Le syndicat défend les jeunes travailleurs à venir de l'aérospatiale

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Si vous n’allez pas souvent à Abbotsford, vous n'avez sans doute pas remarqué qu’une ligne de piquetage est érigée 24 heures par jour chez Cascade Aerospace.

Cascade Aerospace est un entrepreneur qui répare et remet en état la flotte d’avions de transport lourd Hercules au Canada et a d’autres clients dont CanJet, First Air et Lynden Air Cargo. Cascade travaille aussi sur deux avions cargo pour le gouvernement mexicain.

Les travailleurs spécialisés qui sont en débrayage chez Cascade Aerospace à Abbotsford vont vous dire – certainement à l’unanimité – qu’ils ne veulent pas être en grève. Faire la grève n’est pas une situation amusante ni profitable pour personne. Alors, pourquoi plus de 400 techniciens spécialisés font-ils du piquetage 24 heures par jour?

La réponse pourrait vous surprendre.

Les lignes de piquetage ont été érigées chez Cascade Aerospace depuis le 4 juin en raison des réductions demandées aux avantages pour soins de santé, aux cotisations au régime de retraite et au temps de vacances pour les nouveaux employés. C’est exact : pour des gens qui ne travaillent même pas à cet endroit encore.

Cascade demande que les nouveaux employés reçoivent moins d’avantages sociaux et moins de congés de vacances. Il s’agit d’une convention à deux niveaux, et les employeurs utilisent de plus en plus cette stratégie pour diviser les effectifs puisque les préjudices sont subis par les futurs employés qui ne votent pas sur les demandes de négociation.

Cette tactique d’instaurer des dispositions à deux niveaux est agressive et nouvelle pour les employés chez Cascade. La tactique a certainement été ordonnée par la haute direction des nouveaux propriétaires, la société IMP Group établie à Halifax. Les négociateurs de l’entreprise ont admis qu’elle souhaite maintenir les salaires bas à Abbotsford comme tactique préventive par rapport aux employés à salaires inférieurs dans l’Est canadien.

Or, cet employeur a choisi la mauvaise section locale. Les membres de la section locale 114 d’Unifor ont répondu un « non » ferme à la table de négociation.

Avant l’acquisition par la société IMP Group, les négociations étaient relativement harmonieuses selon les normes du secteur privé. En fait, la dernière convention collective a été signée sans devoir recourir à un mandat de grève.

Mais, la nouvelle ronde de négociation a pris un virage qui a des incidences importantes.

Cascade Aerospace est le plus grand employeur du secteur privé à Abbotsford. Un conflit de travail de cette ampleur aura assurément des impacts sur un vaste éventail de gens dans la communauté, dont les employés, les petites entreprises locales qui dépendent de leur pouvoir de consommation, les étudiants inscrits à l’Université du bas Fraser et au BCIT qui espèrent travailler chez Cascade un jour.

Résister aux réductions aux avantages pour les jeunes travailleuses et travailleurs est une prise de position audacieuse de la part des employés de Cascade. Cela représente un engagement à l’endroit des emplois de qualité, non seulement pour le groupe actuel de travailleuses et travailleurs, mais aussi pour les jeunes et pour l’ensemble de la communauté d’Abbotsford.

Il ne manque pas de raisons pour expliquer pourquoi la prochaine génération de travailleuses et travailleurs chez Cascade a besoin d’aide. La dette étudiante au Canada n’a jamais été aussi élevée. Le taux de chômage chez les jeunes est le double de la moyenne canadienne. La disponibilité des emplois de qualité n’a jamais été aussi basse depuis deux générations.

En voulant protéger les emplois de qualité pour les prochains employés de Cascade, les membres de la section locale 114 d’Unifor contribuent à la viabilité économique à long terme de la région.

Il faut souligner que Cascade Aerospace et la société IMP Group ne sont pas des entreprises pauvres. Cascade Aerospace a le rare privilège d’être stable et rentable grâce à des contrats de 20 ans avec le ministère de la Défense nationale.

La section locale du syndicat a été très claire : si les nouveaux employés ont la même formation et exécutent les mêmes tâches, ils méritent les mêmes avantages sociaux. Pour ces techniciens, il n’est pas question d’instaurer des divisions arbitraires au travail.

Compte tenu de la situation économique de la région, la réponse politique à la grève chez Cascade a été décevante.

Les emplois de qualité à Abbotsford disparaissent, ce qui ne semble pas déranger le maire d’Abbotsford, Bruce Banman, les députés provinciaux Mike DeJong et Darryl Plecas, ni le député fédéral Ed Fast. Ils ont tous gardé le silence depuis le début de la grève.

En fait, Mike DeJong a annoncé des millions de dollars en financement provincial pour la formation dans le secteur de l’aérospatiale en avril dernier. Unifor n’a pas été en mesure de confirmer si cet investissement public massif a été utilisé pour former les ouvriers de soutien de l’Ontario qui ont été amenés chez Cascade pour franchir la ligne de piquetage. Mike DeJong n’émettra aucun commentaire.

Unifor demande qu’un leadership soit exercé à Abbotsford. Cascade se nourrit de contrats fédéraux et règlerait le litige demain matin si le ministre de la Défense suspendait ces contrats jusqu'à ce qu'une entente équitable soit conclue sans tirer profit de la prochaine génération d'employés chez Cascade.