Les travailleurs sont enfin entendus

Main Image
Image
Message du président et photo de Jerry Dias
Partager

Article publié dans le Huffington Post du 7 juillet 2016.

Il y a eu plusieurs assouplissements récemment à Ottawa et ailleurs dans les corridors du pouvoir en ce qui a trait aux relations entre les travailleurs et le gouvernement, et c’est une bonne nouvelle pour les travailleurs partout au pays.

Après avoir été tenues à l’écart pendant dix ans par les conservateurs de Harper, nous observons en ce moment un rééquilibrage des voix exprimées par nos députés, y compris ceux qui siègent au cabinet.

Nous avons maintenant un gouvernement à Ottawa, ainsi que dans certaines provinces (dont l’Ontario), qui veut consulter tous les Canadiens et les organisations qui les représentent avant de prendre de grandes décisions. C’est ce que font des gouvernements responsables. Toutefois, ce n’est pas ce que le gouvernement précédent a fait.

À la place, les conservateurs de Harper sont rarement sortis de leur propre rhétorique et de celle de leurs ténors pro-affaires qui leur ont dit de contrecarrer les souhaits des travailleurs et de signer des accords commerciaux qui avaient peu à voir avec le commerce et qui visaient plutôt à étendre les droits des entreprises.

Dans un article du Globe and Mail paru la fin de semaine dernière, le président de la Chambre de commerce du Canada, Perrin Beatty, a déclaré qu’il n’a pas été en mesure de rencontrer en face à face le gouvernement Trudeau pour discuter de la bonification du Régime de pensions du Canada avant que le gouvernement ne signe une entente avec les provinces pour justement faire cela.

Excusez-moi?

Pendant dix ans, la Chambre et ses membres ont triomphé à Ottawa et ont eu beaucoup plus d’influence sur les lois du pays que les travailleurs syndiqués. Le résultat? Un taux de chômage record chez les jeunes, des compressions dans les services sociaux pour payer des allègements fiscaux massifs, des droits de scolarité en hausse et un secteur manufacturier en difficulté.

Dans le dossier du RPC, nous connaissons tous le conseil provenant du milieu des affaires : ne faites rien. Gardez le RPC à ses niveaux actuels inadéquats et laissez les futurs retraités gérer leurs propres affaires, même si nous savons que les Canadiennes et Canadiens n’épargnent pas suffisamment, notamment en grande partie parce que la vie aujourd’hui est devenue si coûteuse.

Avec des conseils comme ceux-là, heureusement que nos nouveaux gouvernements cherchent un éventail plus large de voix avant de prendre des décisions.

Dans le même article du Globe, j'ai été cité ainsi: « J'ai discuté avec un plus grand nombre de ministres au cours des six derniers mois que depuis les dix dernières années. »

C’est exact. Et c’est une bonne chose. Quand je parle à un ministre ou à un autre politicien, j'exprime les espoirs et les rêves des 310 000 membres d’Unifor et de leur famille dans la conversation. C’est le devoir d’un politicien d’écouter ce que les électeurs ont à dire sur les questions de l'heure, et discuter avec des dirigeants syndicaux comme moi est une façon de le faire.

Comme le note l’article du Globe, il y a déjà eu des changements positifs à Ottawa, au-delà de l’engagement de bonifier le RPC, comme l'abrogation des lois des conservateurs de Harper qui auraient rendu plus difficile la syndicalisation et auraient imposé des règles d'établissement de rapports très restrictives pour les syndicats.

Même certains ténors conservateurs parmi les plus fervents n’appréciaient pas ces lois, et l’ont exprimé. Ils ont souligné que les syndicats ont un rôle positif à jouer dans la société et que de telles lois affaibliraient la voix des travailleurs et aggraveraient les inégalités dans notre société.

Mais pour les oiseaux de malheur de la presse de droite, comme Kevin Libin du National Post, de tels changements sont la preuve d’une relation « proche » entre Justin Trudeau et le mouvement syndical, et rien de plus qu’un stratagème cynique pour remporter des votes.

Voilà un homme qui a déjà rejeté les reportages sur les Panama Papers et les paradis fiscaux en les qualifiant « d’attaques contre les riches » (en fait, il s’agissait des meilleurs reportages réalisés par des membres d'Unifor au Toronto Star et au Globe and Mail), et qui a ridiculisé l’idée de payer notre juste part d’impôt en qualifiant toute imposition de violation de domicile.

De telles personnes ne percevront jamais la valeur de consulter les Canadiennes et Canadiens, autre que le un pour cent le plus riche. Toutefois, heureusement que notre nouveau gouvernement fédéral et un nombre de plus en plus grand de gouvernements provinciaux en voient la valeur.

Kevin Libin a quand même eu raison sur une chose : « Il semble que la mort du mouvement syndical ait été grandement exagérée. »

On ne pourrait être plus en accord.