Le libre-échange avec la Corée du Sud constitue une menace

Partager

TORONTO, le 10 mars 2014 /CNW/ - Le libre-échange avec la Corée du Sud constitue un défi dont le secteur automobile canadien n'a pas besoin au moment même où il retrouve des assises solides, affirme le plus grand syndicat du secteur privé du Canada.

« Nous ne pouvons pas nous croiser les bras face à une entente qui permet aux constructeurs coréens d'inonder le Canada de leurs automobiles, pendant que nous ne faisons pratiquement rien pour exporter nos véhicules vers la Corée », a déclaré Jerry Dias, président national d'Unifor, avant que les détails de l'entente ne soient publiés.

« Si les entreprises coréennes veulent augmenter leurs ventes au Canada, elles devraient être obligées de construire ces automobiles ici. »

Le premier ministre, Stephen Harper, s'est envolé vers la Corée du Sud pour révéler les détails d'un accord commercial avec ce pays qui aura des répercussions importantes sur le secteur manufacturier canadien.

Unifor et des intervenants sectoriels clés ont formulé plusieurs recommandations qui permettraient d'assurer que l'accroissement des échanges commerciaux avec la Corée est juste et profitable pour les deux pays, notamment :

  • lier les allègements de tarifs à des objectifs mesurables en matière de réduction du déséquilibre commercial dans des secteurs clés, comme le secteur de l'automobile;
  • exiger des entreprises coréennes qu'elles investissent et qu'elles créent des emplois au Canada comme condition à l'accès sans droit de douane;
  • s'assurer que le gouvernement conserve les pouvoirs nécessaires pour intervenir directement afin de corriger tout déséquilibre commercial.

M. Dias a souligné qu'aux États-Unis, l'accord de libre-échange avec la Corée n'a fait qu'accroître le déséquilibre commercial, ce qui laisse présager ce à quoi le Canada peut s'attendre.

« Deux ans après la signature d'un accord similaire, les États-Unis n'en subissent que les désavantages et aucun des bienfaits promis ne s'est encore concrétisé », a ajouté M. Dias. « La situation n'a fait qu'empirer pour les Américains. »

Le Canada a vendu des biens d'une valeur de 3,7 milliards de dollars à la Corée en 2012, mais ses exportations se sont élevées à 6,4 milliards de dollars, d'où un déficit commercial de près de 3 milliards de dollars, et les données de 2013 semblent encore plus désastreuses. D'après les données préliminaires, le déficit a progressé pour atteindre quelque 4 milliards de dollars l'an dernier, en raison de la chute des exportations et de la hausse des importations, une situation imputable en grande partie à la puissante alliance entre le gouvernement et les entreprises coréennes pour stimuler le secteur manufacturier de ce pays.

« Cette alliance, accompagnée de subventions et de politiques préférentielles, a profité à la Corée », de poursuivre M. Dias, qui ajoute que, selon les recherches réalisées par Unifor, 33 000 emplois pourraient être perdus dans le secteur manufacturier suivant un accord commercial avec la Corée.

Nous exportons principalement des matières premières vers la Corée du Sud, comme du charbon, du cuivre, de l'aluminium et de la pâte de bois. Les Coréens nous expédient des automobiles, des téléphones et du matériel électronique, en quantité. Par exemple, près de 100 000 automobiles ont été importées au Canada, alors que moins de 100 véhicules fabriqués au Canada ont été exportés vers la Corée.

« La survie de notre classe moyenne dépend de la stabilité de l'emploi et non de l'exportation de nos richesses pour qu'elles soient transformées en produits manufacturés dans un autre pays », a conclu M. Dias.

Pour consulter le dossier d'orientation et le feuillet d'information d'Unifor sur le commerce avec la Corée du Sud, rendez-vous à l'adresse http://www.unifor.org/fr/search/content/cor%C3%A9e.

Unifor est le plus grand syndicat du secteur privé au Canada, avec plus de 300 000 membres, dont 39 000 qui travaillent dans le secteur de l'automobile. Unifor a été constitué pendant la fin de semaine de la fête du Travail en 2013 grâce à la fusion du Syndicat des travailleurs canadiens de l'automobile et du Syndicat canadien des communications, de l'énergie et du papier.

SOURCE Le Syndicat Unifor