Le Canada s’engage-t-il sur le long chemin d’une réforme des soins de longue durée?

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Mike Yam
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Il y a deux ans, notre famille a conclu que notre grand-mère avait besoin de soins dans un établissement de soins de longue durée étant donné la détérioration de son état de santé. En raison d’un manque de places dans les établissements de soins de longue durée, elle a été placée dans une résidence pour personnes âgées, qui offre moins de soins directs. À l’époque, environ 35 000 personnes étaient sur la liste d’attente pour un lit de soins de longue durée en Ontario et le temps d’attente moyen était de 5 à 6 mois. Le temps d’attente pour les personnes ayant des besoins ethnoculturels, comme ma grand-mère, était beaucoup plus long. L’expérience nous a fait réaliser que le système faisait défaut, et c’était avant la pandémie.

La COVID-19 a mis en lumière la façon dont le Canada a laissé tomber les personnes âgées dans le secteur des soins de longue durée. Chaque province a été touchée différemment, et chaque gouvernement a utilisé une approche différente pour répondre à la crise. Par exemple, en partenariat avec le gouvernement fédéral, les provinces ont offert une certaine forme de prime de pandémie temporaire à de nombreux travailleurs et travailleuses des soins de longue durée, ainsi que des services de garde d’enfants d’urgence aux travailleurs essentiels.

La Colombie-Britannique a réussi à mieux contrôler la propagation de la COVID-19 dans les établissements de soins de longue durée au début de la pandémie que des provinces comme l’Ontario et le reste du pays. Le gouvernement de la Colombie-Britannique a rapidement placé le personnel des soins de longue durée sous la direction de l’administratrice en chef de la santé publique. Dès le début, le personnel devait travailler dans un seul établissement, et de nombreux travailleurs et travailleuses à temps partiel ont été réaffectés à des postes à temps plein. Des milliers de travailleuses et travailleurs dans les résidences privées ont vu leur salaire augmenter jusqu’à 7 $ l’heure, harmonisant ainsi leur rémunération avec le salaire de départ offert dans les établissements de santé publique.

Alors que les gouvernements s’efforcent de suivre l’évolution de la situation dans le secteur des soins de longue durée, les appels pour un changement systémique massif se font de plus en plus pressants. Cet appel occupait une place importante dans la feuille de route d’Unifor pour une relance économique équitable, inclusive et résiliente lancée l’été dernier.

Des travailleuses et travailleurs de première ligne, des syndicats, des défenseurs de la santé, des chercheurs et d’autres parties prenantes ont proposé des solutions essentielles pour régler la question des soins de longue durée, notamment :

  • des normes de soins : il est nécessaire d’adopter des lois qui exigent un minimum de quatre heures de soins quotidiens dans les établissements de soins de longue durée;
  • la dotation : la rémunération doit être augmentée et les conditions de travail doivent être améliorées, y compris le travail permanent et à temps plein, et des mesures doivent être adoptées pour former et recruter des préposés aux services de soutien à la personne dans le système;
  • la propriété : il faudra délaisser les soins de longue durée à but lucratif et se tourner vers des établissements communautaires, publics ou à but non lucratif (la vision à long terme étant l’intégration des soins de longue durée dans le système public de soins de santé).

Ces solutions nécessitent davantage de financement et de volonté politique pour réparer le système.

Bien qu’elles n’aient pas reçu autant d’attention pendant la pandémie, les questions liées aux temps d’attente, à la violence des bénéficiaires, aux mesures d’adaptation appropriées sur le plan culturel, à l’acuité, aux normes de conception et à une myriade d’autres questions continuent de faire partie intégrante du portrait global.

S’il y a un message à retenir ici, c’est bien que notre effort collectif pour réclamer un changement doit se poursuivre. Le défi des six minutes d’Unifor, la campagne conjointe « Care Not Profits » (Les soins avant les profits), les pressions persistantes du gouvernement, et les actions menées par les travailleuses et travailleurs ont été essentiels à l’établissement d’une nouvelle norme de quatre heures de soins directs en Ontario, une première au Canada.

Le récent discours du Trône fédéral a également exigé que le gouvernement collabore avec les provinces et les territoires pour établir des normes de soins nationales. Des campagnes comme Revera doit être public ont pris de l’ampleur et les Canadiens sont impatients de voir une refonte du système de soins de longue durée.

Bien que ces mesures nécessitent encore de véritables engagements en matière de financement, le message est clairement entendu. Nous devons demander à nos gouvernements de rendre des comptes pour nous assurer que nos personnes âgées vivent dans la dignité et que nos travailleuses et travailleurs de la santé reçoivent le respect qu’ils méritent.

Researchers

Mike Yam

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Mike Yam, National Representative, Research Department
Représentant nationale, département de la recherche
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