Le Canada a tous les atouts pour devenir un puissant producteur automobile

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Jerry Dias in the GM Oshawa plant
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Initialement publié dans The Hill Times

Jerry Dias est le président national d'Unifor, le plus grand syndicat du secteur privé au Canada. Brian Kingston est le président-directeur général de l'Association canadienne des constructeurs de véhicules.

Alors que les Canadiens s'apprêtent à se rendre aux urnes en septembre, l'avenir de l'économie canadienne est une question importante qu'ils vont soupeser.

Une croissance économique forte et soutenue et la création d'emplois dépendent d'une reprise des investissements des entreprises, des dépenses de consommation et des exportations. Heureusement pour le Canada, l'industrie automobile est bien placée pour montrer la voie au Canada avec les bonnes politiques en place.

Malgré l'important ralentissement des ventes et de l'assemblage de véhicules dû aux perturbations de la chaîne d'approvisionnement résultant de la pandémie, l'industrie se redresse. Les constructeurs automobiles font de nouveaux investissements importants au Canada. Au cours de l'année écoulée, Ford, General Motors et Stellantis ont annoncé de nouveaux investissements de près de 6 milliards de dollars au Canada, qui permettront de créer 3 700 emplois directs et des dizaines de milliers d'autres dans la chaîne d'approvisionnement. Ces investissements généreront plusieurs fois leur valeur en approvisionnement, en production et en exportations au Canada.

Plus de 4 milliards de dollars de ces investissements étant consacrés à l'assemblage de véhicules électriques (VE), la question est maintenant de savoir comment positionner au mieux le Canada pour qu’il devienne une force motrice de l'industrie automobile lors de la transition vers l'électrification.

Le gouvernement fédéral s'est engagé à atteindre un objectif ambitieux de vente de véhicules sans émissions, soit 100 % d'ici 2035 pour toutes les nouvelles voitures et tous les nouveaux camions légers. Pour atteindre cet objectif, il faut un plan clair, coordonné et complet pour aider les consommateurs à passer aux véhicules électriques tout en veillant à ce que le Canada conserve sa part de la chaîne d'approvisionnement émergente des véhicules électriques.

La route vers 2035 ne sera pas simple, car il existe de nombreux obstacles bien documentés à l'adoption des VE, notamment leur coût élevé, l'insuffisance des infrastructures de recharge et le manque de sensibilisation des consommateurs aux VE et à leurs capacités. La personne qui formera le gouvernement devra réunir toutes les parties prenantes immédiatement après l'élection pour élaborer une feuille de route jusqu'en 2035 qui s'attaque à ces obstacles à l'adoption par les consommateurs. Cette feuille de route devrait impliquer les constructeurs automobiles, les fabricants de pièces, les syndicats, les concessionnaires, les provinces et territoires, les municipalités et les services publics d'électricité.

L'un des principaux piliers de cette feuille de route doit être un plan visant à aider les consommateurs à passer aux véhicules électriques. Il s'agit de renforcer les incitations à l'achat de nouveaux véhicules électriques, de mettre en place un réseau de recharge public complet et accessible et de lancer des initiatives d'éducation pour sensibiliser les Canadiens.

Pour que les incitations à la consommation aient le plus grand impact économique au Canada, elles doivent soutenir les VE construits en Amérique du Nord. Ainsi, la base industrielle automobile du Canada, qui représente 135 000 emplois bien rémunérés et des centaines de milliers d'emplois dans la chaîne d'approvisionnement, bénéficiera de la transition électrique en cours. 

En même temps, les gouvernements devraient redoubler d'efforts pour attirer davantage d'investissements dans la chaîne d'approvisionnement automobile au Canada. La transition vers l'assemblage des VE va perturber l'empreinte actuelle des fournisseurs automobiles au Canada. Nous devons nous efforcer d'aider les entreprises à effectuer la transition nécessaire vers les VE et les composants associés, tout en préservant les bons emplois dans le secteur automobile et en veillant à ce que les travailleuses et travailleurs ne soient pas laissés pour compte dans cette transformation technologique.

Le Canada dispose des ressources et de la main-d'œuvre qualifiée nécessaires pour être un acteur clé de la transition mondiale vers les VE. Notre dotation minérale critique – parmi les cinq premiers pays producteurs de cobalt, de cuivre, de graphite, de métaux précieux, de nickel et d'uranium, et le potentiel d'expansion dans le domaine du lithium, du magnésium et des terres rares – nous permet d'être un fournisseur de premier plan lorsque la demande augmente. L'exploitation stratégique de ces ressources, afin de maximiser la valeur pour l'économie canadienne, est une occasion à ne pas manquer.

Mais ces dotations ne suffisent pas à garantir le succès. Le Canada est sous-investi dans la capacité de traitement des minéraux essentiels, tandis que l'Asie domine la fabrication des batteries et la production des moteurs électriques à l'échelle mondiale.

Entre-temps, l'administration Biden a proposé 174 milliards de dollars pour « conquérir le marché des VE », en mettant l'accent sur les incitations à la consommation, la construction d'infrastructures de recharge, la stimulation de la chaîne d'approvisionnement nationale et le soutien aux travailleurs américains pour la fabrication de batteries et de VE. L’Union européenne cherche à développer sa capacité de fabrication de batteries par des investissements ciblés et stratégiques. La Chine cherche également à renforcer sa position dominante en tant que fournisseur mondial de VE et de pièces détachées.

Le Canada doit agir rapidement pour mettre en œuvre des mesures proportionnelles de soutien aux consommateurs de VE et des investissements industriels stratégiques s'il veut suivre le rythme des autres pays et tirer parti de la chaîne d'approvisionnement et des possibilités de fabrication découlant de la production future de VE. La participation et l'investissement actifs du gouvernement sont nécessaires pour attirer davantage d'investissements automobiles au Canada dans un marché hautement concurrentiel.

En fait, le gouvernement est bien placé pour rassembler les principaux intervenants, identifier les besoins et aller de l'avant avec une stratégie de développement économique pour l'avenir de la production automobile – une politique industrielle pour le 21e siècle.

Nous avons tous les ingrédients nécessaires pour devenir un puissant producteur automobile. Ce dont nous avons besoin maintenant, c'est d'un plan coordonné sur la route vers 2035.