Sans leadership, l'usine de wagons de Bombardier à Thunder Bay risque de fermer

Main Image
Image
Jerry Dias Headshot
Partager

Tel que publié à l’origine par le Toronto Star

Par Jerry Dias

Aujourd'hui plus que jamais, les travailleuses et travailleurs canadiens ont besoin que nos dirigeants politiques agissent rapidement et de manière décisive pour les soutenir, eux, leurs familles et leurs communautés.

Alors que la crise économique en cascade s'aggrave chaque jour, parallèlement au nombre record de cas de COVID-19, aucun dirigeant politique n'est intervenu pour les centaines de travailleuses et travailleurs de l'usine de Bombardier à Thunder Bay. 

Avec seulement assez de travail pour subvenir à ses besoins jusqu'à la fin de cette année et sous la nouvelle direction d'Alstom, basée en France, la menace d'une fermeture définitive n'a jamais été aussi réelle.

La menace que cette situation fait peser sur les moyens de subsistance de centaines de travailleuses et travailleurs, de leurs familles et de l'économie est énorme. Il existe des solutions à court et à long terme. La première ne nécessite qu'un simple coup de crayon.

La Ville de Toronto a déjà accepté de financer sa part des achats de véhicules de transport en commun auprès de Bombardier, dont 60 nouveaux tramways et 420 voitures de métro. Toutefois, à ce jour, ni Ottawa ni Queen's Park n'ont accepté de se mettre à table et de verser leur part.

Il leur suffit de signer, les voitures seront ensuite construites et des emplois seront créés à Thunder Bay et à Toronto. C'est aussi simple que cela.

Nous ne pouvons pas permettre qu'un carnet de commandes reste vide dans une usine aussi vitale pour l'économie de l'Ontario, sous une nouvelle propriété étrangère, et ne pas nous attendre à une catastrophe.

Il est inacceptable de laisser ce scénario se réaliser alors que les politiciens se dérobent à leur responsabilité fondamentale d’assumer leur rôle de leadership en ce moment crucial.

Nous savons que le système de transport en commun de Toronto a besoin de ces véhicules pour créer plus de capacité. Ce besoin a été connu et identifié à plusieurs reprises à tous les niveaux de gouvernement.

Avant la COVID-19, le système de transport en commun de Toronto fonctionnait déjà bien au-delà de sa capacité. Aujourd'hui, il faut plus de place pour les protocoles de distanciation sociale. À l'avenir, le système aura encore besoin de ces véhicules si nous voulons avoir un espoir de reprise économique rapide.

Depuis plus de deux ans, notre syndicat a tenu de nombreuses réunions avec des politiciens de tous bords. La Ville de Thunder Bay, la Chambre de commerce et Bombardier Transports se sont joints à nous et ont tous soutenu nos efforts en vain.

Le temps est un luxe que les travailleuses et travailleurs de Thunder Bay n'ont pas. Alors que les tractations politiques et les accusations partisanes se poursuivent, les travailleuses et travailleurs et leurs familles sont confrontés à un avenir de plus en plus incertain. Nous risquons sérieusement de perdre une partie vitale de notre capacité industrielle, ce qui nous éloignera presque certainement d'une relance économique qui est urgente.

Outre les emplois à l'usine de Thunder Bay, il y a les emplois chez les fournisseurs, les entrepreneurs et toutes les entreprises qui bénéficient des bons salaires de leurs travailleurs.

Une forte reprise post-pandémique doit être basée sur de bons emplois. Nous ne pouvons pas nous permettre de mettre ces bons emplois en danger. Déjà, trop de travailleuses et travailleurs de Bombardier sont mis à pied en attendant de nouveaux contrats. Une fois que les gouvernements fédéral et provinciaux auront donné leur accord, nous pourrons garantir ces emplois et en ramener d'autres.

Nous devons empêcher que de telles situations ne se produisent en premier lieu. Je me souviens du moment atroce en 2018 où le gouvernement fédéral a choisi d'attribuer un contrat de VIA Rail à une usine de Siemens en Californie. Cette commande aurait dû être passée à Bombardier pour soutenir la fabrication canadienne. Des centaines de millions de dollars ont été détournés de l'Ontario.

Il est grand temps que nous commencions à voir un véritable soutien à long terme pour nos travailleuses et travailleurs manufacturiers avec des politiques « Achetez canadien ». Ces politiques existent déjà dans plusieurs pays, dont les États-Unis. Plus important encore, elles fonctionnent.

S'il y a une leçon à tirer de la pandémie, c'est qu'une base manufacturière solide et bien soutenue est vitale pour notre économie.

Lorsque les fournitures médicales mondiales se sont taries, ce sont les travailleuses et travailleurs de Bombardier qui sont venus et ont fabriqué les ventilateurs dont notre province avait besoin. Alors que la deuxième vague de la pandémie se poursuit, nous pourrions très bien en avoir à nouveau besoin.

Ces travailleuses et travailleurs nous ont soutenus, maintenant c’est aux politiciens de les soutenir.