Des règles commerciales absurdes imposent des droits de douane à un don

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Message du président avec un photo de Jerry Dias
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Devant les personnes qui souffrent, comme les victimes d’une catastrophe naturelle, la réaction humaine normale consiste à trouver un moyen d’aider.

En réalité, la plupart des gens ne se demandent pas s’ils devraient les aider ou non; ils ont la réaction automatique de réfléchir à la meilleure façon de les aider.

Pour les habitants de La Doré, au Québec, envoyer du bois d’œuvre produit par la scierie locale, Produits forestiers Résolu, qui est le principal employeur, était le moyen le plus naturel de porter secours aux victimes de l’ouragan dévastateur qui a frappé la Floride à la fin d’août.

Le mois dernier, les membres d’Unifor qui travaillent à la scierie étaient fiers de se faire photographier devant les deux wagons plateformes chargés des fruits de leur labeur avant leur départ pour le sud des États-Unis. Sur le convoi, on pouvait lire, en anglais, ce qui suit : « De vos amis du Québec, Canada. Aux familles de la Floride, États-Unis. »

Ils étaient fiers, à juste titre, que le bois récolté dans leur région, au nord de Québec, et scié de leurs propres mains contribue à reconstruire des maisons à des milliers de kilomètres de là.

Ils savaient que l’arrivée de ce bois gratuit annoncerait aux familles floridiennes touchées qu’elles retrouveraient leur maison et leur montrerait que de purs inconnus se préoccupaient de leur avenir. C’est ce type de solidarité qui aide les personnes en difficulté à puiser la force nécessaire pour continuer à avancer.

Or, croyez-le ou non, Produits forestiers Résolu a dû payer des droits antidumping sur la cargaison de bois!

Richard Garneau, président et chef de la direction de Résolu, a déclaré que les 42 000 morceaux de bois, évalués à 100 000 $, seraient assujettis aux droits antidumping de 4,59 % imposés par l’administration Trump, même s’il s’agissait d’un don.

C’est carrément ridicule, car la raison d’être des mesures antidumping est tout autre.

Les gouvernements mettent en place des droits antidumping pour répondre à ce qu’ils considèrent être des besoins économiques locaux.

Leur but est de dissuader d’autres pays de vendre des produits à des prix injustement bas dans leur marché, c’est-à-dire de pratiquer du dumping pour s’emparer du marché en acculant les entreprises locales à la faillite.

Voici la règle de base : lorsque l’importateur vend ses produits moins cher que dans son pays, c’est du dumping. Les droits antidumping sont donc censés augmenter les prix des produits pour qu’ils soient plus justes.

Or, un don ne correspond pas à la définition de dumping. C’est un cadeau, un acte de générosité, une réaction humaine naturelle devant une situation de détresse. Résolu a fait des dons similaires à des personnes dans le besoin au Texas et à Porto Rico.

Mais surtout, cette histoire ridicule de droits antidumping montre à quel point la question du commerce du bois d’œuvre et des droits faramineux imposés sur le bois canadien destiné aux États-Unis est devenue enrageante.

L’administration Trump a imposé des droits allant jusqu’à 31 % sur le bois résineux canadien, en avançant, à tort, que l’industrie canadienne était subventionnée et en ignorant toute preuve du contraire. De plus, les pourparlers ne progressent pas dans ce dossier.

Et voilà maintenant les États-Unis interprètent un don visant à aider leurs propres citoyens en difficulté comme une tentative de dumping pour gagner des parts de marché!

Seul un cynique peut considérer un don offert à des personnes dont la vie a été profondément bouleversée par un ouragan comme une tentative d’acquérir un avantage sur le marché.

Tout d’abord, je doute que les propriétaires ayant bénéficié de ce don cherchent à se procurer davantage de bois dans un avenir assez proche. La plupart ont sûrement été contraints de faire assez de travaux de reconstruction pour le moment!

Après tout ce qu’ils ont traversé, je n’arrive pas à imaginer qu’ils souhaitent être des clients de Résolu ou de tout autre marchand de bois de sitôt! Autrement dit, aucune entreprise ne déverserait ses produits dans ce marché dans l’espoir de réaliser des gains.

La Floride et La Doré sont éloignées sur le plan géographique. On y parle deux langues différentes. Même leur climat ne pourrait pas être plus différent! Rien de tout cela ne comptait en ces moments difficiles. Tout ce qui comptait, c’étaient le besoin et le désir d’aider.

Aucun droit antidumping absurde n’aurait pu y mettre un frein.