Législation en matière de travail : le recul du gouvernement démontre l’utilité des syndicats pour la société entière

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Article publié dans le Huffington Post du vendredi 15 avril 2016

La victoire importante remportée au Nouveau-Brunswick la semaine dernière montre à quel point il est important pour la société entière que les travailleurs aient une forte influence sur les gens au pouvoir.

Le mois dernier, le gouvernement du Nouveau-Brunswick a déposé le projet de loi omnibus 24, qui modifiait notamment les règles relatives à la négociation collective et à l’arbitrage pour les employeurs et les travailleurs des secteurs public et privé.

Même si les modifications s’attaquaient en particulier à la négociation collective dans le secteur public et visaient à diminuer les règlements salariaux relatifs aux travailleurs de ce secteur, la ministre du Travail elle-même, Francine Landry, ne semblait pas savoir pourquoi la loi s’appliquerait également au secteur privé lorsque des questions lui ont été posées à ce sujet.

C’est déplorable, mais, plus troublant encore, le gouvernement de Brian Gallant n’a pas évalué dès le départ la mesure dans laquelle la nouvelle loi serait destructrice et susciterait des divisions dans la province.

Des syndicats, comme Unifor et ses membres, ont constaté à première vue que le projet de loi entraînerait des conflits de travail inutiles dans tous les secteurs de l’économie en détruisant la négociation collective libre et équitable, en exerçant une pression à la baisse sur les salaires de tous les Néo-Brunswickois et en faisant en sorte qu’il soit très difficile de conclure des conventions collectives négociées.

Les employeurs ne seraient pas vraiment motivés à négocier une convention collective de façon ouverte et libre puisque le système d’arbitrage leur serait favorable au titre de cette loi.

Unifor et d’autres membres du mouvement syndical néo-brunswickois se sont réunis en grand nombre à l’Assemblée législative pour exprimer leurs préoccupations quant au projet de loi 24. Le 5 avril, Lana Payne, directrice de la région de l’Atlantique pour Unifor, et moi avons rencontré le premier ministre et la ministre du Travail pour leur parler de ce qui clochait avec le projet de loi 24.

Deux jours plus tard, les parties du projet de loi omnibus contenant les modifications proposées à la législation en matière de travail ont été supprimées. Les règles régissant la négociation collective dans le secteur privé demeuraient donc inchangées. La ministre a annoncé la formation d’un comité mixte regroupant tous les intervenants qui serait chargé d’examiner ces règles.

Unifor jouera un rôle actif dans ce processus.

Cette victoire a été possible grâce au mouvement syndical, qui s’est rallié de façon solidaire et unie autour d’une loi mal conçue qui aurait causé beaucoup de dommages. Le mouvement syndical s’est battu pour les salaires de tous les Néo-Brunswickois, pas seulement des travailleurs syndiqués.

Les avis juridiques sollicités par Unifor démontraient que les modifications proposées, en plus de compromettre les relations de travail dans la province, auraient violé la Charte des droits et libertés. En effet, le projet de loi aurait comprimé les salaires de tous les travailleurs de la province et restreint leur droit à la liberté d’association.

Il est ridicule que le gouvernement tente de manière aussi flagrante de faire pencher la balance en faveur des employeurs, bien qu’ils souhaitent tous économiser de l’argent là où ils le peuvent.

Toute compression salariale fait diminuer les dépenses de consommation, ce qui est néfaste pour les entreprises et l’économie au bout du compte.

Sur le plan économique, il est justifié de lutter contre les lois comme le projet de loi 24. Les salaires ne représentent pas qu’un coût. Ce sont les dépenses de consommation qui font vraiment rouler l’économie moderne. Les travailleurs réinjectent chaque dollar qu’ils gagnent dans l’économie sous forme de dépenses en achetant les biens et les services fournis par les entreprises, ce qui stimule encore davantage l’économie.

Une compression salariale est en fait une compression économique, et il serait imprudent pour n’importe quel gouvernement d’y recourir. Elle n’a aucun sens pour l’économie, les entreprises et les travailleurs.

Le retrait des parties concernées du projet de loi 24 est une victoire importante pour les travailleurs néo-brunswickois, mais il reste encore beaucoup de travail à accomplir dans le cadre de l’examen des règles régissant la négociation collective dans le secteur public.

Unifor occupera une place dominante dans ce processus, comme il le fait depuis le début.

Au-delà de cet examen, nous devons combattre l’attitude qui encourage la baisse des salaires des travailleurs et un système qui place les grands employeurs en position de force.

En somme, ces politiques causent du tort à l’économie et à l’ensemble des travailleurs. Il est vital que le mouvement syndical continue de témoigner la même solidarité pour réaliser de véritables progrès.