L'eau potable est plus nécessaire que jamais

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Cette année, la Journée mondiale de l'eau des Nations unies arrive à un moment charnière pour le Canada. La défense des ressources en eau douce est une préoccupation croissante pour les communautés autochtones, et pour cause. L'eau potable est un droit de la personne, mais c'est loin d'être quelque chose que de nombreuses Premières nations isolées peuvent tenir pour acquis.

Au moins 61 avis à long terme et des dizaines d'autres à court terme sont en vigueur pour les communautés autochtones du Canada. Certaines communautés n'ont pas eu accès à l'eau potable depuis des décennies.

Non seulement le manque d'eau salubre est une préoccupation majeure pour la santé au quotidien, il soulève aussi des inquiétudes quant à la prévention de la propagation du COVID-19 au sein des communautés qui pourraient être les plus vulnérables.

Le gouvernement Trudeau s'est engagé à mettre fin aux avis à long terme sur l'eau potable dans les communautés des Premières nations d'ici 2021, mais un rapport indépendant du directeur parlementaire du budget jette le doute sur l'existence ou non d'un financement correspondant à ce qui est nécessaire pour atteindre cet objectif.

Cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas eu de progrès dans l'amélioration de l'eau potable dans les communautés touchées. Quatre-vingt-huit avis à long terme ont été levés depuis que le premier ministre Trudeau a fait sa promesse en 2015. Malgré le déficit de financement identifié par le responsable du budget, Services aux Autochtones Canada (SAC) a prévu que tous les avis à long terme seront supprimés d'ici 2021.

La promesse électorale de M. Trudeau et les chiffres communiqués par SAC ne concernent que les avis à long terme et ne tiennent pas compte des avis à court terme récurrents émis régulièrement pour les communautés ayant un accès meilleur, mais non fiable, à l'eau potable. La promesse ne tient pas compte non plus des communautés qui ne sont pas directement financées par SAC.

La voie à suivre doit impliquer un financement adéquat. Pour que cela soit durable et conforme à l'esprit de réconciliation, le gouvernement fédéral doit également considérer les Premières nations comme des partenaires égaux dans la gestion continue de leur eau et de leurs infrastructures.

Il s'agit notamment de respecter les dirigeants des Premières nations lorsqu'ils expriment leur inquiétude quant à l'impact des grands projets d'extraction de ressources sur leurs terres et leurs eaux. La réconciliation n'est pas un veto, mais un consentement libre et éclairé pour le développement sur les territoires traditionnels. Rien n'est moins libre que la négociation des conditions d'un projet de développement des ressources lorsque l'accès à l'eau potable est une monnaie d'échange.

Des gestes de réconciliation peuvent également se déployer dans des projets non gouvernementaux dans le domaine de l'eau. Je suis fier du travail que mon syndicat a accompli en partenariat avec les Premières nations de Shoal Lake au Manitoba.

Le Fonds communautaire canadien d'Unifor a fait un don de 140 000 dollars pour soutenir la construction d'un centre de formation pour les travailleuses et travailleurs locaux qui construisent le projet de la « Freedom Road » pour apporter de l'eau douce à la communauté de Shoal Lake 40, une communauté autochtone qui est soumise à un avis sur l'eau depuis près de deux décennies.

Lorsqu'il s'agit de solutions innovantes, il ne faut pas confondre les partenariats communautaires et syndicaux avec les Premières nations avec les partenariats public-privé, ou P3. L'eau potable est tout simplement trop importante pour être laissée aux mains de profiteurs qui cherchent à faire de l'argent rapidement alors que les gouvernements ont abandonné leurs responsabilités de financer et de superviser correctement les infrastructures d'eau et d'assainissement.

En cette Journée mondiale de l'eau, vous pouvez prendre des mesures pour que le gouvernement fédéral respecte ses engagements envers les Premières nations. Dites au Premier ministre que vous soutenez le financement de l'amélioration des infrastructures d'approvisionnement en eau et de traitement des eaux usées dans les communautés autochtones. Personne ne devrait avoir à attendre pour obtenir de l'eau potable, surtout pas maintenant.