;
- Obliger les employeurs à fournir des fonds pour les frais supplémentaires de garde d'enfants, de transport et de logement alternatif si nécessaire;
- Fournir un EPI approprié à tous les travailleurs et travailleuses de la santé de première ligne;
- Mettre en place une prime minimale de 3 $ l'heure immédiatement pour tous les travailleurs et travailleuses de la santé de première ligne.
Pendant trop longtemps, on a laissé les conditions de travail et de vie se détériorer en raison du financement insuffisant de notre secteur des soins de santé.
Une leçon que nous devons tirer de cette pandémie est que nous ne pouvons pas nous permettre d'espérer que les pandémies soient un phénomène rare. Ce genre d'approche nous a rendus vulnérables à cette catastrophe et ne fera que garantir le même résultat tragique lorsque la prochaine surviendra. Il est trop tard pour une approche proactive, mais nous pouvons corriger les erreurs du passé. Je vous demande instamment, à vous et à votre gouvernement, de veiller à ce que ces mesures soient mises en œuvre immédiatement et de manière permanente. Les résidents, les patients et en fait toute personne vulnérable méritent les meilleures conditions de soins possibles. Il en va de même pour nos héros et héroïnes de la COVID-19, qui avaient déjà prouvé qu'ils méritaient une indemnisation équitable et une protection adéquate bien avant que cette pandémie ne frappe.
Sincèrement,
Linda MacNeil
Directrice de la région de l’Atlantique d’Unifor
