Nous devons écouter, et agir, lorsque le climat politique change

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Le défi que le mouvement syndical et les électeurs progressistes doivent affronter est de taille.

L’élection de Doug Ford comme premier ministre de l’Ontario marque un changement important sur la scène politique de la province, et celle du pays. Doug Ford défend des politiques auxquelles s’opposent le mouvement syndical et les électeurs progressistes de l’ensemble du Canada.

Il ne faut pas minimiser le fait qu’il sera difficile de mettre en branle des politiques progressistes alors que les conservateurs de Doug Ford sont au pouvoir.

Cependant, nous nous sommes déjà retrouvés dans la même situation. Nous savons comment la gérer.

Tous les dirigeants syndicaux au Canada ont une grande expérience des négociations avec les employeurs dont les intentions sont diamétralement opposées aux leurs. Toutefois, au bout du compte, nous parvenons toujours à conclure une entente que nous pouvons présenter à nos membres. Ce n’est pas toujours facile, mais nous y parvenons toujours.

Pendant 10 ans, sous le gouvernement Harper à Ottawa, nous avons refusé de céder en offrant continuellement des solutions de rechange aux politiques régressives de son gouvernement. Nous avons persévéré ardemment lorsqu’il était nécessaire de le faire, bien sûr, en organisant des manifestations et en affirmant notre position contre les politiques de son gouvernement.

Nous avons également pris place à la table des négociations et rencontré des politiciens de tous les partis, et nous nous sommes assurés que les voix des travailleuses et travailleurs et de leur communauté étaient toujours entendues dans les coulisses du pouvoir.

Il faut dire que les travailleuses et travailleurs n’étaient pas seuls. Des défenseurs des droits des groupes marginalisés, des peuples autochtones et des autres communautés racialisées, des membres LGBTQ, des organisations de défense des droits des femmes, des défenseurs des sans-abris, des intervenants en toxicomanie et bien d’autres ont tous fait entendre leur voix lorsque Stephen Harper était au pouvoir, autant en manifestant dans les rues qu’en discutant directement avec des politiciens de tous les partis.

Doug Ford étant maintenant le premier ministre de l’Ontario, il est temps de le faire encore une fois. Nous l’avons déjà fait alors nous savons que nous pouvons le faire.

Nous ne serons pas seuls. De nombreuses voix fortes et progressistes ont été élues à l’Assemblée législative de l’Ontario malgré la vague bleue conservatrice. En fait, le NPD envoie l’un de ses caucus les plus importants et diversifiés pour représenter la population de l’Ontario, notamment Gurratan Singh, le frère du chef fédéral du NPD Jagmeet Singh, à Brampton-Est, et Bhutila Karpoche à Parkdale High-Park, la toute première Tibétaine élue à une fonction officielle en Amérique du Nord. Même dans les rangs conservateurs, quelques voix modérées demeurent. 

Les défis à venir seront grands. Ne nous leurrons pas. Les résultats de l’élection ont révélé certaines divisions profondes dans la province. Les circonscriptions urbaines ont surtout penché du côté du NPD et des libéraux alors que les circonscriptions rurales ont opté pour les conservateurs. Les circonscriptions profitant d’une présence syndicale plus importante, comme Windsor et Hamilton, étaient également plus susceptibles de choisir le NPD.  Le nord de l’Ontario est maintenant principalement représenté par le NPD, les conservateurs et les libéraux occupant chacun seulement une seule circonscription au nord de l’ancienne circonscription de Nipissing de Mike Harris.

Mais nous ne pouvons pas laisser ces divisions définir la politique du Canada, ni pour les quatre prochaines années alors que les conservateurs sont au pouvoir en Ontario, ni jamais.

Bien que les conservateurs de Doug Ford aient remporté une forte majorité à l’Assemblée législative, nous devons nous rappeler que le parti a récolté seulement 40 % des votes, ce qui amène inévitablement la population à réitérer ses demandes de réforme électorale. Le débat est bienvenu et attendu depuis longtemps.

Bien sûr, nous nous assurerons que Doug Ford et son gouvernement n’oublient pas que 60 % des électeurs ontariens préféraient une vision plus progressiste et optimiste de l’avenir que celle que son parti leur a offerte pendant l’élection.

Cependant, il est peut-être plus important de tirer une certaine force du fait que les voix progressistes ont gagné le cœur des gens, malgré l’arrivée au pouvoir des conservateurs à Queen’s Park. Il nous appartient de nous assurer que ces voix continuent de se faire entendre alors que nous bâtissons un avenir plus fort et plus inclusif.

Il ne fait aucun doute que Doug Ford défend des politiques auxquelles nous nous opposons. Sa plateforme contenait peu de détails, mais il est clair qu’il s’opposait aux hausses prévues du salaire minimum et qu’il préconise des réductions d’impôts en faveur des mieux nantis.

Nous devons redoubler d’efforts pour nous assurer que la division et la colère qui ont permis d’élire Doug Ford comme premier ministre ne caractérisent pas les prochaines années. Nous devons présenter une vision forte et positive de l’avenir et être prêts à travailler fort pour y arriver.