C’est O'Leary qui a besoin de la surveillance d’un adulte

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Article publié dans le Huffington Post du mercredi 25 mai 2016

Kevin O’Leary présente sa nouvelle émission de téléréalité cette fin de semaine, une émission en fait trop réelle.

Le type qui s'est fait connaître comme étant le membre le plus bruyant et offensant de l'émission de téléréalité « Dragon’s Den » va tâter le terrain au congrès du Parti conservateur cette fin de semaine dans la course au leadership.

Il serait un leader terrible. Terrible pour les conservateurs et terrible pour le débat national au pays. Être offensant et insensible aux besoins réels et aux désirs des Canadiennes et Canadiens n’est pas une preuve de leadership, et ce n’est certainement pas digne d’un premier ministre.

C'est enfantin. Plutôt que de s’engager dans un vrai débat sur les questions du jour, O'Leary méprise ceux qui ne sont pas d’accord avec lui en les traitant de « stupide », « idiot » ou « fou », et qualifie par écrit les partisans des conservateurs qu'il va tenter de séduire en fin de semaine comme des « perdants ».

Ce sont des tirades d’enfant qui n’obtient pas le jouet désiré, et non d'un adulte qui souhaite jouer un rôle constructif dans l’orientation de l’avenir du pays. O'Leary prétend vouloir apporter la « surveillance d’un adulte » aux dépenses d’Ottawa, mais c’est lui qui a besoin de cette surveillance.

Pour tous les torts qu’il va certainement causer au Parti conservateur, je suis tenté de lui souhaiter la meilleure des chances dans la course au leadership. Comme je l’ai déjà dit, il serait au moins un choix honnête pour la direction du Parti conservateur.

C’est parce que, comme Donald Trump aux États-Unis (un homme qu’il dit admirer), O'Leary expose le visage sombre et laid du conservatisme moderne caractérisé par la méchanceté et la division, des émotions exploitées par des gens comme Stephen Harper qui s’accrochent au pouvoir pendant près de dix ans.

Dans l’univers d’O’Leary, tout se réduit à une seule question : combien cela va-t-il me coûter?

Il ne perçoit aucune nuance, aucun intérêt conflictuel, aucun enjeu que les gens pourraient placer avant la question des coûts ou pour lequel ils souhaiteraient peut-être trouver une façon de couvrir tout coût additionnel.

Pour lui, « toutes les autres questions ne sont pas pertinentes », il méprise quiconque perçoit sa communauté autrement qu’une feuille de calcul devant être équilibrée.

Cet homme laisserait des entreprises comme Bombardier déclarer faillite si elles ne suivaient pas ses prescriptions, sans égard aux milliers de familles et de communautés partout au Canada qui seraient dévastées devant une telle réalité.

En prenant la parole à un événement sur invitation seulement la semaine dernière, O'Leary a affiché un style de leadership très clair en disant: « Mon attitude est la suivante, ‘laissez-moi seul, je m’en occupe’. »

Ces propos proviennent d’un homme qui a déjà dit qu’un demi-milliard de personnes vivant sous le seuil de la pauvreté constitue « une bonne nouvelle », que quiconque adhère à un syndicat devrait aller en prison, et que seuls les riches devraient pouvoir présenter leur candidature aux élections, comme si toute personne possédant moins de cinq millions de dollars n’avait rien d’intéressant à dire.

Rien de cela n’a à voir avec la démocratie. Or, il semble que O'Leary soit déterminé à ne pas vouloir le comprendre.

En fait, le Canada est un pays bien meilleur que ce qu’O’Leary souhaiterait nous faire croire. Les Canadiennes et Canadiens sont plus aimables et justes que ce qu’il croit.

O'Leary peut rêver d'un jour où tous les Canadiens partageraient sa vision cynique que nos seuls besoins égoïstes comptent plus que tout, sans égard aux répercussions sur nos voisins ou sur le type de société qu'une telle attitude crée.

Mais, la plupart des Canadiennes et Canadiens ont une vision plus adulte du monde, et nous ne laisserons pas un homme-enfant comme O'Leary la changer.