Une réforme électorale est un débat important pour le pays

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Message du président et photo de Jerry Dias
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Article publié dans le Huffington Post du 16 juin 2016

Votez avec votre cœur. Votez pour la personne de votre localité et du parti national qui va le mieux s’attaquer à vos préoccupations.

Voilà l’idéal de la manière dont les élections sont censées fonctionner, et le principe directeur des personnes qui réclament depuis longtemps une réforme électorale afin de remplacer notre système de scrutin majoritaire uninominal à un tour par une certaine forme de représentation proportionnelle.

Le débat est important, et notre gouvernement fédéral est déterminé à le lancer. Il a même réservé un poste au cabinet pour développer un nouveau système électoral au pays.

J’accueille ce débat, et Unifor va certainement participer à la discussion des avantages et inconvénients liés au fait de changer notre système électoral, y compris en tenant un débat sur la question lors de notre congrès national au mois d'août.

Il est certainement facile de comprendre pourquoi tant de personnes apprécient l’idée de la représentation proportionnelle. Les Canadiens ont été gouvernés pendant dix ans par un gouvernement conservateur qui n’avait pas l’appui de la majorité de la population. Un plus grand nombre de personnes ont voté soit pour les libéraux ou les néodémocrates plutôt que pour les conservateurs, et pourtant le parti de Stephen Harper a pu obtenir un mandat et imposer des changements massifs et régressifs au pays.

Finalement, l’automne dernier, les électeurs ont délogé les conservateurs en s’unissant derrière les libéraux afin de mettre fin à l’ère destructrice de Harper. Mais, ce faisant, il a fallu voter de manière stratégique; ce qui signifie que des électeurs n'ont pu voter en fonction de leur premier choix et ont pris la difficile décision de soutenir le parti qu'ils croyaient être le plus fort pour défaire les conservateurs.

Voter de manière stratégique est une réponse raisonnable à un système de vote souvent déraisonnable, et j’ai défendu à l’occasion cette façon de faire dans le passé. Toutefois, cela a signifié lors des dernières élections fédérales que certains très bons députés, y compris Megan Leslie, à Halifax, et Craig Scott et Peggy Nash, à Toronto, ont été défaits. La perte de ces grands parlementaires diminue toute la Chambre des communes.

S’assurer que les gens ont la possibilité de voter pour les politiciens qu’ils considèrent être en mesure de mieux les représenter est un principe important et vital pour maintenir la confiance des électeurs envers le système.

C’est pourquoi j’accueille le geste du gouvernement libéral de revoir la composition du comité parlementaire afin d’étudier la question d’une réforme électorale. Plutôt que d’avoir une majorité de libéraux au comité, en conservant la tradition parlementaire voulant que les comités reflètent la répartition des sièges à la Chambre des communes, le comité formé de 12 membres est maintenant composé de cinq libéraux, trois conservateurs, deux néodémocrates, et un siège est réservé au Parti vert et un autre au Bloc Québécois.

Ce qui signifie que les libéraux doivent obtenir l’approbation d’au moins un autre grand parti pour que le comité accepte une proposition de changement du système électoral, et ensuite de la soumettre au vote de la Chambre des communes.

Les conservateurs, qui se sont opposés pendant longtemps à la représentation proportionnelle (ce qui n’est pas surprenant compte tenu du fait que le scrutin majoritaire uninominal à un tour a fonctionné pour eux sous Harper), réclament maintenant un référendum sur tout nouveau système électoral.

En d’autres termes, puisqu’ils ont perdu le débat sur la question de changer le système, ils espèrent que ce processus de changement se transforme en un tel cirque de sorte qu'il ne verra jamais le jour.

La démocratie ne fonctionne pas de cette manière au Canada. Nous élisons des personnes pour nous représenter au gouvernement.
Les électeurs ont donné aux parlementaires le mandat de travailler au changement de notre processus électoral. Ils vont travailler dans le cadre d’un comité dont la composition a été rééquilibrée afin de s'assurer qu'aucun parti ne puisse dominer le débat, et il y aura de vastes consultations publiques sur ce qui sera proposé.

Cette initiative devrait rassurer les Canadiens que leur voix sera entendue, pourvu que nous saisissions l'occasion de prendre la parole lorsque nous en aurons la chance.

Unifor va saisir cette opportunité, guidé par l’orientation qui sera donnée au congrès au mois d’août.

J’exhorte tous les Canadiens à participer de façon semblable à ce débat important et à faire entendre votre voix.