Nous devons être prêts lorsque l'industrie de l'aviation reprendra

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L'industrie de l'aviation va reprendre.

Les gens voyageront à nouveau, pour les affaires, pour le plaisir, pour voir leur famille ou pour trouver de nouvelles possibilités d'emploi dans une autre ville ou même dans un autre pays. Tous les paliers gouvernementaux en sont bien conscients.

Ce n’est évidemment pas demain, mais cela va arriver, et nous devons être prêts.

La première chose à faire est de s'assurer que le secteur dispose de ce dont il a besoin pour reprendre ses activités. Il y a un consensus croissant sur le fait que, pour garantir la viabilité du secteur de l’aviation au Canada, le gouvernement fédéral devra jouer un rôle plus important.

L'industrie canadienne du transport aérien emploie 141 000 travailleuses et travailleurs et contribue à l'économie à hauteur de 35 milliards de dollars chaque année. Des biens importés et exportés d'une valeur de plus de 110 milliards de dollars sont transportés chaque année, ce qui fait vivre des entreprises et des travailleuses et travailleurs dans tout le pays.

Les compagnies aériennes permettent également aux familles de rester en contact et transportent les voyageurs en quête de vacances – ce qui contribue au tourisme – et pour des raisons médicales dans des milliers de communautés à travers le Canada.

Compte tenu de ces rôles essentiels, le gouvernement fédéral a besoin d'une stratégie de relance de l'aviation qui se concentre sur une approche sécuritaire et scientifique des contrôles aux frontières, d'un programme de soutien à l'industrie et d'une vision de l'avenir qui garantisse une industrie sécuritaire et prospère pour les passagers et les travailleuses et travailleurs.

L'industrie a besoin d'un soutien financier pour rester viable, remplir son rôle vital et rester préparée pour l'avenir. Alors que d'autres pays ont réalisé la nécessité de maintenir l'industrie du transport aérien en fournissant un soutien financier spécifique au secteur, le Canada ne l'a pas encore fait.

Certaines aides ont été accordées, comme la renonciation au loyer aéroportuaire et des subventions salariales, mais elles sont loin d'être suffisantes pour assurer la survie du secteur. De plus, l'annonce récente selon laquelle les voyageurs passant par l'aéroport de Calgary peuvent passer un test rapide COVID-19 pour réduire la durée de la quarantaine est un grand pas en avant, et pourrait servir de modèle pour les aéroports de tout le Canada.

Actuellement, toute personne voyageant à l'étranger vers le Canada, ou même entre certaines régions du pays, doit être mise en quarantaine pendant 14 jours. Cela dissuade beaucoup de personnes de voyager. Nous avons besoin d'un véritable plan pour rouvrir le ciel. Peut-être le modèle de Calgary peut-il en faire partie.

Voilà le problème. Lorsque l'aviation commencera à reprendre, elle aura besoin de sa main-d'œuvre hautement qualifiée pour fonctionner en toute sécurité. Le fait est qu'une reprise de l'aviation n'est possible que si les travailleuses et travailleurs qualifiés restent à la hauteur de leur formation et qualifiés.

Pensons aux contrôleurs du trafic aérien. Il faut des années pour devenir qualifié, et pourtant la réduction du trafic empêche ceux qui possèdent ces compétences uniques de les maintenir à niveau.

De plus, il n'existe actuellement aucun plan pour remplacer ceux qui ont pris ou prendront bientôt leur retraite. Compte tenu de la formation approfondie nécessaire pour exercer ce travail, c'est inacceptable. Les spécialistes de l'information de vol sont retirés des petites communautés et la crainte est qu'ils ne reviendront jamais (ou que ces bases soient définitivement fermées). Les contrôleurs aériens étaient déjà en nombre insuffisant, la situation risque de s'aggraver encore.

Il en va de même pour les techniciens d'entretien d'aéronefs (TEA). Les TEA sont très qualifiés; or, il y avait déjà une pénurie avant la pandémie.

Les pilotes doivent eux aussi voler régulièrement – trois décollages et atterrissages tous les 90 jours – pour rester qualifiés, et les simulateurs sont limités au Canada. La requalification d'un pilote peut coûter jusqu'à 100 000 dollars – et des milliers de pilotes auront besoin de cette requalification au moment où la crise sera terminée.

Le fait est que chaque emploi dans le secteur de l'aviation exige de grandes compétences, qu'il s'agisse de la formation et de la requalification certifiées que doivent suivre les contrôleurs aériens, les spécialistes de l'information de vol, les mécaniciens et les pilotes, ou des emplois hautement informatisés du personnel qui vous enregistre et s'assure que vos bagages arrivent à destination.

Pour s'assurer que tous ces travailleurs et travailleuses soient encore là et capables de faire leur travail quand nous en aurons besoin, il faudra une planification, ainsi que le soutien du gouvernement.

Les travailleuses et travailleurs de l'aviation ont été sur la première ligne pour assurer la sécurité du Canada pendant la pandémie. Ils ont continué à travailler, ramenant au pays des Canadiens bloqués à l'étranger lorsque les frontières ont été fermées au printemps dernier, alors que si peu d'entre nous savaient ce à quoi nous étions confrontés.

Depuis lors, ils ont payé un prix énorme alors que leur industrie s'est contractée et, par endroits, s'est effondrée ou est sur le point de s'effondrer.

Un jour, nous aurons à nouveau besoin d'eux et de leurs compétences. Ils vont retrouver des emplois qui ont été changés à jamais par la COVID-19. D'ici là, nous devons les soutenir et veiller à ce qu'ils puissent conserver les compétences et la formation dont ils auront besoin lorsque nous ferons appel à eux.