Nouvelles conventions collectives pour 2 000 membres de Résolu

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Avec une nouvelle convention collective couvrant 2 000 travailleurs de 11 usines de Produits forestiers Résolu au Québec et en Ontario (une entente qui va établir le contrat type pour les négociations avec 8 000 autres travailleurs à l’est du Manitoba), cette industrie vitale est en train de se renouveler, prête à un dialogue national attendu depuis longtemps sur l'avenir de la foresterie.

Le Canada est un pays riche en ressources naturelles, offrant d’immenses opportunités, mais qui s’accompagnent aussi de sérieuses responsabilités. Nous devons toujours réfléchir à comment nous exploitons nos ressources pour répondre aux intérêts de l’ensemble du pays, générer de bons emplois, soutenir les collectivités, innover et respecter les normes les plus élevées en matière de gestion environnementale. La manière d'aborder ces enjeux reste centrale à l’essor de notre économie et est essentielle pour créer le type de société que nous voulons. Cette constatation n’a jamais été aussi vraie qu’en foresterie.  

Étant l’une des industries sur lesquelles notre pays s’est construit, la foresterie suscite bien souvent une certaine nostalgie. L’industrie peut aussi être perçue comme éloignée de notre société de plus en plus urbaine, hors de la vue et des préoccupations des dirigeants politiques. Or, il est essentiel que nous percevions la foresterie pour ce qu'elle est vraiment aujourd’hui : une partie intégrante de notre économie moderne, une source importante de bons emplois, un chef de file en matière d'innovation et une ressource naturelle renouvelable qui peut connaître un avenir encore plus prospère.

Les activités forestières, la fabrication de pâtes, papiers et produits du bois emploient 190 000 personnes dans l’ensemble du pays, et la plupart sont de bons emplois assortis de conditions de travail et de salaires décents. Le Canada est le plus grand exportateur forestier au monde : nous expédions plus de la moitié de notre production annuelle de 57 milliards de dollars.  L’industrie et ses travailleurs contribuent aussi grandement au trésor public pour payer les services essentiels comme les soins de santé, l’éducation et les infrastructures.

Mais le secteur de la foresterie est en transition. La dernière décennie a connu des défis incroyables, dont une évolution rapide des marchés, le transfert de la demande des consommateurs en matière de papier journal vers d’autres supports de l’univers numérique, les effets dévastateurs de la surévaluation du dollar canadien qui ont frappé tous les exportateurs, la crise financière et la récession. L’industrie a perdu le tiers de ses emplois au cours des dix dernières années.  

Après de douloureuses restructurations, qui ont pu compter sur le dévouement et les sacrifices des travailleurs forestiers, soutenues aussi par de vigoureuses politiques gouvernementales, l’industrie est désormais prête à un avenir nettement plus prospère.  

Que pourrait nous réserver l’avenir? De nouveaux produits novateurs, le développement de biotechnologies et de technologies nano-cellulosiques qui permettent d’utiliser les ressources forestières à des fins de consommation et énergétiques jamais imaginées encore, et une transition durable vers des produits et marchés offrant une valeur plus élevée.  La prochaine vague de départs à la retraite signifie que l’industrie pourrait avoir besoin jusqu’à 60 000 nouveaux travailleurs d’ici 2020. Tous ces changements sont possibles, mais aucun ne pourra survenir automatiquement.

Partout dans le monde où il existe une industrie forestière florissante, on y retrouve aussi des politiques novatrices et intelligentes pour gérer les ressources publiques, exploiter les opportunités et assumer les responsabilités. Le Canada doit faire exactement la même chose : nous avons besoin de politiques globales conçues pour que la foresterie soit de plus en plus une industrie à valeur ajoutée.

Des politiques sont nécessaires pour encourager les investissements vers les marchés en croissance, ce qui signifie que le programme fédéral de transformation de l'industrie forestière doit être profondément étendu, de pair avec des initiatives provinciales complémentaires.

Nous avons aussi besoin d’une réglementation durable pour la récolte du bois garantissant des investissements et des emplois, tout en respectant les normes environnementales les plus élevées. L’approvisionnement en hydroélectricité, tarifée de façon appropriée, doit être stable, et l’infrastructure de transport, la fixation des tarifs et l’accès doivent aussi être modernisés. Les politiques commerciales doivent encourager les exportations de produits forestiers de grande valeur, tout en s'assurant que nous ne soyons pas la cible de mesures commerciales non équitables. Nous avons aussi besoin de contrôler l’exportation de grumes non traités.

Comment réaliser ces objectifs? Il y a toujours de bonnes idées, mais le secret pour réussir à susciter un changement réel consiste à réunir toutes les parties intéressées, à bâtir un consensus et à élaborer un plan de travail. Pour élaborer une politique forestière nationale qui aura du succès, le gouvernement fédéral doit réunir des dirigeants d'entreprises, du gouvernement, des syndicats et des communautés dans le cadre d’un Conseil national de la foresterie rétabli.

Ce Conseil doit être davantage qu’un « forum de discussion ». Il doit avoir un mandat spécifique pour mener des enquêtes et formuler des recommandations publiques en vue de renforcer une industrie forestière de grande valeur. Son champ d’application doit être assez vaste pour pouvoir sonder toutes les questions. Il doit viser la pleine participation des gouvernements provinciaux. Ses ressources doivent aussi être suffisantes pour mobiliser toutes les parties intéressées, et formuler des recommandations dans un délai spécifique.

Les travailleurs ont fait leur part pour redresser l’industrie. Dans le cadre de nos négociations, Produits forestiers Résolu s'est aussi joint à notre demande de rétablir ce Conseil.

L'industrie forestière, un élément vital du Canada, est rendue à un carrefour. Nous pouvons connaître un avenir plus prospère, mais seulement si nous assumons nos responsabilités et faisons les bons choix.