Le silence de la police de Regina sur une alerte à la bombe: un jeu dangereux

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Il est déjà assez choquant qu'une alerte à la bombe ait été lancée contre les travailleurs de la raffinerie Co-op sur la ligne de piquetage, mais d'apprendre que personne – ni la police de Regina, ni le maire, ni la province – n'a levé le petit doigt pour avertir quiconque met en danger tous les citoyens de Regina.

Pensez-y. Une bombe dans une raffinerie. Une explosion dans cette raffinerie mettrait en danger des milliers de vies bien au-delà de la ligne de piquetage. Il faut alors se demander pourquoi quelqu'un tiendrait sous silence une telle menace.

La réponse est simple, et c'est dégoûtant. C'est parce qu'ils savaient que rendre cette menace publique changerait le débat et forcerait la province à mettre fin au conflit.

Demandez-vous ce qui se passerait si une menace avait été proférée contre la raffinerie Co-op elle-même ou contre le PDG Scott Banda. Je vais vous le dire: les cibles auraient été averties immédiatement et la personne ayant proféré la menace serait probablement en prison.

Au lieu de cela, la menace était dirigée contre les travailleurs, donc rien n'a été fait et la menace a été enterrée dans l'espoir que personne ne le découvrirait jamais. Pas un doigt n'a été levé pour nous avertir, et nous pouvons supposer avec certitude qu'aucun doigt n'a été levé pour découvrir qui l'a fait.

À la place, la police, le maire et la province ont décidé de mettre en danger la vie de centaines de travailleuses et travailleurs pour protéger les intérêts de la Federated Co-operatives Limited (FCL).

Même le premier ministre Scott Moe a décrit la menace comme « très alarmante » et ne semblait pas savoir hier (en anglais seulement) que son propre gouvernement était conscient de la menace.

La lettre obtenue par la section locale 594 d’Unifor (en anglais seulement), dans le cadre d'une demande d’accès à l’information, a été reçue par le maire Michael Fougere le 18 février et transmise à la police. Une copie de la menace a été envoyée au ministre de la Justice de la Saskatchewan, Don Morgan, qui est également ministre des Relations de travail.

« Il ne faut qu’un seul appel de téléphone cellulaire pour déclencher la bombe », peut-on lire dans cette lettre effrayante. « Si nous ne voyons pas de progrès cette semaine, il faudra passer à l’action. »

Pendant ce temps, Unifor renforçait sa présence aux mêmes portes que celles qui étaient menacées. Des travailleuses et travailleurs et des partisans de tout le pays ont fait du piquetage pendant plusieurs semaines. Des conjointes. Des enfants. Des familles.

La police de Regina était là aussi, et n'a rien dit. En fait, Unifor a été en contact régulier avec la police pendant toute la durée du lock-out. J'ai rencontré personnellement le chef de la police, Evan Bray, le 23 janvier. Nous avons les numéros de téléphone et autres coordonnées de chacun et nous nous sommes parlés fréquemment. Je n'ai jamais été à plus d'un coup de téléphone de distance, et la police de Regina a été presque constamment présente sur la ligne de piquetage.

Le service de police de Regina n'a jamais hésité à prendre le parti de la Co-op, à arrêter des membres d'Unifor et nos partisans, dont moi-même, et à émettre des contraventions et à remorquer des voitures pas plus tard que la semaine dernière.

Les travailleurs en lock-out, les partisans et les dirigeants syndicaux exerçaient leur droit légal de piquetage pacifique. La police de Regina a choisi de les arrêter, de leur donner une contravention et de remorquer leurs véhicules. Pourtant, lorsque des voyous ont menacé de poser des bombes qui pourraient blesser ou tuer des dizaines de ces mêmes personnes sur la ligne de piquetage, la police n'a pas levé le petit doigt et a jugé la menace non crédible, apparemment sans mener d’enquête ou presque.

Ce n'est pas suffisant. Et de loin.

Rien de tout cela ne serait arrivé, bien sûr, si la FCL et Scott Banda n'avaient pas mis les travailleurs en lock-out et refusé ensuite de négocier une entente équitable.

Si les lâches à l'origine de ces menaces avaient donné suite, qu'auraient dit la police, le maire et le ministre Morgan aux 730 familles représentées sur la ligne de piquetage? Comment auraient-ils pu expliquer leurs actions ou leur absence d'actions?

Tant que le gouvernement de la Saskatchewan continuera de laisser tomber les travailleuses et travailleurs, et tant que des employeurs comme la FCL continueront d'intimider leur personnel et de faire des demandes déraisonnables, ce lock-out continuera de nuire à la population et à l'économie de la Saskatchewan.

Tant que les briseurs de grève de l'extérieur de la province ne seront pas renvoyés chez eux et que ce conflit ne prendra pas fin, des menaces de violence seront proférées à l'encontre de nos membres, qui sont des résidents de Regina.

Nous méritons tous mieux.