Raisons pour lesquelles je participe à la marche à talons hauts (non, ce n’est pas pour les chaussures gratuites!)

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Lorsque l’on pense aux activités qu'un père peut partager avec son fils, on ne pense habituellement pas à une promenade en chaussures roses à talons hauts. Mais le conformisme n’a jamais été mon fort. C’est la troisième année que mon fils Jordan et moi allons marcher un beau matin de septembre dans le cadre de l’événement organisé « Hope in High Heels » (marche à talons hauts).

Cette marche vise à amasser des fonds en faveur du refuge pour femmes Halton Women’s Place, un refuge d’urgence qui accueille les femmes victimes de violence familiale et leurs enfants. Lors des deux dernières marches, Jordan et moi avons recueilli 100 000 dollars, et notre objectif est d’en ramasser davantage à la marche de cette année le 28 septembre.

En tout temps, le refuge Halton Women's Place héberge 52 femmes et leurs enfants, ce qui représente un faible pourcentage des quelque 3 000 femmes et 2 500 enfants qui vivent dans des maisons d’hébergement au Canada tout au long de l’année.

Chaque jour, le Halton Women’s Place fonctionne à plus de 100 pour cent de sa capacité, manquant même souvent de place pour répondre aux besoins pressants.

La marche à talons hauts fait plus que de recueillir des fonds pour le refuge, quoique cela soit très nécessaire. La marche est une occasion d’échanger collectivement sur la question des maisons d’hébergement pour femmes et de la violence qui perdure contre elles, ainsi que des inégalités sociales, politiques et économiques. En tant qu’homme, je suis indigné de la violence que j’entends aux nouvelles ou de celle que mes amis, les membres de ma famille et les membres de notre syndicat Unifor me racontent.

En plus d’être un militant syndical de longue date, je suis marié à Leslie et j'ai quatre enfants : mon fils Jordan et mes filles Carley, Casey et Rebecca. Je suis aussi le fier grand-père d’une charmante et énergique petite-fille, Hayden. Je sais aussi que, malgré toutes les améliorations capitales qui ont été apportées pour promouvoir l’égalité des femmes, mes filles et ma petite-fille n’ont pas et n’auront jamais la même liberté dont jouit actuellement mon fils.

Jusqu’à ce que les femmes de tout âge puissent vivre sans la terreur de la violence, qu’elles puissent se déplacer à n’importe quelle heure du jour et de la nuit sans avoir peur de se faire attaquer et que toutes les possibilités offertes dans tous les domaines de la vie leur soient ouvertes, aucun de nous ne sera vraiment libre. Je prends la responsabilité de mettre fin à la violence, non seulement en participant à cette marche, mais en parlant à d’autres hommes au sujet de leur responsabilité d’en finir avec la violence et de promouvoir l’égalité entre les sexes.

C’est par un heureux hasard que Jordan et moi avons découvert la marche à talons hauts annoncée dans le journal local. Nous nous sommes inscrits pour notre première marche, et c’est vite devenu une tradition. Jordan et moi-même avons convenu rapidement que nous allions faire de cette marche une activité paternel.

Je dis à la blague que ces chaussures me grandissent, mais, en réalité, elles me rendent plus empathique, plus compatissant et mieux disposé à me prononcer contre la violence faite aux femmes. Et j'ai vu la même chose chez mon fils. Pour Jordan, la marche à talons hauts est un prétexte pour parler aux autres étudiants à l'université. Il lui arrive souvent de discuter dans les corridors de l’université, de distribuer de l’information, de converser avec les passants et, parfois, de recueillir des dons. À 21 ans, il milite pour mettre fin à la violence faite aux femmes.

L’année dernière, j’ai amené à la marche des amis et des membres de ma famille, dont des hommes (et des sympathisantes) membres des nombreuses sections locales d’Unifor (anciennement les TCA) de ma région. La marche a eu lieu en plein milieu de négociations des travailleurs automobiles, de sorte que de nombreux membres des comités de négociation de Ford, de GM et de Chrysler ont pris part à l’événement.

Nous n’avions probablement pas fière allure, mais cette marche fut pour moi l’une des activités les plus inspirantes de l’année.

Je suis actif dans le mouvement syndical depuis 1978, peu après avoir commencé à travailler à la De Haviland Aircraft, à Downsview, dans le nord­-ouest de Toronto. Mes consœurs du syndicat m’ont beaucoup appris sur l’égalité entre les sexes et la violence familiale, mais ces questions me touchent d’une nouvelle manière depuis que je participe à la marche à talons hauts et que j’échange avec le personnel des refuges.

Cette année, nous serons encore plus nombreux à essayer de ne pas tomber en marchant dans des souliers mal ajustés et à parler de ce que nous pouvons faire, ensemble, pour changer les choses dans nos collectivités et notre pays. J’ai très hâte.