Sauvons le programme sur l’éducation sexuelle

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Par Naureen Rizvi, directrice de la région de l’Ontario

La décision du premier ministre Ford d’abolir le programme sur l’éducation sexuelle pose un risque aux enfants, mais nous pouvons ensemble l’en empêcher et faire la bonne chose pour nos enfants.  

Avant la rentrée scolaire en septembre et la décision de ne plus transmettre des informations aux élèves sur leur corps et leur propre vie, c’est-à-dire des informations qui leur permettraient d’être plus en sécurité et en santé, nous devons exprimer notre appui au programme de 2015.

Si nous sommes suffisamment nombreux à dénoncer cette décision, le gouvernement la renversera et l’éducation dans cette province ne régressera pas. Les pressions du public ont déjà fait leur preuve. La ministre de l’Éducation, Lisa Thompson, a commencé à revenir sur la décision lorsqu’elle a été interpelée pendant la période de questions le lundi 16 juillet.  

Voici comment vous pouvez agir pour faire en sorte que les enfants en Ontario reçoivent une éducation sexuelle globale qui soit instructive et inclusive.

  1. Téléphonez à la ministre de l’Éducation tout de suite. Utilisez cet outil en ligne conçu par LeadNow pour contacter immédiatement le bureau de la Ministre.
  2. Téléphonez à votre nouveau député élu et exprimez-lui votre opinion. Assurez-vous que votre député sache que vous vous opposez à ce que les élèves soient privés de ces informations essentielles. Exprimez votre appui au programme de 2015 sans aucune partie retirée ou éditée. Trouvez votre député sur cette liste.
  3. Participez à des manifestions ou événements (ou organisez-en) pour défendre le programme 2015. En voici quelques-uns :

Queen's Park, événement en appui à la classe d’éducation sexuelle, Toronto

Le jeudi 19 juillet 2018

Plus d’information ici

Marche pour notre éducation, Toronto

Le samedi 21 juillet

Plus d’information ici

Ce n’est pas de « l’éducation sexuelle », c’est de l’éducation, Muskoka

Le samedi 21 juillet

Plus d’information ici

Pourquoi les enfants ont-ils besoin du programme sur l’éducation sexuelle de 2015?

Beaucoup de choses ont changé depuis 1998 lorsque le programme primaire a été mis à jour pour la dernière fois. L’ancien programme n'abordait pas les sujets du consentement, des familles LGBTQ, de la cyber-intimidation, du sextage, de l’identité de genre, et de bien d’autres sujets dont les enfants pourraient faire l’expérience. Ce programme a été rédigé bien avant la légalisation du mariage entre personnes de même sexe et avant que les médias sociaux ne fassent partie de notre vie quotidienne.

La décision de suspendre l’enseignement du programme de 2015 a été vivement contestée par le milieu de l’éducation, les parents et les élèves aussi.

Récemment, des éducatrices et éducateurs ont tenu une conférence de presse pendant laquelle ils ont raconté des témoignages d’enfants à qui ils avaient enseigné et qui avaient tenté de leur faire part de situations d’abus qu’ils avaient subies, mais n’avaient tout simplement pas les mots pour le dire. Écoutez ce puissant témoignage.

Glen Canning a perdu sa fille à la suite d’une série d’événements terribles. L’agression sexuelle et la cyber-intimidation qu’a subies sa fille, Rehtaeh Parsons, ont été perpétuées par ses pairs. Comme il l’a courageusement raconté à un journaliste du Toronto Star la fin de semaine dernière, il croit que si ces enfants avaient reçu l’enseignement prévu au programme de 2015, s’ils avaient appris ce que sont le consentement et les dommages causés par la cyber-intimidation, sa fille serait encore en vie.  

Une survivante d’abus sexuel qui a été retirée d’une classe d’éducation sexuelle a aussi partagé le fait que si elle avait reçu des informations sur son propre corps et son autonomie corporelle, elle aurait peut-être été capable de dénoncer plus tôt.

Comment suis-je concerné comme membre d’Unifor?

Notre syndicat prend toutes les mesures nécessaires pour combattre la violence sexuelle et fondée sur le genre, et promouvoir les droits des LGBTQ. Nous revendiquons des espaces libres de harcèlement pour tous les événements syndicaux et nos lieux de travail. Nous militons pour obtenir du soutien et un congé payé pour les survivantes de violence familiale. Nous menons des campagnes publiques contre la violence faite aux femmes et nous faisons du lobbying pour obtenir des changements législatifs afin de mettre fin à la violence.

Mais le fait est que, si les conversations au sujet du consentement et de l’égalité des LGBTQ n’ont lieu que lorsque les gens deviennent membres du syndicat, c’est déjà trop tard.

Plus de la moitié (59 pour cent) de toutes les victimes d’agression sexuelle au Canada sont des enfants et des jeunes de moins de 18 ans.

Près de 50 pour cent des étudiants transgenres et plus de 30 à 40 pour cent des étudiants et étudiantes gais, lesbiennes et bisexuels rapportent avoir subi du harcèlement sexuel.

Tous les enfants ont besoin d’un langage clair pour parler de leur corps et de leurs expériences, et la réalité c’est que l’éducation nous aide à être de meilleurs défenseurs et alliés, plutôt que des témoins et des participants à des abus.

Je sais que cette conversation est difficile.

En tant que parent, cette conversation est déchirante et fait peur en même temps. Je préfèrerais de loin prétendre que le monde est déjà un endroit sûr pour mes enfants. Comme tous les parents, je me soucie de faire les bons choix pour ma famille; il y a tant de pressions pour être de bons parents.

Je sais que la bonne chose à faire dans ce cas-ci est de transmettre à tous les enfants les informations dont ils ont besoin pour reconnaître ce que sont une agression et du harcèlement lorsqu’ils surviennent, et le langage pour pouvoir se confier à un adulte de confiance.

Faire en sorte que tous les enfants aient accès aux informations à propos des familles LGBTQ, de l’identité et de l’expression de genre, du consentement, de la prévention du harcèlement et de la promotion de l’égalité va aider notre société. En revanche, priver nos enfants de ces informations pourrait leur porter atteinte et les laisser encore plus vulnérables.

C’est un risque que je ne suis pas prête à prendre. Pour mes enfants et l’avenir de tous les enfants, je dénonce cette décision. J’espère que vous vous joindrez aussi à moi et que vous ne permettrez pas à une minorité de voix conservatrices de faire régresser l’Ontario.