Épargnez-nous cette fausse indignation

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C’est comme si leurs propres antécédents lamentables dans le dossier de la condition féminine et de l’égalité n’existaient pas tellement leur fausse indignation est frénétique.

Cette semaine, les députées conservatrices ont continué d’accuser le premier ministre Justin Trudeau d’être un « faux féministe », comme si elles se souciaient vraiment des féministes et de leur lutte pour l’égalité.

Croient-elles vraiment que les féministes vont voter pour elles ou qu’elles se laisseront berner par le faux féminisme du Parti conservateur?

Les féministes n’annulent pas des milliards de dollars de financement des services de garde d’enfants parce que les féministes appuient et défendent des services de garde d’enfants universels et abordables. Elles savent qu’ils sont essentiels à un Canada plus égalitaire pour les femmes.

Vous vous souviendrez peut-être que la toute première mesure de l’ancien gouvernement Harper avait été d’éliminer les ententes sur les services de garde avec les provinces, entraînant la perte de milliards de dollars affectés à l’établissement d’un système universel de garde d’enfants dans l’ensemble du pays.

Aujourd’hui, une douzaine d’années plus tard, les services de garde demeurent inaccessibles pour la plupart des familles, ils sont dispendieux, et ils représentent encore un obstacle majeur à l’égalité des femmes. Les conservateurs ont plutôt choisi d’utiliser ces milliards de dollars pour réduire l’impôt des sociétés, des fonds qui, en majeure partie, dormaient dans les bilans plutôt que d’être investis dans l’emploi et le perfectionnement ou les salaires.

Les féministes ne coupent pas le financement des organisations féministes qui font un important travail dans les communautés du Canada, notamment en soutenant les victimes de violence et en préconisant la fin de la violence contre les femmes et les filles, et qui le font malgré de maigres ressources.

Les féministes n’affaiblissent pas les lois sur les armes à feu. Elles font ce qu’a fait Jacinda Ardern, la première ministre de la Nouvelle-Zélande, en réponse à cet acte terroriste brutal qui a coûté la vie à 50 musulmans qui priaient. Elles font en sorte d’interdire les armes d’assaut et elles le font avec détermination.

Les féministes ne s’attaquent pas à l’équité salariale comme l’a fait le gouvernement Harper. Les féministes comprennent que la lutte contre la discrimination salariale sexiste doit faire partie d’un plan complet favorisant l’égalité. En effet, elles étaient si méprisantes à l’égard du concept même d’équité salariale que les conservateurs de Stephen Harper ont empêché les femmes de la fonction publique fédérale d’obtenir l’aide de leur syndicat pour résoudre la question de l’équité salariale.

Et je veux être vraiment très claire : les féministes appuient le choix en matière de reproduction. Point final. Les féministes demandent un accès élargi en la matière parce qu’il est essentiel pour l’égalité des femmes qu’elles aient le contrôle de leur corps.

Il est donc juste d’affirmer que le Parti conservateur du Canada n’est pas l’ami des féministes ni des réalités qui font collectivement progresser l’égalité pour toutes les femmes.

Leurs railleries envers le premier ministre, qui mérite actuellement son lot de critiques sur bien des enjeux, devraient rappeler aux Canadiennes et Canadiens leur propre misérable passé en matière d’égalité des femmes.

Mais ces railleries n’ont pas été lancées parce que Candice Bergen, Michelle Rempel ou Lisa Raitt éprouvent une indignation féministe au nom des autres femmes.

C’est plutôt pour rappeler à leur base principalement antiféministe pourquoi tout gouvernement favorisant l’équité, peu importe les progrès, est une menace pour elle. Cette tactique visait et vise toujours à continuer de mobiliser leur base et de faire monter la colère.

C’est la colère qui les alimente.

Je suis certaine que quelque part dans un sous-sol dépourvu de joie et de soleil, les têtes pensantes qui se cachent derrière les communications du Parti conservateur sont convaincues qu’elles s’en tirent bien.

J’ai des nouvelles pour elles : ce n’est pas le cas!

Mais telle est la bulle politique de 2019, le résultat d’un système politique qui encourage la partisanerie extrême. Tel est le jeu politique d’aujourd’hui. La civilité est une chose du passé, mais malheureusement, l’hypocrisie ne l’est pas. Elle est bien vivante, et vigoureuse, à Ottawa.

Les conservateurs n’ont pas de leçons à donner en matière de féminisme, surtout pas si l’on tient compte de leurs antécédents, surtout pas si l’on tient compte de leur mépris pour le type de mesures collectives et structurelles qui sont essentielles pour offrir une égalité tout entière à l’ensemble des Canadiennes.

Ils croient peut-être en leur propre aspiration à briser le plafond de verre, à leur propre droit au respect et à l’égalité, mais ils ne favorisent certainement pas l’avancement de l’égalité pour les femmes. Cela signifie seulement qu’ils ont réussi personnellement.

S’ils se soucient vraiment du féminisme et de ses objectifs, ils devraient commencer par demander à leur propre parti d’inclure des mesures actives pour instaurer l’égalité pour toutes les femmes.

D’ici là, épargnez-vous cette fausse indignation.

 

Cet article a été initialement publié sur le site Web du Telegram dans le cadre de la chronique bimensuelle régulière de Lana Payne.