Un véritable débat doit se tenir sur le Partenariat transpacifique

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Message du président
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Article publié dans le Huffington Post du 10 février 2016

Maintenant que le Partenariat transpacifique (PTP) est signé, nous aurons peut-être le débat honnête, ouvert et transparent dont nous avons été privés pendant la campagne électorale fédérale, celui-là même que le nouveau gouvernement libéral du Canada nous a promis.

La ministre du Commerce international Chrystia Freeland a signé le PTP la semaine dernière en affirmant qu’il s’agissait d’une pure formalité pour qu’il puisse être débattu par le Parlement. Puisqu’il y a beaucoup à dire, qu’attendons-nous pour avoir ce débat?

Une étude menée par Unifor l’automne dernier révélait que l’assouplissement des règles relatives au contenu régional dans le PTP menacerait 20 000 emplois bien rémunérés dans le secteur de l’automobile seulement. Une autre étude citée par le Centre canadien de politiques alternatives indiquait pour sa part que le PTP mettrait en péril 58 000 emplois au total.

L’accord aiderait les entreprises des pays signataires à faire venir un nombre potentiellement illimité de travailleurs étrangers temporaires sans se préoccuper des certifications en vigueur ici ou des planchers salariaux établis pour d’autres travailleurs similaires.  De surcroît, les travailleurs étrangers temporaires ne pourraient pas plus devenir des citoyens canadiens à part entière. N’importe quel travailleur qui vient au Canada pour y travailler devrait avoir le droit de demander la citoyenneté. S’ils sont assez bien pour travailler ici, les travailleurs étrangers temporaires sont assez bien pour devenir citoyens canadiens.

L’incidence du resserrement des lois sur les brevets sur les prix des médicaments, les mécanismes antidémocratiques de règlement des différends entre un investisseur et un État, et les concessions majeures relativement aux agences de commercialisation des produits laitiers et de la volaille, ainsi que bien d’autres questions devant être explorées, suscitent des inquiétudes.

Il n’y a pas d’urgence pour le Canada de ratifier l’accord, surtout que les États-Unis ne le feront peut-être pas. Le PTP ne recueille guère d’appuis, voire aucun, parmi les candidats à la présidentielle, tant démocrates que républicains. Ainsi, d’ici la fin de l’année, les États-Unis seront probablement dirigés par un président défavorable au PTP. 

Même la candidate démocrate Hillary Clinton, secrétaire d’État pendant les 15 premières rondes de pourparlers, prend ses distances vis-à-vis du PTP. « Nous devons nous assurer que les nouveaux accords commerciaux remplissent des critères clairs : créer des emplois de qualité aux États-Unis, faire augmenter les salaires et promouvoir notre sécurité nationale, a-t-elle déclaré. La barre est très haute et, d’après ce que je vois, je ne crois pas que l’accord respecte ces critères. »

Nous devrions appliquer le même type de réflexion à notre propre évaluation du PTP : est-il bénéfique pour les travailleurs canadiens? Nos familles en retireront-elles des avantages? Nous aidera-t-il à bâtir la société égalitaire et humaine à laquelle nous aspirons, tout en ouvrant des débouchés à nos jeunes?

Si tel n’est pas le cas, pourquoi le ratifier?

Si nous écoutions la première ministre de la Colombie-Britannique Christy Clark, nous signerions le PTP sur-le-champ. C’est la même réaction de panique qui a placé le gouvernement Harper dans une position de faiblesse lors des négociations. Il a supplié les autres pays de l’inviter à la table et a fait des concessions importantes seulement pour faire partie du club.  

Nous ne devons pas laisser Mme Clark, ni personne d’autre, nous pousser à ratifier le PTP sans avoir longuement débattu de son contenu et honnêtement évalué ses répercussions sur l’économie et les familles canadiennes.  

Mme Clark cherche un point de clivage à utiliser contre les néo-démocrates en vue des élections qui devraient se tenir au cours de la prochaine année. Le NPD ayant ravi deux sièges à son parti lors des élections partielles de la semaine passée, elle espère amener les électeurs à l’appuyer, ainsi que le PTP, en semant la peur.

Cela vous rappelle quelque chose?

Stephen Harper a tenté en vain de faire exactement la même chose lors de la campagne électorale de l’automne dernier. Il refusait de discuter des détails de l’accord et voulait simplement que nous le signions par crainte d’être laissés pour compte, ce qui revenait à négocier en position de faiblesse. Mme Clark aimerait que nous continuions dans cette voie.

Ce message a été catégoriquement rejeté aux élections fédérales et doit aussi l’être maintenant. Nos dirigeants ne doivent pas décider de l’orientation de notre économie par l’intimidation ou en créant un climat de peur ou de panique.

Le Canada est un pays fort, riche en ressources et en travailleurs qualifiés. Par conséquent, nous pouvons et devons négocier les accords commerciaux, y compris le PTP, en position de force.