Les conservateurs collectent des fonds en diffusant des mensonges au sujet de YouTube

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Il semble que les conservateurs d’Erin O’Toole ne peuvent laisser passer aucune occasion de nourrir la base de droite du parti et de recueillir des fonds.

Les conservateurs prennent la parole au micro et envoient des courriels à leurs partisans pour faire croire que le CRTC contrôlera les téléchargements de vidéos de citoyens ordinaires sur YouTube et Facebook.

Si le projet de loi C-10, une loi modernisant les obligations relatives au contenu canadien des radiodiffuseurs commerciaux pour l’ère moderne de la diffusion en continu sur Internet, est pris dans ce feu croisé politique, M. O’Toole n’y voit pas d’inconvénient.

Lorsqu’il y a de l’argent sur la table, M. O’Toole oublie sa promesse de sortir son parti de la zone sauvage où ses députés de droite aiment jouer.

Les conservateurs d’Erin O’Toole font valoir que le projet de loi C-10 donne au CRTC le pouvoir de museler la liberté d’expression dans les médias sociaux.

« Cela signifie qu’un organisme gouvernemental, le CRTC, aurait le dernier mot sur ce que les Canadiens peuvent et ne peuvent pas publier sur Internet », indique un courriel des conservateurs à leurs partisans.

Faux. Voici ce qui se passe réellement.

La Loi sur la radiodiffusion vise à garantir que les entreprises de télévision fournissent aux Canadiens leurs propres nouvelles, sports et programmes de divertissement. Comme nous sommes les voisins d’un géant culturel américain dont la taille et le pouvoir financier sont 10 fois supérieurs aux nôtres, nous exigeons des diffuseurs et des câblodistributeurs canadiens qu’ils offrent un minimum de contenu canadien. Pour faire bonne mesure, le CRTC établit des normes sur le contenu publicitaire (notamment pour protéger les enfants).

Tout cela est aussi canadien que les queues de castor. Même l’ancien premier ministre Brian Mulroney savait que c’était une bonne idée lorsque son gouvernement majoritaire a révisé la Loi en 1991.

Le projet de loi C-10 est l’adaptation de la Loi sur la radiodiffusion à la technologie dominante des communications d’aujourd’hui qu’est Internet.

Il fait en sorte que Netflix et d’autres diffuseurs Internet étrangers produisent du contenu canadien ou financent d’autres entreprises pour qu’elles le fassent grâce aux fonds existants de l’industrie pour les nouvelles locales, les films et les documentaires. C’est tout ce que les radiodiffuseurs et les câblodistributeurs de propriété canadienne ont été tenus de faire pendant des décennies en vertu de la Loi sur la radiodiffusion.

Dans leur propre campagne de sensibilisation, même les conservateurs conviennent que c’est nécessaire.

« Nous soutenons l’intention initiale du projet de loi, qui est d’établir des règles de jeu équitables entre les grands services étrangers de diffusion en continu et les radiodiffuseurs canadiens », toujours selon le courriel.

Le projet de loi initial exemptait Facebook et YouTube, propriété de Google, des obligations en matière de contenu canadien, mais pas Netflix et Disney, puisque le contenu des plateformes de médias sociaux consiste en grande partie en des téléchargements de vidéos par des tiers.

Les téléchargements eux-mêmes, et les Canadiens qui y contribuent, étaient également exemptés de toute réglementation.

Toutefois, l’exemption de Google et de Facebook présentait une faille suffisamment importante pour qu’un grand radiodiffuseur s’y immisce, faille qu’il fallait combler par un projet de loi qui n’est généralement mis à jour que tous les 30 ans environ.

Après tout, les plateformes de médias sociaux évoluent rapidement. YouTube offre déjà des chaînes et Facebook propose des pages appartenant à des entités commerciales sophistiquées. Certains sont des diffuseurs à but lucratif qui vendent leurs produits à des publics sur une plateforme de médias agrégés.

Au cours des cinquante dernières années, avant la diffusion en continu sur Internet, c’est ce que nous appelions la « télévision par câble ».

Par conséquent, la majorité des députés du Comité permanent du patrimoine canadien ont retiré l’exemption concernant Google et Facebook du projet de loi, ce qui signifie que la Silicon Valley pourrait devoir respecter les mêmes règles qui s’appliquent à Netflix et à Disney au Canada.

Pendant ce temps, les téléchargements de vidéos par des Canadiens ordinaires, et les téléchargeurs eux-mêmes, restent fermement et irrévocablement exempts de la réglementation en vertu du projet de loi C-10, et ne sont soumis qu’aux lois contre les activités haineuses et pornographiques.

Il ne s’agit pas d’une atteinte à la liberté d’expression, ce qui n’empêche pas les conservateurs de rallier des partisans, affirmant, à tort, qu’il s’agit d’une atteinte à votre liberté, malgré l’exemption dont bénéficient les personnes que les conservateurs tentent de rallier.

« Cela signifie qu’un organisme gouvernemental, le CRTC, aurait le dernier mot sur ce que les Canadiens peuvent et ne peuvent pas publier sur Internet », indique un courriel des conservateurs à leurs partisans.

Faux, c’est tout simplement faux.

Il n’y a rien dans ce projet de loi qui donnerait à un quelconque service gouvernemental le moindre droit de regard sur ce que vous publiez sur Internet. Toute suggestion contraire n’est qu’une tentative de tromperie et fait partie de la pensée conspirationniste de droite que M. O’Toole prétend mettre au rancart.

Si seulement il le faisait.