Le retour à Fort McMurray n’est que le début

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message du président et photo de Jerry Dias
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Article publié dans le Huffington Post du mercredi 1ier juin 2016

Quelques résidents de Fort McMurray, dont des membres d’Unifor, commencent à retourner chez eux cette semaine alors que la vraie épreuve est encore devant eux.

Contraints de fuir leur maison il y a quatre semaines en raison de la perte de contrôle des incendies ravageurs, plus de 88 000 personnes ont trouvé un refuge temporaire dans des centres communautaires et patinoires de hockey, dans des hôtels ou chez des amis ou membres de la famille.

Certains ont même été contraints de fuir une seconde fois lorsque les incendies ont continué à se propager, menaçant même les endroits où ils pensaient être en sécurité.

Ces dernières semaines ont été difficiles pour les familles installées à des endroits temporaires, sans savoir ce que l'avenir leur réservait, si elles avaient encore une maison ou un emploi où retourner, et dépendantes de la gentillesse des autres juste pour passer au travers.

Le retour de cette semaine est un moment bienvenu alors que les gens attendaient que les choses reviennent à la normale.

Mais, ce n’est aussi qu’un début: le début très important de la reconstruction de leur dynamique communauté. J’ai rencontré régulièrement, y compris cette semaine, des membres d’Unifor de Fort McMurray, du gouvernement provincial et des représentants de Suncor au sujet du retour et des défis à relever.

Unifor est déterminé à aider tous les résidents de Fort McMurray, pas seulement ses membres, afin qu’ils puissent reprendre pied, y compris en finançant des équipements de test de la qualité de l’air pour s’assurer de la sécurité des travailleurs et de toute la communauté.

Les émotions des dernières semaines vont continuer d’être fortes alors que les résidents entament le processus de reconstruction.

Les familles qui y retournent vont constater que certains voisins auront pris la difficile décision de recommencer leur vie ailleurs. Elles seront certainement tristes devant l’absence de retour de visages familiers, mais il sera difficile de les blâmer.

Après tout, le chemin qui se présente sera difficile. Une bonne partie de la ville a été détruite sous les feux, bien que pas autant que ce que nous avions craint, et beaucoup d’immeubles restent à reconstruire.

Par exemple, à l’unique hôpital de la ville, seul le service d’urgence est ouvert et des services limités sont disponibles. Le reste de l’hôpital ne sera pas ouvert avant le 21 juin. Il n’y aura pas de collecte d’ordures avant le 16 juin et les écoles ne rouvriront pas avant septembre, alors les enfants doivent terminer leur année scolaire ailleurs.

Il n’y aura pas de vols commerciaux vers ou en partance de Fort McMurray avant le 19 juin, et seuls quelques magasins seront ouverts dans la ville avec un approvisionnement limité. Une attention forte a été placée sur des entreprises importantes comme les banques, les épiceries et les pharmacies.

Et pour les quelque 2 000 résidents et plus dont la maison est encore debout, les résidus toxiques des incendies ont rendu leur maison inhabitable. Des tests effectués près de leur maison ont révélé que les cendres et le sol dans la région contiennent des substances comme de l'arsenic et d'autres métaux lourds.

Le déchirement ressenti par des résidents comme Jessica Rejman, dont la maison du quartier Waterway est encore debout mais déclarée dangereuse, prend une nouvelle tonalité alors qu’ils observent leur maison en apparence indemne, sans pouvoir y retourner. « Si vous regardez le pâté de maisons au complet, nos maisons semblent correctes », a-t-elle dit à la CBC. « On ne dirait pas qu'il y a quelque chose qui ne va pas. »

Le quartier Waterway est l’un des plus vieux de Fort McMurray. Plusieurs des normes du bâtiment et des matériaux utilisés en construction datent d’avant les mesures de sécurité d’aujourd’hui. Cela allait en autant que les immeubles tenaient debout. Or, une fois que les feux ont commencé, les toxines de ces matériaux se sont échappées dans le sol.

Quelques portes plus loin de la maison de Jessica Rejman, des maisons complètes de voisins et d’amis sont disparues. C'est l’histoire déchirante de trop de résidents. Ils ont laissé derrière eux une maison familiale alors qu’ils étaient contraints d’évacuer la ville et ils y retournent pour trouver un espace vide.

Des représentants de la santé préviennent les parents de ne pas laisser leurs enfants jouer dans les cendres, aussi tentant cela puisse-t-il l'être, et de nettoyer vigoureusement les jouets pour s'assurer que les enfants ne touchent à aucune toxine.

C’est leur nouvelle réalité.

Ces incendies ont changé Fort McMurray. Une grande partie devra être reconstruite, mais ses résidents ne percevront plus jamais les forêts environnantes de la même manière et ni les comptes rendus des feux de forêt.

Mais l’esprit qui a animé Fort McMurray à croître d’une petite ville à une ville prospère rude et agitée, jusqu’à devenir une grande ville où élever une famille, est bien vivant et animera ses résidents au cours du long chemin qu’il reste à parcourir. La générosité des Canadiennes et Canadiens qui les a aidés pendant ce mois si difficile continuera.

Je n’en ai aucun doute.